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Le Makhzen marocain a systématique interdit l'entrée en
territoires sahraouis occupés aux personnalités et ONG internationales
désireuses d'évaluer par elles-mêmes la situation des droits de l'homme sur
place. Il vient de faire une entorse à sa ligne de conduite en la matière en
autorisant l'accès à ces lieux à une délégation de quatre ONG américaines et
une juge à la cour interaméricaine des droits de l'homme, conduite par la
présidente de la fondation Robert Kennedy pour la justice et les droits de
l'homme, Mme Kerry Kennedy.
Le roi et les autorités du Maroc ne pouvaient faire autrement que permettre cette visite après avoir constaté les dégâts occasionnés dans l'opinion américaine à l'image de marque du pays par «l'incident» Christopher Ross. Pour rappel, il y a quelques mois le roi a déclaré retirer la confiance du royaume à Christopher Ross, diplomate américain et émissaire spécial du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara Occidental, pour l'unique raison qu'il a émis la proposition que la mission de la Minurso soit élargie à la surveillance et à la protection des droits de l'homme au Sahara Occidental. En marquant sa défiance à l'émissaire onusien qui a eu «l'outrecuidance» de suggérer par sa proposition qu'il existe bel et bien un problème des droits de l'homme au Sahara Occidental, Mohammed VI a pensé que l'ONU et l'allié américain n'allaient pas faire obstacle au but visé par sa décision à savoir le dessaisissement de Christopher Ross du dossier du Sahara Occidental. Ban Ki-moon et Washington ont douché le monarque marocain en faisant savoir qu'ils conservent leur confiance à l'émissaire international et ont provoqué un vent d'inquiétude à Rabat en faisant savoir qu'ils entendent faire pression sur le Maroc sur la question du respect des droits de l'homme au Sahara Occidental. Malmenées pour leur politique répressive brutale à l'encontre de la population et des défenseurs sahraouis des droits de l'homme par les ONG et les amis de la cause sahraouie et pressées aussi par leurs alliés étrangers d'avoir à faire preuve de plus de souplesse sur cette question des droits de l'homme, les autorités marocaines ne pouvaient opposer leur refus à la visite de la délégation américaine conduite par Mme Kerry Kennedy. En prenant néanmoins les dispositions pour qu'elle se déroule sous contrôle de l'œil vigilant des services de sécurité du Makhzen. Opération de «séduction» à laquelle le monarque marocain a ajouté un plus en téléphonant au secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon pour lui faire part qu'il est sensible à la préoccupation sur le respect des droits de l'homme. S'il est vrai que les droits de l'homme ne sont pas bafoués au Sahara Occidental, pourquoi donc le Maroc s'oppose obstinément à ce que la Minurso se voit dotée d'un mécanisme de contrôle et d'évaluation de leur respect en territoires occupés ? Tout simplement par peur que cela révélera une tout autre réalité sur ce qu'est l'occupation marocaine du Sahara Occidental. Celle que la marocanité de ce territoire est établie sur la répression et le musellement de la population, et son attachement à la monarchie et au trône un slogan de propagande. |
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