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Le 6 novembre prochain, les Américains
choisiront entre Barak Obama et Mitt Romney. La politique étrangère qui
traditionnellement ne passionne pas ces électeurs, se réinvite sur la scène
Dans la nuit du 11 septembre 2012, date-anniversaire du 11 septembre 2001, des manifestations violentes se sont déroulées devant les ambassades des Etats-Unis, en Égypte et en Libye, entraînant dans ce pays, la mort de quatre diplomates dont celle de l'ambassadeur. De la colère des manifestants, la diffusion sur YouTube d'images issues d'un film offensant l'Islam, réalisé par un certain Sam Bacile, d'origine israélo-américaine ou copte, dans d'autres versions. «Le fait que la vague d'émeutes anti-américaines, déclenchée en Égypte et en Libye se soit rapidement répandue dans plus de 20 pays du monde arabo-musulman tels que le Yémen, le Soudan, la Tunisie, le Maroc, le Liban, le Pakistan, l'Afghanistan ou encore l'Indonésie, devrait certainement placer le débat sur la politique étrangère de l'Administration Obama, sur le devant de la scène politique aux Etats-Unis, dans les jours et les semaines à venir», note Anna Dimitrova, chercheur de l'ESCE. Alors que les résultats plutôt mitigés, en matière de politique extérieure de Barak Obama n'apparaissaient pas comme des handicaps mais plutôt comme des atouts du président sortant, les très vives critiques de son challenger, le candidat républicain Mitt Romney ont trouvé un écho dans une opinion publique naturellement inquiète d'un éventuel déclin de la «superpuissance». Il est vrai que le candidat mormon n'y est pas allé de main morte. Le soir même des premières manifestations, Romney s'est empressé, dans une conférence de presse, de tenir l'Administration Obama pour responsable de ne pas avoir pris une position assez claire, réaffirmant le leadership américain à l'égard de la Libye et des pays ayant vécu le «Printemps arabe». En envoyant «des messages confus» à ces pays et au reste du monde, Washington, selon Romney, n'aurait pas suffisamment défendu les valeurs américaines et cherché à renforcer la position des Etats-Unis, dans la région. Il a également souligné que cette politique de «retrait» et «d'excuses» aboutirait à créer un monde plus instable aujourd'hui, car pour lui, le risque que le «Printemps arabe s'estompe en hiver arabe» devient réalité. Il est vrai qu'après un discours courageux prononcé le 6 juin 2009, à l'université du Caire, les faits n'ont pas toujours suivi. Obama souhaitait, à l'époque, marquer une rupture dans les relations entre les États-Unis et le monde musulman, après l'ère Bush. Ses critiques à l'égard d'Israël (dans le cadre de la question palestinienne) pouvaient exercer une pression sur le gouvernement Netanyahou, toujours enfermé dans son refus de toute tentative de paix en Palestine. Obama cherche à dialoguer avec les islamistes modérés afin d'affaiblir l'islamisme radical. Le calcul ? Un Occident vu positivement par le monde musulman serait un frein au développement du discours anti-occidental des radicaux. Le discours ne présentait cependant aucun point concret. LES VOLTE-FACE DEVANT LE «PRINTEMPS ARABE» Quelques mois plus tard, la diplomatie américaine, tout comme les gouvernements des différentes puissances ont été très surpris de l'essor et du développement rapide du «Printemps arabe» ou «réveil arabe», ensemble de contestations populaires d'intensité et d'ampleur très variables mais qui a modifié en profondeur l'échiquier politique. Le terme même de «printemps arabe» faisait explicitement référence au «Printemps des peuples» de 1848, grand moment de l'avènement de la démocratie eu Europe. Après avoir, quelque peu, hésité sur les départs exigés de Ben Ali et de Moubarak, la diplomatie américaine a su, avant les gouvernements français et anglais, faire rapidement fait preuve de réalisme en lâchant les anciens alliés et en menant une politique jugée réaliste, c'est-à-dire pour l'essentiel, accepter les départs des anciens