«Nul être ne peut avoir conscience de soi sans l'autre.» Axel Kahn

Les dernières élections législatives françaises ont souscrit cette fois ?ci à des images chargées d'une amplitude d'espoir et d'espérances qui ont montré que la reconnaissance des différences est un fait qui compte dorénavant dans le paysage politique de ce pays. En effet l'Assemblée change de couleur et s'ouvre un peu plus à la diversité. Au total neuf députés d'origine maghrébine, africaine ou asiatique vont y siéger. Une grande première dans l'Histoire de ce pays et un véritable pied de nez aux extrémistes lepénistes dont le discours politique centré sur la peur de l'Autre, l'immigré, a conduit à une véritable débâcle de ses promoteurs . Le chef de fil de cette ligne de conduite politique en l'occurrence Marine Le Pen. Cette dernière a subi un revers historique administré, ironie du sort, par un certain Phillipe Kemel, député socialiste dont la consonance onomastique pourrait lui rappeler une certaine identité, véhicule, de son registre haineux et stigmatisant. Malgré les palabres pitoyables de « Marine la peine » envers un soi-disant recomptage de voix, rien n'y fit et peine perdue, ce vote est « halal »comme il se doit. L'immigré ne lui dérobe plus son job mais ses voix.

En stoppant l'égocentrisme héréditaire et maladif d'un discours flagorneur extrémiste et ethnocentriste, ce vote- sanction a dévoilé toute la déconfiture d'un discours grillé à la même tartine. Comme il a réhabilité la figure de l'immigré, exutoire prétexté de toutes les dérives de la Droite. Cette dernière en prônant la stratégie vicieuse du « ni, ni » c'est-à-dire ni Front National, ni Front républicain a couru à sa perte. Ce dada de circonstance pour courir derrière les voix du F.N, a fait un gros bobo à ses initiateurs au cours de ce scrutin, ce qui a entrainé, tout simplement, un véritable dodo du vote des électeurs en faveur de la Droite française.

Autre révélation de ce scrutin, l'éjection de Guéant, figure importante de la Droite qui a rendu un peu plus transparente ses frontières et sa rhétorique avec le F.N. Guéant, le géant de l'amalgame et de la xénophobie, a tout simplement pénétré de plein- pied dans la civilisation du néant où le silence assourdissant est océan. Autre victime de calibre, Nadine Morano, dont le discours au tempo des voix lepénistes et au mano à mano racoleur et facho, a fini par exécuter un salto politique mortel.

Il est clair que, la victoire cinglante de la Gauche à ces élections législatives françaises, a fini par montrer que la politique du rejet de l'Autre, de la stigmatisation du religieux et de l'identitaire ne peut faire long feu comme arguments d'un discours axé sur la peur de l'autre et sur la fibre sécuritaire. L'aventure humaine ne peut être autre que celle qui est conditionnée au vivre ensemble, au respect de l'autre, de sa culture et de ses différences et aussi de sa reconnaissance en tant que dignité humaine.

*Universitaire