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« L'industrie
cinématographique a été un des grands ratages de notre économie. Dans les
années 60-70, des centaines de salles de cinéma ( 424 en 1962 et 304 en 1979,
45 000 000 d'entrées en 1973, date du décollage de la télévision et 22 500 000
en 1980 ) ce qui en faisait le marché le plus important d'Afrique et du monde
arabe, une école de formation, une cinémathèque enviée, une critique
cinématographique de qualité au sein d'une presse pourtant limitée
quantitativement et contrôlée politiquement? et des projets ambitieux?». Tel a
été le constat de Belkacem AHCENE DJABALLAH dans sa chronique du jeudi 12 avril
du «Le Quotidien d'Oran» sur le 7è art dans notre pays. Il continue l'oraison
funèbre en rappelant ce que le défunt Abdou B. en a dit, sous forme d'épitaphe
: «Le cinéma algérien, c'est fini»? «Mais l'Algérie a besoin de films, longs,
courts, documentaires, de fiction, nationaux, importés ou non?car l'Algérien a
besoin de rêves, de mythes, d'ambitions, de projets, d'évasions, de
rencontres?» selon un autre spécialiste plus tranchant (Ahmed Cheniki) écrit-il
encore.
Oui ! Le mot est lâché : «l'Algérien a besoin de rêves, de mythes, d'ambitions, de projets, d'évasions ?». Quel est ce virus qui a contaminé la société qui est la nôtre, au point où l'on efface le sourire enfantin, la joie puérile et la gaieté toute simple ? L'exemple le plus illustratif, nous est donné par cet éphèbe du JT de 20 heures et dont on n'arrive même pas à retenir le nom. En dépit de sa fière allure, il communique par, on ne sait quel médium, une crispation irritante. Le ton, obséquieusement monocorde enlève toute tonalité à l'information. On est sidéré par ce prodige de 3 ans qui récite, sans comprendre, des dizaines de versets du Saint Coran. Ses parents qui l'ont mûri avant terme, l'exhibe tel un trophée conquis sur l'adversité de l'anonymat. La morgue, s'est saisit de toute convivialité. On feint le recueillement aux alentours de «l'Inquisition», mais on se déprave jusqu'à la souillure hors vue. Oui, le cinéma, est cette grande école de la vie où il est offert à l'individu des choix multiples. De grandes nations en ont fait le brise glace qui les a libérées des banquises de l'isolement. Rappelons-nous à titre d'exemple, «Le Cuirassé Potemkine» de Serguei Eisenstein sorti en 1925 à l'apogée du bolchévisme, et considéré comme le plus grand film de propagande de tous les temps, ou encore «Naissance d'une nation» de D.W Griffith sorti en 1915 en plein, Première Guerre mondiale et qui faisait l'apologie des tares d'une nation qui sortait fraîchement d'une guerre civile. Mohamed Lakhdar Hamina, l'enfant prodige du Hodna, n'a-t-il pas fait plus que beaucoup de diplomates, en plaçant son pays sous les feux de la rampe avec sa «Chronique des années de braise» ? Il restera au demeurant et pour longtemps, le seul cinéaste du Tiers monde de cette époque, à avoir arraché au cinéma mondial sa prestigieuse palme d'or à Cannes. Le cinéma américain, plus que tout autre au monde, s'est résolument mis à la disposition de tous les cartels, du crime organisé à la politique impérialiste. Le florilège de films à la gloire de la mafia américano sicilienne dans le Chicago des années 30 en plein déprime économique, est d'anthologie. Georges Raft, gangster notoire, est devenu par le miracle du cinéma, un acteur de premier plan tout comme Ronald Reagan, rancher et acteur de deuxième zone, qui est devenu le 40 è président des Etats Unis d'Amérique. L'industrie du cinéma occidental, américaine notamment, ne cachait nullement la judaïté de ses mentors. Que ce soit à la Warner, la Métro ou encore Paramount, tous les péplums bibliques sublimaient le juif persécuté par la tyrannie. On justifiait le