alliés, soutenir les processus de libres élections et discuter avec les seules forces d'opposition organisée, les partis islamistes. Les enjeux énergétiques, économiques et commerciaux n'étaient pas pour rien dans ce changement de posture comme il n'était pas pour rien dans la rupture que constitua l'affaire libyenne. S'il existait bien une contestation populaire de Mouammar Kadhafi, ce n'est pas le combat des citoyens qui eut raison du «dictateur» mais bien une intervention militaire, américano-franco-anglaise. D'où un déplacement significatif des grands acteurs internationaux. En Tunisie, comme en Égypte, beaucoup d'Etats arabes comme occidentaux voulaient le maintien de Ben Ali et Moubarak en place, mais ils n'ont rien pu faire pour empêcher leur chute. «La Libye a été un tournant, en ce sens-là : il ne faut pas oublier que, outre les Etats-Unis, la France ou encore le Royaume-Uni, le Qatar et les Emirats arabes unis ont aussi participé à la stratégie visant à débouter M. Kadhafi. Par la suite, l'entretien au possible de l'agonie politique de Ali Abdallah Saleh au Yémen, ainsi que la préservation des intérêts de la famille Al-Khalifa au Bahreïn, ont aussi été dus à la volonté d'un ensemble d'Etats de la Péninsule arabique, en tête desquels l'Arabie Saoudite», remarque Barah Mikail, chercheur à la Fride. Sur le cas syrien, il existe également un quasi-consensus des gouvernements arabes sur la volonté d'en finir avec un régime syrien ultra-répressif mais également gênant du fait de la nature de ses alliances politiques et géopolitiques avec l'Iran. Mais le régime syrien même affaibli, reste militairement puissant, ce qui rendrait, une intervention militaire occidentale plus problématique. De surcroît, l'actuelle guerre civile révèle d'autres causes religieuses ou communautaires plus complexes à résoudre avec notamment l'engagement des minorités alaouites, kurdes ou chrétiennes. La Russie, de surcroît, ne veut pas perdre son dernier allié, Pékin et Moscou ne veulent pas voir l'épisode libyen se reproduire sous couverture de l'ONU, la Turquie qui voulait le rôle de puissance régionale a mesuré depuis, l'ampleur des obstacles. Enfin, il n'est pas certain que le gouvernement d'opposition qui s'imposerait par la force serait de nature plus démocratique que celui de Bachar El-Assad. La chute de Kadhafi a, en effet, précipité une plus grande déstabilisation de l'ensemble du Sahel, notamment au Mali et le pillage de ses arsenaux a permis à de nombreux salafistes de s'armer efficacement. DES MARGES DE MAN?UVRES LIMITEES La diplomatie américaine, toujours empêtrée en Irak et en Afghanistan, a donc des marges de manœuvres réduites. D'autant que le brûlant dossier israélo-palestinien est devenu, en partie, un enjeu interne à la vie politique américaine. Netanyahou qui a toujours gardé son passeport américain, dispose de solides alliés, tant au sein du Parti démocrate que du Parti républicain. Il a toujours traité les recommandations de Barak Obama, lui recommandant le dialogue et la négociation, avec le plus grand mépris. Et Obama n'a pas trop insisté. Malgré les appels à la prudence des Américains, Israël menace régulièrement d'aller bombarder l'Iran malgré les effets difficilement prévisibles d'une telle opération militaire. Il est probable qu'Obama, s'il était réélu, bénéficie dans son second mandat, de manœuvres plus grandes que dans le premier. Cela avait été le cas pour Bill Clinton. Il dispose, en matière de politique étrangère, d'un avantage électoral sérieux sur son principal concurrent : Mitt Romney, peu habile dans ce domaine, multiplie les gaffes afin de tenter de se démarquer, tant bien que mal d'Obama : il considère la Chine comme un Etat menaçant, en raison de sa stratégie visant à accroître sa capacité militaire, et la Russie est définie maladroitement par lui, comme «le principal ennemi des Etats-Unis», depuis le retour de Poutine au pouvoir. Lors de son discours sur la politique étrangère, prononcé en Caroline du Sud, le 7 octobre 2011, «il