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Certains d'entre
les malheureux candidats à la nouvelle législature, ont intensément cru au
mirage de la Chambre basse. Pris à leur propre jeu, ils ne rechignèrent devant
aucune invite.
Les bains de foule, les discours ronflants, les envolées lyriques ponctuées parfois même, de débordements lacrymaux faussement émotionnels, émaillèrent ce marathon que d'aucuns abordèrent avec la ferme conviction qu'ils évacueront vite cette formalité. Ils ne se rendaient même pas compte qu'ils étaient placés, consciemment ou inconsciemment, dans un jeu de rôle et dont ils ne pouvaient maitriser le scénario. Eux qui ne connaissaient de la plèbe que les images d'un ghetto urbain réfléchies par une obscure caméra ou une photo prise sur le vif, sont devenus, soudain, condescendants pour s'attabler avec de vieux retraités désabusés ou des jeunes tondus à crête d'Iroquois. Un leader islamiste a poussé l'outrecuidance, jusqu'à plaisanter avec deux jeunes désœuvrés au pas d'un café. Après tout, çà peut-être deux voix porteuses en cas de ballottage. Dès le coup de starter, les machines électorales, de la turbo à la guimbarde pétaradante, se sont ébranlées. Les tirs ayant eu pour cible les tableaux d'affichage réglementaire étaient, en toute apparence, précipités et incertains. Il fallait coller le plus grand nombre d'affiches quitte à piétiner l'espace du voisin. Un bel exercice d'équité pour de futurs législateurs. Il est remarquable qu'aucun des candidats n'a décidé, délibérément, de ne pas afficher sa photo mais plutôt son programme et de ne compter que sur le numéro qui lui est attribué. La technologie de la sérigraphie a, même permis à certains, de faire dans le poster géant à « l'américaine ». Un parti lilliputien issu d'une dissidence islamique, rappelait étrangement par son poster accroché à un immeuble, la bande de Frank Sinatra dans le « Las Vegas » des années fastes de la pègre, avec une « Shirley Mac Laine » en hidjab. Il faudrait d'ores et déjà, prévoir des opérations hors budget pour que les collectivités communales « désaffigent » l'espace public déjà peu reluisant. Ceux qui mobilisaient les caravanes de bus pour remplir des salles omnisports archi-combles, ne semblaient tenir d'aucun facteur de risque. Grisés par le succès d'une victoire éclatante, ils en oubliaient leurs propres coéquipiers en faisant distribuer de petites affichettes frappées de leur seule effigie. Quant au discours, exagérément, pompeux, il ne tenait d'aucune réalité fut- elle locale. Rares, sont les candidats qui placèrent le pays dans le contexte de la mondialisation effrénée des économies nationales laminées par les places financières. Encore moins, ceux qui ont évoqué, la sécurité alimentaire ou sanitaire. Tout le monde offrait du travail sans effort, des logis sans épargne ou un système éducatif élitiste. Le paradoxe faisait qu'on dévoyait le corps enseignant qui est supposé être à la veille d'échéances scolaires, pour mener leur campagne électorale. Ah ! Si l'effort physique et intellectuel fourni pendant ces joutes électorales, était développé en dehors de ce contexte, nous ferions et vite partie des phœnix de ce monde à l'instar des pays comme le Brésil ou la Chine. A propos de ce dernier pays, un documentaire relatant le déroulement des travaux préparatoires de l'Exposition universelle de Shanghai fait parler des ingénieurs en charge des différents modules infrastructurels implantés sur un champ de 5,5 km2, laisse rêveur. Se peut-il qu'un pays anciennement menacé par le spectre de la faim, rappelons-nous « ce bol de riz » à assurer à chaque habitant et opprimé par une démographie démoniaque fasse, en si peu de temps, le pied de nez à une économie occidentale, jadis, conquérante et impitoyable. Les prouesses techniques de ces techniciens de haut niveau, ne leur ont inspiré aucune « grosse tête », mais de l'émotion. Les larmes de joie perlaient leur