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Sur ce qui se passe dans le monde arabe, le
schématisme est de rigueur. On passe d'un extrême à l'autre. D'une vision
ultra-naïve (ou prétendument naïve) des relations internationales qui n'admet
pas une vérité simple et établie. Quand un événement majeur arrive dans des
pays où les puissances étrangères ont d'importants intérêts, elles agissent
pour les défendre y compris dans le sens d'une aggravation de la situation.
L'éventail de leur action va de la mise en garde générale aux contacts avec le
présumé leadership émergent jusqu'à l'action secrète de déstabilisation.
On ne comprendra jamais sérieusement les choses si on oublie - ou si l'on feint d'oublier - que ces intérêts sont très présents tant au plan de l'économie que celui des liens avec les personnels politiques dirigeants en place. Ces intérêts font partie des équations nationales, ce qui, en temps de mondialisation en marche, est une vérité de La Palice. Ces intérêts se «défendent». Ils n'ont pas provoqué la révolte des Tunisiens et des Egyptiens, mais ils se sont adaptés à l'évolution de la situation passant d'une défense des régimes à une prise en compte du fait que les choses ne peuvent plus être arrêtées. Ils ont effectivement saisi une opportunité pour détourner les résolutions de l'Onu sur la Libye et passer d'une mission de protection à celle de changement de régime. C'est le cas libyen qui alimente la thèse du «complot généralisé» autour du printemps arabe. La thèse de ceux qui se considèrent comme des «avertis», de ceux à qui «on ne la fait pas». Dans les faits, cette thèse de la conspiration globale fait comme si ce qui s'est passé - et se passe - en Tunisie et en Egypte est la même «chose» que ce qui s'est passé en Libye. Il n'y a aucun mépris à dire que l'état de la société libyenne maintenue dans un niveau d'organisation sommaire par le régime de Kadhafi a facilité le jeu des pays occidentaux alléchés par les richesses pétro-gazières de ce pays. La société égyptienne est autrement plus construite pour que l'on puisse imaginer que des laborantins de la CIA et de Google et Facebook réunis puissent la mettre en mouvement. C'est une aberration intellectuelle doublée d'un mépris pour les femmes et les hommes qui se battent depuis des décennies - et contre les Occidentaux également - pour les libertés démocratiques et les droits de l'homme dans ces pays. Que ce soit en Tunisie, en Egypte ou en? Syrie (on reste réservé sur le cas libyen), les Etats et services occidentaux n'ont pas créé le mouvement pour la simple raison que le statuquo ne les gênait pas et que l'altruisme démocratique n'existe pas. Les militants tunisiens ou égyptiens des droits de l'homme le savent depuis longtemps. Les plus conséquents d'entre eux ont tiré la conclusion que le combat pour la démocratie se fait aussi bien contre les régimes que contre leurs soutiens occidentaux. Par contre, ces régimes occidentaux qui ont des intérêts sur place, tout comme d'ailleurs les Russes par exemple en Syrie, œuvrent à les préserver. Et dans des situations de grands tumultes politiques, ils peuvent aller jusqu'à l'action clandestine. Ils peuvent peser, parfois lourdement, sur les évolutions, mais ce sont bien les sociétés et les rapports de forces en leur sein qui restent déterminants. LES POPULATIONS ET LES MILITANTS POLITIQUES DANS CES PAYS NE SONT PAS DES «JOUETS» ET DES «MARIONNETTES» DANS LA «MAIN DE L'ETRANGER». IL PEUT EXISTER EFFECTIVEMENT QUELQUES «AGENTS» ET DES MANIPULATIONS. MAIS CES THEORIES DE LA CONSPIRATION SONT ABSURDES CAR ELLES FONT COMME SI LES SOCIETES, AVEC LEUR FAIBLESSE ET LEURS TARES, N'EXISTENT PAS. QU'ELLES NE SERAIENT COMPOSEES QUE DE MOUTONS GUIDES PAR AL-JAZIRA ET FACEBOOK. |
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