a reproché au président Obama d'avoir tourné le dos, d'après lui, à l'idée d'exceptionnalisme américain et d'avoir ainsi affaibli la puissance américaine, précise Anna Dimitrova, (?) Romney souligne à ce propos que «l'Amérique n'est pas destinée à être l'une des grandes puissances», mais bien le pays le plus fort dans cet équilibre de puissances. Il affirme également que «l'Amérique doit être le leader du monde, sinon quelqu'un d'autre le sera» et que les États-Unis doivent regagner leur place de leader incontestable dans «un siècle qui peut et doit être le siècle de l'Amérique». On est en plein dans la bouillie d'un George Bush junior qui n'a pas laissé que de bons souvenirs aux électeurs américains. CHARLIE HEBDO, HEBDOMADAIRE NAUSEABOND «Charlie Hebdo», héritier d'Hara-Kiri hebdo est un journal qui se dit satirique et qui se croit drôle. Il se réclame d'un héritage libertaire, il est devenu le porte-parole d'un populisme de droite, imprégné d'idéologie raciste. Il a attendu le contexte récent et chargé dans l'ensemble du monde arabe pour rééditer ses provocations anti-musulmanes, en éditant un second numéro spécial de caricatures du prophète dont certains dessins étaient obscènes. «Charlie Hebdo» est multirécidiviste contre les musulmans. En 2006, il avait publié les caricatures danoises de Mahomet. En 2011, sorti un numéro spécial «Charia Hebdo», suivi d'un attentat contre leurs locaux. Cela leur avait permis de se faire inviter au Festival de Cannes et à l'Élysée, summum de la dissidence, proteste Pascal Boniface, le responsable de l'IRIS dénonce les enjeux commerciaux et poursuit, «il est très différent de se moquer de la mort de de Gaulle, dans une France gaulliste, où l'opposition était faible et la liberté de la presse pas aussi conséquente qu'aujourd'hui, et se moquer de nos jours des musulmans, qui ne sont pas en position de pouvoir en France, n'ont pas d'appuis dans la presse, sont montrés du doigt et connaissent des difficultés d'intégration. Autrement dit, ce n'est pas la même chose de taper sur le fort ou sur le faible. Le premier cas de figure relève du courage, pas le second. Les vrais dissidents ne tapent pas sur les faibles, mais sur les puissants. Là est le courage». On ne peut que l'approuver. L'ARGENT QATARI DANS NOS BANLIEUES ! On peut déplorer que ce petit émirat, extrêmement riche subventionne des groupes terroristes salafistes au Sahel, en Afrique noire ou ailleurs. On peut être étonné devant l'ampleur des investissements réalisés, ces derniers mois, dans les entreprises de services ou industrielles françaises. La liste est impressionnante. Dans les médias, Qatar Holding, une des branches de Qatar Investment Autority, a porté à 12,83% du groupe Hachette-Lagardère. Dans l'Industrie, les Qataris possèdent dorénavant 7,5% du groupe aéronautique et défense EADS, 2% du groupe Télécom Vivendi, 5,5% du groupe Vinci, dans le bâtiment, 5% dans Veolia-Environnement, 2% dans le groupe pétrolier Total qui les place comme troisième investisseur. Dans les sports, le Qatar qui organise la Coupe de football en 2020 a fait une entrée marquée dans les droits des ligues de football, lance plusieurs chaînes sportives et possède le club de foot, Paris Saint Germain. On apprenait hier, qu'Arnaud Montebourg, le ministre français du Redressement productif avait donné son feu vert à des fonds qataris (on parle de 100 à 150 millions d'euros) dans un fonds d'investissements destiné aux banlieues. Et là, la polémique s'enflamme ! Une grande partie de la droite et même de la gauche, les mêmes qui n'avaient rien objecté à l'intrusion de capitaux de l'émirat dans notre industrie de défense, crient à «l'entrisme islamiste dans les banlieues» ! Le projet est pourtant parfaitement honorable et vise à repérer des jeunes talents et de financer leur start-up. Une commission d'attribution devrait rassembler des associations de maires ou d'élus locaux. À ne rien y comprendre. Ou à trop bien comprendre? |
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