Faut-il répondre à un bras d'honneur, par un doigt
d'honneur, ou par un sourire jaune ? C'est la question qui taraude l'Algérie
post-indépendance, alors que les commentaires les plus virulents et les plus
ironiques se succèdent, pour dénoncer un énième dérapage d'un politique
français, aussi minable soit-il. Longuet, ex ministre de la guerre, sous la
dictature sarkozienne, est présenté comme un dégénéré mental, un ramolli du
cerveau, un amoureux éconduit de Le Pen le père, issu d'une droite, à l'extrême
droite de la droite. Mais au fond, c'est qui ce vieux croûton qui vient se
faire rappeler à l'existence, en réinventant le coup de l'éventail à la face de
l'histoire. Et le plus drôle dans cette affaire, c'est qu'il s'est expliqué sur
son geste après avoir été soupçonné d'homophobie, son bras cassé, adressé suite
à une discussion sur le mariage homosexuel. Et il s'est défendu, le vieux, en
affirmant que son geste n'était nullement destiné aux gays mais à la demande de
Chérif Abbas d'un « Grand pardon » qu'aurait pu chanter un autre nostalgique de
l'Algérie française, Enrico Macias. Mais en arriver là, à répondre à un taré de
la politique, un raciste de la dernière heure, est de notre faute. De la faute
de la politique conciliante qui a écarté le ministre des moudjahidines de la
visite de Sarkozy en Algérie, en 2007, pour satisfaire les exigences de
l'entourage du président de la France. Même Jean-Marc Ayrault, l'actuel Premier
ministre du gouvernement de gauche, avait estimé que Sarkozy ne pouvait pas
aller à Alger sans obtenir au préalable des excuses. Et dire que Cherif Abbas
n'avait fait que s'interroger sur les soutiens juifs du petit bonhomme. Ça
c'est pour la petite histoire. C'est pour dire que la France officielle,
fût-elle de droite, de gauche ou des extrêmes n'est pas prête à pardonner à
l'Algérie son émancipation. Elle ne digère pas encore le coup de pied flanqué à
son auguste derrière. Paris n'est pas prête à nous accorder la repentance exigée,
un droit historique et une reconnaissance des crimes contre l'humanité, contre
un peuple voué à une mort physique, intellectuelle et mémorielle pendant 132
ans de bienfaits de la colonisation. A tous ceux qui pensent que Hollande est
mieux que Sarko 1er, que la gauche nous aime, plus que la droite nous déteste,
il est temps d'ouvrir les yeux et de se rendre à la raison. Ni gauche, ni
droite, la France reste unie en ce qui concerne ses constantes et ce n'est pas
le semblant d'excuses pour une date, fût-elle celle du 17 octobre 1961, qui y
changera grand-chose. Répondre à Longuet c'est répondre à une poubelle et il
vaut mieux ignorer son bras d'honneur et se concentrer sur le plus important.
Exiger officiellement et une fois pour toute que la France reconnaisse ses
crimes coloniaux. Et pour cela il faut une politique plus souveraine, plus
offensive, du donnant-donnant pour qu'on tourne une bonne fois pour toute cette
page qui, au fond mais vraiment au fond, n'intéresse que ceux qui s'y
accrochent. En attendant que la nature fasse son job et que tous les acteurs de
cette époque reposent dans leurs dernières demeures, Bouteflika doit regarder
Hollande droit dans les mirettes et lui dire que, pour le repos de l'histoire,
la France doit demander des excuses publiques, officielles à l'Algérie pour 132
ans d'ignominie, tout comme elle l'a fait pour 4 ans de rafles de juifs.