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C'est fait : le nouveau Président de la nouvelle assemblée
est élu après avoir été désigné. Et il a 74 ans. C'est-à-dire votre âge à vous
qui êtes nés après l'indépendance, qui êtes si nombreux que vous en tombez dans
la mer, qui êtes la force vive et le bras ballant de la nation. C'est comme dit
par un collègue, le sens exact du discours de Sétif, sur le jardin vide et la
génération qui transmet le flambeau et les allumettes et les torchères des
raffineries de pétrole, surtout.
C'est donc cela le changement comme dit, il y a des jours : choisir des hommes entre 80 et 70 ans. Fervents de la langue arabe qui n'écoute pas votre pays mais seulement ses propres ancêtres, descendants vaniteux et intolérants des «nous sommes arabes» par trois fois. Donc, c'est là, sous les yeux, visible sur la télévision : le changement. Explosif pour les jeunes étudiants morts par le gaz à Tlemcen. Doux pour les autres. Donc, c'est ainsi : il n'y a que la mort et le désordre pour faire changer un pays en un pays vrai. Un club de vétérans en une nation. Donc, cela continue : le même pays, avant Bouazizi ou après. Avant Moubarak ou après. Car après les dernières législatives, le pays n'est pas attaqué par l'OTAN, selon les affirmations d'Ouyahia, mais par la calvitie. L'Algérie n'est pas visée par un complot, mais par un vieillissement plus terrible. La nation n'est pas menacée par l'Occident mais par les fausses dents. Donc on continue comme avant : fausses réformes, petites libertés, grandes corruptions et disco troisième âge. Des rumeurs, des journaux, des hausses de prix, puis des chiffres et des coups d'Etat entre partis et chefs de partis. Cette lourde fiction qui vous fait tourner le visage vers la mer, s'asseoir au bas de l'immeuble, soupirer, prier, se laver de la terre et de l'histoire nationale puis dormir. Comme dit il y a des jours, il semble qu'il n'y pas d'issue : la valise ou le dentier. Ils finiront tous en noms d'aéroports et nous en ailes cassées peut-être. Non, il y a mieux et meilleure image : un pays où les jeunes donnent leurs noms aux chaloupes, et les vieux guerriers donnent leurs noms aux aéroports. C'est cela la poésie. Naufrage et décollage. |
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