génocide exercé par les hordes de la «Haganah» de Menahem Begin sur le peuplement arabe du Moyen Orient, par l'image et autant que faire se peut, par la fresque filmique relatant les chemins de croix du peuple juif, si tant l'assimilation d'un peuple, peut être apposée à une communauté religieuse. La couleur et le cinémascope tombaient à point nommé pour «en mettre pleins les yeux» aux crédules masses «cinéphilisées» par le merveilleux de l'aventure. On vendait, pour un moment, du rêve à bas prix. Issus de toutes les couches sociales, le spectateur, plongé dans l'obscurité d'une salle de projection, pouvait voir le même film, avec son patron, son chef hiérarchique, son maître ou son persécuteur. Au retour de la lumière, chacun regagnait sa chaumière ou son châtelet, le cortex bien formaté. Le cycle des péplums au temps du cinéma muet, était inauguré par la sinistre «Déclaration de Balfour», Premier ministre britannique, qui pour s'attirer les faveurs du lobby sioniste, lui proposait l'installation du peuple juif en Palestine en première intention. Le but réel, était l'entrée des E.U dans la Grande guerre qui se déroulait en Europe. Chacun allait de son tour de manivelle pour réaliser «Intolérance», «Cléopâtre», «Ben Hur», «Samson et Dalila» et bien d'autres films- alibis. Dès la première Guerre israélo arabe de 1948, les Mayer et consorts, réactivent l'infernale machine de propagande qui s'insinue dans l'inconscient collectif des propres adversaires d'Israël. Et c'est ainsi que de 1948 à 1959, les sagas hébraïques tombaient, comme réglées au rythme d'un métronome. Passé maître, dans l'art de renverser la vapeur en faveur des exterminateurs, le cinéma US a tellement manipulé les masses par le faste débaucheur qu'il en a fait des otages atteints, tous, par le syndrome de Stockholm. Le paradoxal dilemme se trouve justement, dans le rejet dogmatique de l'impérialisme américain mais, en même temps, dans la fascination mythique pour le rêve éponyme (The américan way of life). Dès l'entrée en guerre des USA dans le deuxième conflit armé mondial, le G.I débonnaire affalé dans sa jeep «Pygmée», mâchonnant du «chewin gum» tenant fermement sur son genou, sa «carabine US» subjugue insidieusement, l'esprit des foules qui se soumettent docilement, non pas, par une quelconque crainte de violence physique, mais tout simplement par le modus-vivendi imposé par la modélisation. Le cinéma idéologique ayant déjà préparé les opinions, par de petites touches anodines, il n'était nul besoin de forcer les serrures pour une intrusion consciemment consentie. Le film culte le plus abouti du «rêve américain» a, probablement, été «Géant» sorti en novembre 1956. Il mettait en vedette, l'aristocratique anglaise du cinéma (Elizabeth Taylor) entourée du texan démesuré (Rock Hudson), de l'anticonformiste (James Dean, dont c'était la dernière apparition) et du métèque Sal Minéo (de souche italienne). Le détonant casting, renseignait sur les intentions de Georges Stevens, le réalisateur. Il y montrera cette Amérique créée par la spoliation, l'ethnocide et l'injustice raciale qui se réconcilie avec elle-même. Elle enverra au casse pipe : les noirs, les hispaniques, les amérindiens bien avant qu'elle ne leur reconnaisse, dans les faits, leur américanité. Ce ne sera que quelques années plus tard, que le mouvement pour l'émancipation des gens de couleur, s'imposera comme force politique militante pour les droits civiques. Il aura subi, entre temps, la persécution policière, l'emprisonnement et parfois même, la liquidation physique. Stanley Kramer, tentera de symboliser en 1958 dans «La Chaîne», la communauté de destin des peuples blanc et noir... mais le chemin à parcourir est encore long. |
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