visage. Ils défiaient ainsi toutes les Silicon Valley, les Wall Street et?autre Amnesty International. Il y a lieu de supposer, que beaucoup de ces ingénieurs alors étudiants, étaient probablement, à Tian'anmen où leur révolte a été écrasée. Depuis lors, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts du Yang Tsé Qiang. Pour revenir, après cette digression, à nos prosaïques préoccupations électorales, nous noterons cette intrusion féminine tonitruante dans l'espace politique (et c'est trop dire à notre sens), car les motivations de cette compétition acharnée n'est pour certains ; que le lustre des salons feutrés et l'iniquité du passe droit érigé en institution admise par la majorité. La femme, « imposée» par les derniers amendements constitutionnels, s'engouffre allégrement dans la brèche du monolithisme machiste et fait le plein de sièges dévolus. Intelligente, elle se fait porter par la vague partisane. Les drames qu'ont vécus, des malheureux « deuxièmes » élus, ensuite éliminés par la primauté féminine ne sont pas près d'êtres oubliés. A portée de main, l'eldorado se dissipa sans recours. Il faut reconnaitre, cependant, à ce suffrage une ou deux convictions battues en brèche : l'idée jusqu'ici admise de jouer et de réussir sur la fibre tribale ou clanique et l'appartenance à une mouvance partisane. Les « ras de marée » constatés çà et là, prouvent encore une fois de plus, que le charismatisme personnel peut venir à bout des réticentes septiques jusqu'à sacrifier des bourrins de la même chapelle. L'exemple illustratif en est, cette octogénaire des Hauts Plateaux, qui après avoir constaté que son favori (le Président Bouteflika) n'était pas sur les 56 listes en lice, a refusé fermement de voter. Après le scrutin et quand tout le monde retenait son souffle, la douche écossaise a ramené à la réalité ceux et celles qui ont pu rêver tout éveillés. Et comme au lendemain de fin de match, tous, s'essayaient à l'analyse du déroulement de l'événement contrairement à ce qui était prévu. A ce titre, une simple réminiscence de la fable « L'ours et les deux compagnons » aurait pu les rendre plus circonspects. Les «pourquoi», « quand », «comment », «où » ne s'imposèrent d'eux mêmes qu'après la «bérézina». On se rendait, amèrement, à l'évidence. Après un certain temps de latence, on réagit pour stigmatiser le mode de scrutin et on met en doute la véracité des résultats qui ont été « manipulés ». On dénonce la fraude, sans beaucoup de preuves matérielles; le leader d'un parti nouvellement agrée, reconnait, cependant, qu'il ne détient aucune preuve mais envisage de se retirer de la vie politique. Cette option, a, au moins, le mérite d'être limpide. Il est, cependant, singulier dans cette société qui pratique la fraude à un degré de raffinement, rarement, égalé que l'on se plaigne de celle-ci. Son seul tort résiderait, certainement, dans son caractère massif. Autrement, les faux certificats de résidence, de maladie, de scolarité sont depuis longtemps passés dans les mœurs. Les fausses déclarations, douanière, fiscale, commerciale sont tellement courantes que tout le monde en fait état comme une prouesse chevaleresque. Des études et autres cabinets « armés » du sceau de l'Etat, officient en dehors de toute vertu professionnelle. Pourquoi donc reproche-t-on à la collectivité de verser dans le faux, quand l'individu, élément constitutif de cette même collectivité, fait quotidiennement dans le larcin. N'a-t-on pas découvert, récemment, que des étudiants admis en sciences médicales ne remplissaient pas les conditions requises pour y être admis ? Alors? En dehors de ceux dont le destin a sombré dans les abysses du silence, les vainqueurs font rallumer les lampions des « zerda » pour remercier leurs électeurs. La ripaille est pour le moment, l'unique voie menant à la reconnaissance du ventre? en attendant d'autres retombées positives. |
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