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Blindés d'une
inébranlable foi et persuadés que ce n'est nullement une fatalité, les uns
combattent, l'affreuse ignorance, l'ignoble injustice. Ils combattent aussi
d'autres maux qui en découlent tels le mépris, la corruption, l'incivisme et
l'incivilité. Ils combattent enfin maints fléaux avilissant la société, mais se
diluant, l'espoir aidant, au fur et à mesure du rayonnement des connaissances
et de la roue du temps qui tourne et qui, inexorablement avance. Ils, ce sont
des hommes, et bien entendu des femmes, d'ici et d'ailleurs, engagés socialement,
nés pour être pleinement, souvent discrètement, et refusant le désespoir agrafé
sur le dos.
Il est aussi les autres qui existent pour paraitre avant d'être, des fois avec ostentation .Parmi eux, engoncés dans leurs certitudes, il en est des prédateurs, des amoureux de l'ombre, des équilibristes, des orgueilleux, des arrivistes, des pollueurs, de pauvres nihilistes? A la recherche de la sagesse, sachant ce qu'est l'humilité, les premiers sont nés pour apporter, pour servir, pour avant tout produire, les seconds que pour emporter, se servir et après tout, tout déglutir. Ouverts, réceptifs, les premiers sont les premiers à servir et donnent de leur temps, de leur avoir ou de leur savoir, de leur amour pour leur prochain, en un mot de leurs qualités d'humains. Intransigeants, suffisants, hermétiques, les seconds si prompts à se servir ne donnent ni de leur temps, ni de leur sous, car pour eux tout est négociable, monnayable. Le fric est aveugle. Pour ces derniers, le pouvoir et l'avoir sont une fin en soi ; ils aiment alors tout posséder, tout accaparer, tout : biens matériels et immatériels, inertes et vivants tels que femmes et enfants, corps et âmes, sujets, animaux, maisons, voitures, lots, objets, appareils et gadgets. S'insurgeant contre les frustrations, refusant de plier, tolérants, doués d'un discernement ordinaire ou appréciable, socialement et positivement actifs, les uns apportent chaque jour leur pierre à la construction de leur bien-être fondu avec celui de la société, tandis que certains parmi les autres, plutôt doués d'égocentrisme démesuré, n'usent que de ruses pour satisfaire leur appétit, et celui de leur fratrie. Il est donc des hommes qui ne peuvent concevoir leur bonheur sur le dos des malheurs des autres.Alors que d'autres s'imaginent que leur propreté se limite au seuil de leur maison, et que leur liberté empiète tout naturellement sur celle de leurs semblables, sans aucune cloison. Puisque «la naïveté est la grâce des grands hommes», et sachant qu'il est hors de question de mourir tout en étant vivant, de mourir plusieurs fois, ceux qui sont nés pour être, ne se contentent donc pas d'exister seulement, mais de vivre crânement, de rêver même talonnés par le cauchemar du moment,de bâtir sûrement, de croire en des idéaux, et n'ont pas besoin de porter de déguisement. L'âme nue, ils ne cherchent à être vêtus que de l'habit de la candeur et de la vertu. Indécents, immergés dans des mondanités affectées, confondant snobisme et raffinement, le patriotisme frelaté, la fierté périmée, les seconds croient pertinemment que la djellaba fait la consécration ou que la toge fait l'érudition et luttent quotidiennement pour imposer et s'imposer. S'ils sont tous moulés dans des valeurs, dont celles morales, esthétiques, affectives, certains d'entre les uns ont eu la chance d'être instruits. Mais parmi les seconds, il n'existe plutôt que des Bac moins sept, miraculeusement diplômés, sous des silences, par contingents et par contingence, ou des faux instruits, ou des mini formés qui ont ligoté, éjecté ou déporté des compétences, pour s'accaparer ce qui fait l'émergence. Quand on sait qu'un train ne peut rouler que s'il existe une locomotive, c ?est celle-ci qui tire les wagons, jamais l'inverse. Et puis sur votre épaule, l'un des premiers peut déposer sa main, si vous en éprouvez le besoin, et si à l'un des autres vous tendez la main, à coup sûr il vous arrachera le bras, sans scrupule aucun. Quand d'autres sont assis, rampants, sinon couchés, il est des hommes qui s'efforcent à rester debout devant toute adversité ; c'est le prix à payer, on le dit, pour prétendre être un homme, pas un végétal. Il est des hommes, les uns, les autres. Quant à ce qui reste ou ce qui en reste? Par ailleurs et autrement dit, les premiers donnent du sens, l'unique, le vrai, à leur vie, par leur culture morale, car «Celui qui ressent sa propre vie comme dénuée de sens est fondamentalement malheureux, puisqu'il n'a aucune raison de vivre» et «sans culture morale, aucune chance pour les hommes» dixit Einstein. Car la vie n'est pas un simulacre attaché à l'attente. À l'adresse de cette jeunesse et de la postérité, l'humanité redevable inscrira les uns, sur des tablettes ; les autres, translucides dans les mémoires, seront déposés dans des poubelles. Les tablettes et les poubelles de l'Histoire dit-on. |
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