Michel Chossudovsky est un économiste canadien, professeur à
la faculté des Oeuvres sociales d'Ottawa. Il est également directeur du Centre
de recherches sur la mondialisation, dans la même université. Pourquoi alors
parler de Michel Chossudovsky, grand inconnu du grand public algérien alors
qu'il n'a rien dit sur nos us et coutumes. Il est Canadien, cousin proche de
l'Amérique, il n'est ni mollah, ni Soudanais, encore moins un élément des
Shabab. Il est professeur, pas tôlier, ni artificier. Boit de l'alcool et mange
du halouf, ne fait pas le ramadhan et bouche ses oreilles quand il entend le
muezzin appeler à la prière. Il est blanc et ne fréquente ni les frères
musulmans d'Egypte, ni les montagnes de Tora-Bora. Donc, dans les standards
occidentalisés, il est ce qu'on peut appeler, sans se tromper, une personne
au-dessus de tout soupçon. Evoquer ce monsieur aujourd'hui, c'est parler de ce
qui se passe en Syrie. Et ce qui se passe là-bas nous intéresse, au plus haut
degré. D'abord, parce que c'est un pays frère, selon la version officielle de
la grande confrérie arabe, ses habitants qui ont fui les combats sont dans nos
rues et paraît-il, ils descendent directement de l'Emir. Ensuite, quand ça sera
fini avec Damas, les quelques irréductibles drapeaux qui flottent encore en
liberté, se regarderont pour savoir à qui sera le tour. Michel Chossudovsky, et
dans un article publié au début de ce mois, apporte un nouvel éclairage sur les
événements en Syrie. Et sa version des faits a drôlement un air de «déjà vu».
Au lieu de mener une guerre éclair totale, l'alliance des États-Unis, de
l'OTAN, d'Israël et d'Al Jazeera a choisi d'intervenir en vertu de la
«responsabilité de protéger» et son contexte diabolique de «guerre
humanitaire», écrit-il. Un scénario déjà rodé en Libye qui a vu le pays
dévasté, son président assassiné, son pétrole confisqué et sa proportion à
menacer l'Etat hébreu réduite à silence. Si la guerre préventive était l'excuse
favorite de Washington pour bombarder les ennemis d'Israël, l'option de la
«guerre humanitaire» reste celle qui passe le mieux pour convaincre l'opinion
mondiale. Michel Chossudovsky cite les étapes de cette opération qui passent
par une insurrection, soutenue par les États-Unis et l'OTAN, intégrée par des
escadrons de la mort, est lancée sous couvert d'un «mouvement de contestation»
qu'il localise, en mi-mars à Dara. Les Forces spéciales britanniques,
françaises, qataries et turques sont présentes sur le terrain, en Syrie, pour
conseiller et entraîner les rebelles ainsi que superviser des opérations
spéciales. Des mercenaires engagés par des compagnies de sécurité privées, sont
également impliqués dans le soutien aux forces rebelles. Les meurtres de civils
innocents par l'Armée syrienne libre (ASL) sont exécutés délibérément, dans le
cadre d'une opération clandestine des services de renseignement, pour ensuite
accuser le gouvernement en place. La désinformation médiatique est axée sur la
diabolisation du gouvernement syrien et l'opinion publique est incitée à
appuyer une intervention militaire pour des raisons humanitaires, explique-t-il.
Ces étapes sont déjà opérationnelles. Alors, et en réaction à l'indignation
publique, les États-Unis et l'OTAN sont «forcés d'intervenir», en vertu du
mandat de la «responsabilité de protéger». Des navires de guerre et des
chasseurs sont déployés dans la Méditerranée orientale. Ces actions sont
coordonnées avec un soutien logistique aux rebelles et des Forces spéciales sur
le terrain. Pour notre professeur, le but ultime est un «changement de régime»
menant au «démantèlement du pays», selon des divisions confessionnelles et/ou à
l'installation d'un «régime influencé ou dominé par l'Islam», à l'instar du
Qatar et de l'Arabie Saoudite pour en finir, une bonne fois pour toutes, avec
la plus grande menace contre Tel-Aviv, l'Iran. Voilà ce qui va arriver à la
Syrie, aujourd'hui, et nous attend demain.