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Abdelkader Messahel, notre ministre délégué en charge des
Affaires maghrébines et Africaines, est à Abidjan où se tient aujourd'hui le
sommet de la CEDEAO qui doit valider le plan militaire de l'intervention armée
dans le nord du Mali devant être ensuite transmis au Conseil de sécurité de
l'ONU. La présence de l'Algérie à ce sommet n'implique en rien qu'elle ait
renoncé à faire valoir le bien-fondé de la solution politique à la crise
malienne dont elle demande la prise en compte même après que l'instance
onusienne eut voté la résolution qui rend possible l'intervention militaire.
A Abidjan, Messahel a des arguments substantiels à opposer aux partisans de l'approche exclusivement militaire pour le dénouement de cette crise malienne qui estimeraient les réserves émises par l'Algérie sur celle-ci en contradiction avec l'accord donné par la communauté internationale via le Conseil de sécurité pour l'intervention armée au nord du Mali. Il fera valoir que l'option de la solution politique préconisée par l'Algérie a l'aval officiellement exprimé d'acteurs de la communauté internationale et non des moindres puisque s'agissant de l'Amérique, de l'Union européenne et de l'ONU. Ces trois entités ont en effet, l'une à la suite de l'autre, exprimé leur convergence de vues avec les autorités algériennes dans le cadre du règlement de la crise malienne. De plus, Messahel fera prévaloir qu'entre dans cette convergence la position exprimée sur le sujet par les pays du champ que sont le Niger et la Mauritanie et le fait que deux des groupes armés en rébellion (Ansar Eddine et le MNLA) contre Bamako acceptent de faire taire les armes au profit du dialogue avec les autorités maliennes aux conditions posées par le Conseil de sécurité des Nations unies. L'Algérie n'est donc pas présente à Abidjan pour signifier son opposition à l'intervention militaire projetée pour le nord du Mali, mais pour convaincre que son approche est la stratégie la plus indiquée en matière de lutte contre les fléaux du terrorisme et du narcotrafic qui sévissent au Sahel et menacent les sécurités nationales et les intégrités territoriales des Etats riverains de la région. Tous les spécialistes de la lutte antiterroriste mettent en effet en garde contre une intervention militaire du type de celle que la CEDEAO veut entreprendre, pressée par le forcing qu'exerce sur elle la diplomatie française. Le risque étant qu'au lieu d'isoler les groupes armés terroristes et narcotrafiquants, elle jette dans leurs camps ceux des rebelles et leurs partisans que l'option exclusivement militaire ferme la voie du dialogue et de la solution politique à leurs revendications légitimes. Il s'agit donc pour l'Algérie de convaincre la CEDEAO de prendre en compte la résolution votée le 12 octobre par le Conseil de sécurité en ses deux préconisations : préparer l'intervention militaire au nord du Mali, mais donner également sa chance à la solution politique. Une combinaison qui peut s'avérer nettement moins coûteuse à tout point de vue pour le Sahel et certainement plus efficiente pour la lutte antiterroriste. Si ce que l'Algérie préconise en s'appuyant sur l'expertise qu'elle s'est acquise en matière de lutte contre le terrorisme sera pris en compte, elle prouvera alors qu'elle a réellement l'envergure de puissance régionale que l'on s'accorde à lui reconnaître mais en mettant en doute sa détermination à l'assumer. |
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