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Le continent africain ne focalise trop souvent sur lui
l'attention des opinions et des médias internationaux que par des évènements
pitoyables mais toujours tragiques pour ses populations. Justifiant ainsi les
jugements dévalorisants que les nostalgiques des «bienfaits de la colonisation»
émettent le concernant. Aussi, quand dans le continent il se produit un
évènement infirmant que les Africains ne sont pas capables du meilleur, il faut
en valoriser la survenance. C'est le cas de celui dont le Sénégal a été le
théâtre. Jusqu'à dimanche soir, l'inquiétude a régné sur la démocratie
sénégalaise, l'un des rares îlots de cette nature sur le continent. Il y avait
de quoi en effet nourrir l'appréhension sur la capacité des Sénégalais, peuple
et classe politique, à la sauvegarder. L'élection présidentielle dans leur pays
a donné lieu à des comportements et à des affrontements qui la justifiaient. Citoyens
et hommes politiques sénégalais ont toutefois fait preuve de maturité et
sauvegardé leur démocratie malgré la rudesse de la campagne électorale et les
dépassements dont elle fut émaillée.
Il y a beaucoup à dire sur le président sortant Abdoulaye Wade, qui a tenté de s'accrocher au pouvoir au risque de mettre en péril cette démocratie sénégalaise exemplaire sur le continent. Il faut néanmoins saluer l'éclair de lucidité dont il a fait montre en acceptant dignement le verdict du suffrage universel. Le «naufrage de la vieillesse» n'est pas tel finalement chez lui qui lui aurait fait choisir de «tuer la démocratie» pour rester au pouvoir. La démocratie a triomphé au Sénégal, prouvant ainsi que la fatalité des régimes grandguignolesques n'est pas inscrite dans les gènes des Africains. Le mérite de la démonstration en revient à tous les acteurs sénégalais de cette élection présidentielle. Le président, dont on a dit qu'il a admis «sportivement» sa défaite alors que de sombres desseins lui ont été prêtés en vue de garder le pouvoir. L'opposition qui s'est unie pour le battre mais en restant dans la légalité. Le peuple sénégalais qui, enfin, a fait preuve d'un remarquable sens civique et d'attachement à cette démocratie qui singularise son pays sur le continent. L'Afrique trouve motif de fierté dans ce qui vient de se passer au Sénégal et raison d'espérer en l'exemple qu'il donne que l'alternance démocratique est possible sur le continent. L'exemple sénégalais tord le cou également à l'autre préjugé, élevé au rang de vérité, qui postule que les sociétés où prédomine la religion musulmane seraient réfractaires à la démocratie. La population sénégalaise, à 90% musulmane, a fait la preuve du contraire. Il faut le souligner fortement, car les politologues et médias occidentaux islamophobes s'empresseront d'occulter cet aspect de la leçon administrée par les Sénégalais. Le nouveau défi que le Sénégal et son nouveau président ont maintenant à relever, c'est celui de conforter encore plus leur démocratie et d'en faire l'inspiratrice des politiques de développement dont leur pays a besoin pour répondre aux attentes sociales citoyennes. |
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