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Le discours du
président Abdelaziz Bouteflika à Sétif, véritable appel au vote, eut l'effet
d'un catalyseur pour les indécis et même pour ceux qui voulaient carrément
s'abstenir. Une fois de plus, les Algériens ont prouvé qu'ils sont un peuple
émotionnel, bon, paisible, et ne cherche que la paix, bien que certains vissent
en ce discours une incitation implicite au vote FLN.
La bonté de ce peuple cache en fait un phénomène aussi subtile qu'important qui est l'intelligence des masses, dite intelligence populaire collective, un paramètre trop négligé par nos partis politiques. Pris individuellement et séparément, les Algériens semblent d'opinions incohérentes, infondées, diverses et divergentes, mais pris en masse, une vue d'ensemble nous dit tout autre chose, que le peuple suit sa propre logique, son rythme propre à lui, il sait ce qu'il doit faire au moment où il doit le faire, cette psychologie des masses, notre bon vieux parti du FLN le sait et sait comment l'exploiter merveilleusement, puisant, d'une part, dans l'histoire glorieuse ancrée à jamais dans le conscient collectif des Algériens, âgés en moyenne de 55 ans et plus, de l'autre, des réalisations récentes, dont la plus importante et non des moindres est la paix sociale rendue possible et qu'il faudra consolider car non achevée à mon estime et qui a permis à l'Algérie traumatisée par un conflit interne des plus meurtriers de respirer enfin un air de calme et de paix relative, les Algériens nés avant 1998 savent de quoi je parle. D'autre part, certaines franges de la société trouvent leurs comptes dans cette gestion, les satisfaits du système sont nombreux, les bénéficiaires sont donc aussi nombreux et appartiennent d'ailleurs à diverses classes sociales. Vote de peur (du futur), ou de raison (pour consolider la paix et le calme social acquis avec peine et douleur), les Algériens craignaient en fait d'être jetés à l'aventure, d'ailleurs, ils ont vu comment les changements fusent-ils dans les pays arabes, traumatisants, opérés à coups de sang, de larmes et de destruction. Que l'on soit d'accord avec la ligne de gouvernance du FLN ou non, que l'on soit fatigué de cette gestion chaotique et parfois stupide de la chose publique ou pas, la réalité est là pour nous faire comprendre une vérité immuable, que le peuple à des raisons que la raison ne comprend pas ! Tout calcul fait, le peuple (les votants) n'a pas tort du tout en réalisant ce vote. D'une part, il a pénalisé la mouvance religieuse, toutes doses confondues, laquelle, depuis longtemps, n'a pas été claire dans son rapport avec le système de gouvernance et sa volonté explicite d'un changement profond. Elle a plutôt joué le jeu du système en donnant l'impression d'être un outil entre les mains de l'establishment qui l'a élevée à ce niveau, promue à ce rang; elle représentait en fait l'une des facettes de la trinité politique qu'a voulue le système, avec le père «FLN», le fils «RND» et le Saint-Esprit que cette mouvance représentait, sachant que la portée religieuse est si chère aux yeux des Algériens. Cette mouvance trop affaiblie agissait comme celui qui «dansait avec le Diable tout en louant le Seigneur», voulant coûte que coûte se frayer un chemin doucement, discrètement et par petites saccades à travers un amas de rocs basaltiques imprenables. Ainsi, ils ont payé le prix de l'ambiguïté de leurs discours et positions politiques. D'ailleurs, le ministre de l'Intérieur l'a si bien dit: «Ça été un vote- refuge pour les Algériens». Il n'avait pas tort du tout M. Daho Ould Kablia en disant cela. C'est-à-dire en votant FLN, les Algériens se sont réfugiés dans l'histoire que représente le FLN pour éviter d'être jetés dans le chaos, l'inconnu et l'aventure avec des partis anonymes. Le vote-sanction a coûté cher aux Algériens que nous sommes, et cela le conscient collectif en a pris un coup dur. L'intelligence collective des masses et sa