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Les autorités libyennes ne savent plus quoi faire avec les
milices qui ont vaincu le régime de Kadhafi. Des milices encore lourdement
armées et qui contrôlent notamment Tripoli, mais surtout les postes-frontières, des aéroports et des zones maritimes. Plus
globalement, ce sont les milices, comme celles de Zenten
ou de Misrata, qui ont le contrôle de la capitale
libyenne, et font pratiquement la loi. Une situation qui risque de dégénérer en
guerre civile dans un pays où ni l'armée complètement disloquée, encore moins
la police n'ont réussi à s'imposer face à des bandes lourdement armées et
organisées qui, en plus, revendiquent une légitimité née de la lutte contre le
régime de Kadhafi. Dès lors, le Conseil national de transition (CNT) est obligé
de sortir la grosse artillerie pour se faire entendre. Il a, dans un communiqué
en date du 21 févier, sur son site Internet, lancé un ultimatum appel à ces
groupes incontrôlés pour qu'ils libèrent les positions qu'ils détiennent. «Tous
les points de contrôle frontaliers, terrestres, maritimes et aériens doivent être
remis au ministère de l'Intérieur (...) dans un délai de deux semaines», indique
le communiqué du ministère libyen de l'Intérieur.
Pour l'heure, l'appel ne semble pas avoir été entendu. Et, pour compliquer les choses, les autorités libyennes, qui avaient un moment accusé les pays voisins de ne rien faire pour verrouiller leurs frontières, les appellent de nouveau pour une rencontre régionale où la question du contrôle de ces frontières sera le principal motif d'inquiétude. Le gouvernement libyen, un temps arrogant avec ses voisins, a revu ses prétentions à la baisse et leur a pratiquement lancé un «SOS» afin de l'aider à mieux sécuriser ses frontières. Après la fin de la révolution libyenne, une circulation inquiétante d'armes de guerre, dont des missiles de longue portée, un trafic d'armes à ciel ouvert tenu par certains groupes de «Thowars», et l'apparition de mouvements inquiétants liés à des groupes terroristes menacent en fait autant la sécurité de la Libye que celle de ses voisins. Le degré de représentation des participants à ce conclave, dont de hauts responsables des ministères de la Défense et de l'Intérieur de l'Algérie, du Tchad, d'Égypte, du Niger, du Mali, de Mauritanie, du Maroc et du Soudan, ainsi que des experts en sécurité de chaque pays, donne le ton sur l'importance qu'accordent les autorités libyennes à la sécurité du pays et le verrouillage de ses frontières. Il en est de même pour les pays frontaliers, profondément préoccupés par cette situation. Autant pour surveiller le trafic d'armes que de l'entrée de groupes armés. Pour autant, l'objectif principal des autorités libyennes est que les pays frontaliers s'impliquent davantage pour neutraliser les groupes armés libyens, notamment ceux qui contrôlent les postes-frontières. A Ras Jedir, à la frontière avec la Tunisie, tout le monde sait que les forces du CNT n'ont pu déloger le groupe qui le détient. Ce cas de figure renvoie à une image grandeur nature d'une Libye qui s'achemine inexorablement vers la guerre civile si les dirigeants du CNT s'obstinent à souffler le chaud et le froid avec leurs voisins. D'autant que tous les experts militaires savent que le CNT ne contrôle pratiquement pas les milices, alors que la circulation massive d'armes contribue également à son affaiblissement, favorisant le pouvoir des milices. |
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