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La journée
algéro-suédoise qui s'est déroulée les 30 et 31 octobre 2012 aux portes d'Alger
plus exactement à Bordj El Kiffan, parrainée par le ministère du Transport
algérien, organisée par l'ambassade de Suède en Algérie et la direction des
transports de ce pays, avait regroupé plusieurs experts sur la sécurité
routière des deux pays en l'occurrence. Quoique de plus normal qu'un séminaire
ordinaire soit organisé dans le pays comme tant d'autres au cours de l'année
mais celui-ci était d'une extrême importance. En effet, il traitait d'un fléau
qui touche le pays de plein fouet à savoir les accidents de la circulation
routière, de ses conséquences désastreuses avec un nombre annuel assez
important de décès et des handicaps que la route algérienne ne cesse de
provoquer chaque année avec toutes les séquelles fatales, tant familiales que
sanitaires, qui s'en suivent. Cette rencontre avait pour but l'exposition de la
vision suédoise sur la réduction du nombre d'accidents dans ce pays, comme le
rapporte l'article en question, ainsi que son éventuel adaptation à l'équation
Algérienne. Il est rappelé que ce pays scandinave qui dispose d'un parc
automobile qui est sensiblement le double de celui de notre pays, a presque «
Zéro accident de la route » avec l'adoption de ce plan des plus rêveurs. En
effet, le nombre de décès du aux accidents de la route en terre suédoise est de
l'ordre de 300 morts par an ! Contrairement à la nôtre qui fauche chaque année
10 fois plus d'algériens (3305) selon les toutes dernières statistiques qui ont
quelque peu diminué par rapport aux années antécédentes suite certainement à
l'application des dernières mesures mais qui demeurent très largement
insuffisantes face à l'indiscipline humaine qui en est la cause principale. Ces
résultats catastrophiques incombent donc principalement à l'être humain, le
conducteur qui devrait être donc reformaté pour l'application de ce plan de
secours suédois. Mais pour arriver à ce résultat oh ! Combien songeur, les
suédois nous dépassent de très loin dans de nombreux d'autres domaines avant
d'arriver à cette merveilleuse leçon. Nous n'allons pas tous les évoquer ici
mais nous essayons d'en prendre connaissance dans quelques secteurs seulement
où il est question de recueillir le produit fini que constitue le citoyen
suédois qui deviendrait un conducteur gouvernable à souhait et qui suivrait
avec conscience toutes les démarches prises par les autorités de son pays. Nous
allons commencer par le commencement, au départ de la formation du petit
suédois qui va passer d'abord par les mailles de l'école de son pays. Nous ne
sommes pas ici pour rappeler toutes les performances du système éducatif de ce
pays qui est l'un des meilleurs au niveau mondial et c'est sans doute là l'une
des clés essentielles de la réussite de ce pays à avoir un citoyen adulte qui
ne faille pas à ses devoirs avec en retour la pleine possession de tous ses
droits.
Dès son entrée à l'école donc, l'enfant suédois est totalement pris en charge comme l'atteste les différents rapports PISA (Programme International pour le Suivi des Acquis des élèves) de l'année 2009. Le rapport triennal de PISA qui existe depuis 2000 est un ensemble d'études menées par l'OCDE (Organisation Européenne de Coopération Economique) qui évalue les performances des systèmes éducatifs des pays membres ainsi que ceux non membres qui veulent évaluer leur éducation par rapport à d'autres pays en se frottant aux normes internationales. Rappelons que l'OCDE regroupe en son sein 34 pays membres, pas tous européens, les plus riches de la planète parmi lesquels figurent les pays du G8 excepté les pays du BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) ainsi que ceux du tiers-monde. Les derniers résultats PISA des études menées en 2009 [2] montre bien la très bonne place occupée par la Suède. On ignore, à l'heure où nous marchons à l'aveuglette, quelle serait notre place si notre pays décidait par exemple de concourir à ce programme PISA à l'instar de la Tunisie et d'autres pays arabes. J'ai la crainte qu'encore une fois, la déception soit encore frustrante au sein de nos rangs. Maintenant si nous consultons l'index mondial de démocratie (Democracy Index) [3], la Suède figure parmi les pays à démocratie complète (full democracy) en compagnie de 24 autres pays qui représente 11,3% de la population mondiale qui vit sous ce régime libre. Notons bien que la Suède est classée actuellement à la confortable et enviable quatrième place qu'elle n'est pas prête de céder pour rien au monde. Il faut remarquer que notre pays occupe dans ce même classement la 130ème position sur un total de 167 pays. Aucun commentaire n'est possible ! Enfin, si nous voulons aller vers le monde de la perception de la corruption à travers le baromètre de l'organisation mondiale non-gouvernementale Transparency International [4], là aussi, ce pays scandinave est à l'avant-garde des nations où la transparence dans le monde des affaires est des plus incomparables au monde avec une autre 4ème place dans le dernier classement de 2011 sur une note de 9,3 points sur la note maximale de 10. Quant à la note de notre pays, elle est médiocre avec un dérisoire score de 2,9 points et se voit à la 112ème position au classement sur un total de 182 pays. Là non plus, aucune comparaison n'est possible. Et comme les échecs se suivent et se ressemblent, l'institut britannique de recherche (Legatum Institute) dans son dernier rapport de 2012 [5] sur la prospérité mondiale de 142 pays à travers la planète, nous situe à la non moins embarrassante 100ème place malgré les centaines de milliards de dollars de la rente pétrolière et le matelas financier dont dispose notre pays. Rappelons que cette étude se base sur 8 critères essentiels que sont l'économie, l'entrepreneuriat et les opportunités, l'éducation, la santé, la gouvernance, la sécurité, les libertés individuelles et le capital social. Au passage, notons que les pays voisins que sont le Maroc et la Tunisie sont classés respectivement aux 73ème et 78ème rangs. Comme quoi, l'argent ne fait ni notre bonheur ni notre prospérité. Quant à la Suède, elle est toujours aux premières loges en se hissant au 3ème rang mondial. On remarque que la fiabilité de ces différents rapports n'est plus à démontrer avec cette extraordinaire convergence. Si nous continuons à comparer les performances des deux pays, on pourrait aller jusqu'à l'infini sans que l'on puisse rencontrer des points communs. Si cela n'est pas possible, on douterait fort qu'on le soit pour l'option suédoise avec le risque « zéro accident». Commençons d'abord à bâtir les bases nécessaires avant de tenter d'avoir les résultats escomptés avec cette recette à la suédoise. Tout serait voué à l'échec si on ne regarde pas là où il faut sans se détourner du regard des solutions adéquates pour le développement humain de ce pays. Une dernière question que je poserais aux lecteurs de ce modeste papier et qui est à méditer: quelles seraient alors les attitudes du conducteur algérien s'il émigrait en Suède et que son homologue suédois prendrait le chemin inverse ? Références 1- http://www.elwatan.com/actualite/securite-routiere-adapter-en-algerie-la-vision-suedoise-zero-accident-31-10-2012-190698_109.php 2- http://www.oecd.org/pisa/pisaenfranais/publicationsenfranais.htm 3- https://www.eiu.com/public/topical_report.aspx?campaignid=DemocracyIndex2011 4-http://files.transparency.org/content/download/101/407/file/2011_CPI_EN.pdf 5- http://www.prosperity.com/ |
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