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Imaginons un
instant qu'avant le déclenchement de l'étincelle du 17 février 2011 des
manifestants de Benghazi, Kadhafi, sur les conseils savants de ses proches,
aurait immédiatement ouvert le dialogue revendiqué par les manifestants.
Il n'aurait certainement jamais connu un si dérisoire et triste épilogue offrant au monde entier, une fois de plus, une image désolante conséquente du sous développement du monde arabe où tout devant être strictement réglé par la loi des armes. Le feuilleton libyen ne semble pas s'arrêter en si mauvais chemin, il va encore produire d'autres victimes jusqu'à sa pacification totale. Au lieu de tout cela, il est sorti, quelques jours après, telle une hantise, sur les écrans de télés du monde entier dans un discours provocant et défiant son peuple avec son fameux et désormais célèbre «Zenga Zenga, Dar, Dar, Beit, Beit, Sbebr, Shebr» qui a encore donné à l'univers médiatique un autre spectacle dérisoire, une autre facette de celui qui s'est cru après 42 ans de gouvernance, non pas seulement président, mais guide éternel et inspirateur de sa révolution dépassée par le temps et par l'espace. Pire encore, il a installé sa famille dans son sillage en éliminant petit à petit la plupart de ses camarades du 1er Septembre 1969. Après le père, c'est au tour du fils Seif autoproclamé, officiellement sans aucune fonction officielle dans les faits, qui est apparu sur les petits écrans, d'un autre ton menaçant tous les libyens d'une cruelle fin qui prédisait à son pays un bain de sang indescriptible. Il n'a fait qu'approfondir son pays dans sa crise multidimensionnelle. Aucune autre issue n'était alors possible ni envisageable sauf celle de la violence. Pas si loin que ça, en 2010, le père est allé jusqu'à causer une crise diplomatique avec la Suisse pour avoir osé arrêter l'un de ses fils en l'occurrence Hannibal pour maltraitances envers ses domestiques. Il se croyait tout permis avec ses pétrodollars. Le pays devient alors une histoire familiale avec la Libye à son exclusif service. Le père est allé jusqu'à appeler les musulmans à la guerre sainte contre ce pays pour une affaire de simples droits communs. La messe est dite pour le reste de ses sujets. Ils n'avaient pas droit à la parole, celle du guide, du grand révolutionnaire leur suffisait largement. Il a toujours considéré ce peuple comme un petit adolescent mineur qui ne doit absolument pas réfléchir, créer ou proposer. Tout est lui insufflé par son extravagant chef spirituel. Pourtant il n'avait que 27 ans lorsqu'il avait pris le pouvoir sur un coup d'état. Les jeunes libyens d'aujourd'hui, qui ont son âge d'hier, n'avaient pas le droit de rêver ni d'imiter le chef dans sa révolution, il leur a déjà choisi l'élu heureux qui était son fils Seif tout désigné pour hériter tout le pays. Il ne doit écouter que son éloquence où tout mot sorti de sa bouche était considéré comme une parole divine à dévorer à volonté. Il a créé son univers propre à lui, son temps s'est arrêté il y a quarante ans. Depuis, Il n'a plus évolué. Ses fantasmes se sont accentués au grand malheur de ses quart-citoyens. Il ne s'était pas fait monter pour rien sur le trône du « roi des rois africains » pourtant il haïssait à ses débuts révolutionnaires la royauté en destituant son roi Idriss de Libye. Les temps ont changé, la folie des grandeurs a fait sensationnellement son effet. En poursuivant sa politique de la terre brulée, il a donné une occasion inouïe à l'occident, sous le couvert habile de la protection des populations civiles, de s'en débarrasser à moindres frais qui pourtant leur a ouvert toutes les portes et tous les champs pétroliers depuis que les sanctions de 92 imposées par l'ONU à son pays aient été levées. Il est aussi revenu à de meilleurs sentiments en reconnaissant et en dédommageant l'occident pour tous les morts causés aux leurs après l'attentat de Lockerbie en 1988 et celui du vol d'UTA l'année suivante. L'occident avait fermé l'œil mais sans doute pour obtenir la part du lion sur les richesses de son pays. Par sa politique unilatérale et déformée, il s'est mis tout seul dans une position inconfortable de faiblesse devant l'occident identiquement à la situation