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Engagée dans un esprit d'action unitaire par cinq syndicats
autonomes, la grève illimitée ayant paralysé la semaine dernière le secteur de
l'Education nationale s'est étiolée et prend fin dans la confusion. Tandis que
certaines de ces organisations ont annoncé qu'elles gèlent le débrayage, d'autres
par contre font durer le suspense en laissant planer la menace de sa poursuite.
Cette cacophonie dans les rangs syndicaux était prévisible dès lors qu'il est apparu qu'il n'y avait pas d'identité de vue en leur sein sur l'attitude à avoir au cas où l'administration ferait preuve de sa volonté de privilégier la voie de la négociation. Or, c'est justement ce que le ministère de l'Education nationale a choisi de faire. Dans ces conditions, la poursuite de la grève n'est plus acceptable pour une majorité dans l'opinion publique. Ce que les syndicats ayant décidé d'arrêter la grève ont manifestement compris. Au-delà de la satisfaction immédiate des revendications de leur mouvement que les syndicats ont espéré arracher aux pouvoirs publics par la pression d'une grève paralysante, ces syndicats ont tout de même obtenu, à notre avis, l'essentiel, qui est qu'ils sont désormais reconnus en tant qu'interlocuteurs et partenaires sociaux incontournables. Benbouzid et les autres responsables de l'administration de l'Education nationale ne peuvent plus revenir sur cette reconnaissance. Ils peuvent tout au plus arguer que la négociation avec ces syndicats pose problème du fait qu'ils sont divisés sur les solutions aux revendications cause du mouvement de grève. Le ministère a incontestablement marqué un point contre ces syndicats en annonçant, avant même l'entame du débrayage, qu'il a accédé à la quasi-totalité de leurs principales revendications. Annonce qui a incontestablement contribué à rendre moins «légitime» le débrayage maintenu puis engagé par ces syndicats, au motif que «les ouvertures tardives du département de Benbouzid sont insuffisantes et ne constituent pas de réponses concrètes à la totalité des revendications contenues dans leur plateforme». Leur reconnaissance en tant que partenaires sociaux à part entière impose maintenant aux syndicaux autonomes qu'ils renoncent à l'énoncé «d'exigences scellées et non négociables». Bien sûr que ce statut qu'ils ont arraché de haute lutte n'exclut pas le recours à la grève de leur part dans des situations où cette forme de pression devient inévitable pour obliger l'administration a être moins fermée sur l'approche des questions sociales. Il faut par conséquent qu'au-delà des différences qui les distinguent, les syndicats autonomes apprennent à accorder leurs violons en matière de défense des intérêts des travailleurs du secteur de l'Education nationale. Le meilleur cadeau qu'ils feraient aux pouvoirs publics en recherche d'arguments confortant l'image d'eux d'organisations mues par le «radicalisme irresponsable» qu'ils veulent imposer dans l'opinion publique, serait celui qu'ils se laissent aller à faire de la surenchère en termes de revendications et de solutions à leur apporter. Ce n'est pas charger les syndicats ayant appelé à cette dernière grève dans l'Education nationale en considérant que leur initiative est loin d'avoir suscité l'approbation citoyenne large qu'ont recueillie leurs précédents mouvements de même nature. Ils doivent désormais faire attention à ce que les citoyens n'aient pas de raisons de changer d'avis sur le mouvement social des enseignants. |
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