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LE SCENARIO EST PRESQUE PARFAIT

par Aissa Hireche

Ce qu’il y a de particulier chez nous c’est que nous ne savons pratiquement jamais comment doivent se passer exactement les choses. Pour preuve, prenons l’exemple de la nomination du prochain Premier Ministre. Une question que tout le monde se pose et que beaucoup posent. Après la victoire du FLN aux dernières élections, est ce qu’il va y avoir un changement à la tête du Premier Ministère pour permettre au parti de Belkhadem de faire valoir sa majorité ou bien continuera-t-on avec le même Premier Ministre, même si le parti d’Ouyahia n’a pas cette majorité ? Une question qui mérite tout de même réflexion. Alors prenons les choses dès le début.

 Nul n’est censé ignorer les ambitions présidentielles d’Ouyahia. Lorsqu’on a passé tant d’année à diriger les gouvernements d’un pays, de telles prétentions ne peuvent être que légitimes, il ne fait pas de doute. Mais la première question qui se pose alors est la suivante : est-il possible que Ouyahia présente sa candidature à partir de son poste au pouvoir ? Indifféremment de ce que dit la loi électorale sur ce cas, l’intéressé lui-même sait que ce serait courir un gros risque que d’agir de la sorte. Car à un moment où le changement est le mot d’ordre à la mode, il ne fait pas de doute que se présenter à la présidentielle comme une continuité, et non comme alternative, n’attire point et pourrait même répugner certains.

On comprend dès lors que pour cette raison, Ouyahia (s’il tient à améliorer son image pour les prochaines élections présidentielles) devrait quitter le Premier Ministère.

Les élections législatives du 10 mai étaient une belle occasion pour que revienne Belkhadem au Palais du Gouvernement en s’octroyant une majorité aussi grande. Toute autre possibilité de majorité aurait gêné le dé »roulement « naturel » des choses. Le score des partis de l’alliance verte ne pouvait pas être autre car cela aurait posé éventuellement un problème quant au choix du remplaçant à la tête du Premier Ministère. Le remplaçant ainsi trouvé, la seconde question qui se pose alors est celle relative au moment opportun du départ de Ouyahia. Quand devra-t-il le faire? La réponse n’est pas très compliquée : suffisamment tôt mais pas suffisamment tard.

En effet, il devrait céder le Premier Ministère de manière à avoir suffisamment de temps pour faire oublier son implication directe dans ce régime qui doit changer de toutes façons. La foule dit-on n’a pas de mémoire, et certains auront oublié. En même temps cette retraite lui donnera le temps nécessaire de préparer minutieusement son retour.

D’un autre côté, il devrait aussi ne pas partir trop longtemps à l’avance pour ne pas perdre le contact trop vite avec la sphère immédiate des décisions. Il reste maintenant pour les prochaines présidentielles exactement deux ans. Dans l’hypothèse où elles auront lieu au moment prévu. Deux ans c’est encore beaucoup. Partir à ce moment n’est pas « très opportun ». Il est à prévoir donc que le changement n’aura pas lieu tout de suite. Dans quelques semaines, ou peut-être même quelques mois.

Les raisons stratégiques et techniques pour un départ de Ouyahia sont donc réunies. Un dernier départ qui servira, cette fois, à préparer le retour au-devant de la scène. Reste le timing, on ne tardera certainement pas à le savoir. Le scénario est parfait. Enfin, presque…