d'aujourd'hui. Après l'économie, c'est le domaine politique qui est visé par l'occident grâce à ce nouveau dessein inventé. Les insurgés réfutent l'idée de brader les ressources pétrolières de leur pays aux occidentaux puisqu'ils affirment ne respecter que les accords et les largesses conclus par Kadhafi à ces pays. Certainement, beaucoup de choses vont changer sur le plan géostratégique dans la région du fait de l'alignement de la future Libye sur les pays qui l'ont aidée à se débarrasser de celui qui se croyait être le guide suprême à vie. On va dire que c'est tout à fait normal puisque dans les années 60, la plupart des pays du sud nouvellement indépendants, avaient suivi l'union soviétique et tout le giron socialiste dans leur idéologie pour les avoir aidés à se libérer du joug colonialiste. Notre pays n'a-t-il pas adopté l'option socialiste au lendemain de l'indépendante pour ensuite virer dans tout libéral une fois que le mur de Berlin s'était écroulé et la crise qui s'en est suivie ? C'est du donnant-donnant dans toute transaction politique ou économique. C'est ainsi que le monde des intérêts communs fonctionne. Si les pays arabes avaient vu juste dès le départ, ils auraient aujourd'hui recueilli toutes les remerciements des nouveaux dirigeants et épargner ce pays d'une autre allégeance qui va bouleverser toutes les données de la région. Cela fait vraiment mal à les entendre louanger les mérites de leurs sauveurs. On les avait laissé se débattre tous seuls pour les voir ensuite tomber dans les bras de l'OTAN. On ne va pas les dénigrer jusqu'au bout ni les accuser d'aucuns remords. Ils ne vont plus nous écouter. Au contraire, ce sont eux qui vont nous reprocher de n'avoir pas répondu à leurs appels au secours aux pays supposés frères. Ce ne sont que les conséquences de nos politiques désastreuses à tous de points de vue qui ont mis en marge toutes les compétences et en laissant toutes les médiocrités s'installer dans la durée. Pourtant l'affaire koweitienne est toujours présente dans les esprits pour nous rappeler que l'invasion de ce pays par Saddam a falsifié toute la carte de cette partie du monde. L'occident n'a fait que se combler des faux-pas inexcusables des gouvernants arabes en général. L'illégitimité de ces derniers les pousse à commettre encore plus d'erreurs d'appréciations du fait de l'absence de débats profonds au sein de leur société. Les voix des maîtres du moment priment sur tout autre choix. Ce ne sont pas de purs hasards de l'histoire si les pays arabes connaissent actuellement beaucoup de désordres à cause des problèmes laissés en suspens tels que les libertés individuelles, la situation des droits de l'homme, la faiblesse des systèmes éducatifs, etc. S'il vénérait autant son peuple ou du moins s'il était éclairé comme il le prétend et s'il avait retenu les leçons tunisiennes et égyptiennes, il aurait pu éviter ce scénario catastrophe à son pays qu'il a dirigé pendant plus de 4 décennies sans donner la moindre occasion d'expression à ses gouvernés. Il aurait aussi pu déjouer tous les stratagèmes de certains cercles occidentaux à travers les réseaux sociaux d'Internet qui ont trouvé des terrains fertiles pour toutes les manipulations comme l'affirment certains autres analystes et experts depuis que les révolutions arabes se sont éclatées. La meute est lancée et tous les médias du monde avaient ouvert des pages spéciales pour suivre en direct l'actualité qui s'accélère impitoyablement sur le terrain. Tous les observateurs ont vu la fin imminente sauf celui qui l'a déclenché par les erreurs d'appréciation commises sur les profondes aspirations de son peuple qui attendait de prendre sa revanche. On ne peut repousser l'histoire au-delà ses limites lorsque son heure ait sonné. Il n'a pas su entamer un dialogue à temps avec son peuple. Il a préféré être hautain. Ce n'était pas à la plèbe de décider mais c'était à lui de forger son destin. Plus de 6 mois ont servi à défaire celui qui se croyait intouchable. Ce n'est pas encore fini avant que ce cauchemar causerait davantage de morts et ferait couler beaucoup de sang qui ne semble ne rien coûter. On doit retenir la leçon et la méditer à profusion. |
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