dimension émotionnelle, exprimée notamment et clairement lors des événements du 05 Octobre 1988, après le discours de Chadli, le peuple fait un virage de 180° et est sorti applaudir Bendjedid malgré le sang qui a coulé. Pour vous dire, ces paramètres si importants et si déterminants lors de toute consultation populaire sont le cheval de Troie du FLN, le RND, lui, est encore en train de maîtriser cet aspect de la psychologie des masses mais pas aussi efficacement que le FLN. Dépourvu de cette portée et charge historique qu'a le FLN dans le conscient collectif des Algériens, le RND semble puiser dans d'autres sacs, lire dans d'autres registres. La lutte contre le fondamentalisme religieux, combattre le terrorisme en sont un, participer à la construction du pays en est l'autre. Pour ce qui est des partis politiques créés à la hâte, quelques mois avant le scrutin, pour combler les pièces manquantes dans l'échiquier démocratique d'une Algérie qui venait de recevoir en plein fouet le souffle des changements «démocratiques», dramatiques et imprévus dans les pays voisins, ces partis pour la plupart anonymes et non repérables dans le conscient collectif des Algériens, même si le discours qu'ils tenaient portait sur des thèmes qui chatouillaient la sensibilité des Algériens en évoquant notamment certains problèmes importants telles la justice sociale, l'équité, l'économie, la jeunesse, le service public, mais ils ont été lancés dans une course perdue d'avance qui, en tout état de cause, n'avaient de chance à remporter. Ils ont opté pour l'aléatoire et le facteur chance, mais dans la logique et l'intelligence des masses, ce paramètre n'a malheureusement que peu de probabilité de réalisation; ils savaient tout cela, malgré tout, ils se sont lancés dans la course quand même, et maintenant qu'ils viennent de perdre, ils crient au trafic ! Comme d'habitude, c'est la même eau qui coule, c'est la même chanson qui fait danser la foule. Le FLN et le RND se trouvent maintenant au pied du mur, dans un tournant historique de la vie politique du pays, ils sont investis d'une grande responsabilité à laquelle ils n'ont nullement le droit de faillir, l'échec est impardonnable, voire condamnable, leur marge d'erreur est quasiment nulle, car tous les ingrédients de la réussite se trouvent réunis, la manne financière y est, le pétrole tape son plein, son prix est à son apogée, une population docile et jeune, laquelle, contrairement à celle d'avant qui choisissait ceux qui la gouvernaient ou (les plébiscités), ne se posera pas la question de qui va gouverner mais de comment va-t-il gouverner. Le facteur humain y est donc, des jeunes qui ne cherchent qu'à être canalisés, motivés pour travailler et rayonner un marché vierge qui fait couler la salive des investisseurs étrangers, une stabilité qui envie nos voisins. Alors au travail messieurs ! Si avant, le peuple vous a pardonné vos erreurs car la charge historique que vous ne cessiez d'exploiter pesait encore dans ce conscient populaire collectif se trouve désormais presque épuisée. En effet, cette génération, dans l'histoire, n'a pas une si grande importance ni d'impact dans son cœur et qui n'a pas vécu le terrorisme des années 90 pour en être traumatisée, vous jugera durement et uniquement par vos réalisations et ne restera pas tétanisée, ni inerte, croyez-moi ! Le Président historique des Algériens, M. Bouteflika ne sera pas là pour les arrêter hélas ! Nous demandons donc plus de droits, de justice, nous réclamons notre droit à être considérés comme des partenaires à part entière dans la gestion de notre pays pour le bien-être de tous, et le respect des libertés individuelles et collectives, pousser la concorde civile à ses limites les plus tolérables, la balle se trouve maintenant entre vos mains messieurs, nous vous disons une seule chose: ne laissez pas l'histoire nous confisquer notre futur, c'est tout. Bonne chance ! |
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