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Le général Vo Nguyên Giap a fêté son centième
anniversaire le 25 août. Le plus grand général de l'Histoire, toutes catégories
confondues, a ainsi survécu à tous ceux qu'il a combattus et défaits pour la libération de son pays,
le Viêt Nam. Plus grand général assurément, puisqu'il a conduit une armée de
guérilla à la victoire
sur deux des principales forces militaires occidentales. Giap
n'a été ni un conquérant ni un tyran, mais bien plus que cela. Il reste à juste titre dans les mémoires de tous les hommes et femmes
libres comme un libérateur.
L'éminent stratège de la débâcle colonialiste de Diên Biên Phu, en mai 1954, a été l'inspirateur des succès de l'armée vietnamienne face à la gigantesque machine de guerre américaine, obligée de fuir Saïgon dans la panique, tandis que les chars de l'armée populaire enfonçaient les grilles du palais du président fantoche, un certain 30 avril 1975. Vo Nguyên Giap, soldat formé dans la résistance à l'occupant, n'est pas le produit d'une académie militaire. Nationaliste de la première heure, le jeune Giap, professeur d'histoire, rejoint la seule force politique nationaliste et populaire de l'époque, le Parti communiste, dirigé par Hô Chi Minh. Issu d'un peuple dont il ne s'est jamais séparé, le général Giap n'a pas versé dans le conformisme stalinien : pour le théoricien de la guerre populaire, la nation ne peut se concevoir sans le peuple. En cela, il prenait ses distances avec la conception autoritaire et dogmatique des nouvelles élites de pouvoir à Hanoï. Il a donc, malgré la gloire et l'histoire, été évincé en 1982 de la direction du Parti communiste par la bureaucratie incarnée par Le Duan et Le Duc Tho. Sa mise à l'écart ne l'a jamais empêché de dénoncer les dérives. Il a même été jusqu'à déclarer publiquement que le Parti communiste était devenu «un bouclier pour la corruption». Giap a toujours été un homme libre. Sa pensée marquée par l'immense respect qu'il porte à son peuple, son socialisme n'a jamais été celui du culte de la force mais celui du réalisme. La définition qu'il a du socialisme mérite d'être méditée : «C'est l'indépendance et l'unité du pays. C'est la liberté et le bien-être des gens qui y vivent. Et c'est la paix et l'amitié entre tous les hommes». Le grand soldat est d'abord un humaniste. Le général Giap occupe une place particulière dans le cœur de nombreux Algériens. Il a été, à la tête de l'armée vietnamienne, un préfigurateur de la guerre de libération du peuple algérien et un inlassable militant anti-impérialiste. Les anciens se souviennent d'un discours du général à la salle Harcha et de son mémorable «L'impérialisme est un mauvais élève, il ne retient pas les leçons de l'histoire !». L'enseignement de Giap peut paraître suranné. Mais de l'Irak à l'Afghanistan, en passant par le sort réservé au peuple palestinien, l'on peut constater que, si le discours de la domination a changé, le recours à la force est toujours le moyen de prédilection de ceux qui veulent maintenir un ordre injuste. Giap continue à inspirer tous ceux qui luttent pour un monde meilleur, débarrassé de la tyrannie et de l'exploitation. Joyeux anniversaire et longue vie au général Giap ! |
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