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Depuis le dernier
discours du président de la république du 15 avril 2011 par l'annonce de
réformes profondes dans les structures de l'état algérien, bon nombre
d'observateurs avertis ont acclamé à chaud l'initiative mais sont restés par la
suite sceptiques quant à la manière de conduire le pays vers une seconde république
comme l'avaient qualifiée certains.
Déjà au départ la suspicion des antagonistes est grande, autant abolir toutes les entraves qui puissent nuire à la démarche réformatrice. Le concours de tous garantirait le succès d'une aussi grandiose opération dans les textes mais dans les faits, c'est une autre paire de manches. Il n'est point de l'avenir des individus mais c'est celui du pays et des futures générations qui se trouve en jeu. L'Algérie est en train de gémir, ne la décevons pas une fois de plus. Elle ne pourrait jamais nous pardonner au jugement dernier d'avoir souillé sa terre et hypothéqué son destin. Le choix de la composante de la commission chargée de mener les discussions et de recueillir les propositions des différentes parties a quelque peu freiné l'ardeur de beaucoup d'acteurs sur la scène nationale en particulier ceux de l'opposition et de différentes personnalités politiques, pourtant ayant fait parties du sérail, qui doutent sur l'aboutissement jusqu'à son terme d'une Algérie nouvelle. Il aurait été souhaitable de la confier à des personnalités indépendantes organiquement d'un parti politique ou d'une structure étatique, non pas que l'on soit réticent sur l'intégrité de ses actuels membres, mais pour donner un puissant signal à tous les algériens de tous bords. On ne peut pas être juge et partie pour mener à bon port l'Algérie de demain. Et puis, l'Algérie n'est pas aussi stérile que ça, ni qualitativement ni quantitativement pour avoir produit et marginalisé des compétences dans tous les domaines. Ça y va de sa survie. L'histoire ne nous épargnerait jamais des occasions inouïes qu'on est entrain de gâcher pour le bien être, la prospérité et le développement du pays. Il est temps que l'Algérie soit mise sur de bons rails dans un monde qui est impitoyable pour les faibles et les fragiles. Si on rajoute à cela les innombrables partis, syndicats, associations et personnalités politiques, conviés par la commission Bensalah, la méfiance vous envahit de nouveau et sème l'incertitude dans votre esprit. A leur vue, vous attrapez aussitôt un froid dans le dos. En effet, il existe certains partis dont on n'a jamais entendu parler par une quelconque activité, pas une infime déclaration même au moment des derniers bombardements de Ghaza ou une réunion de ses instances depuis des lustres. Voilà qu'ils sont superbement ressuscités au grand dam du peuple ! Ce sont en principe des partis qui auraient été effacés de la scène depuis fort longtemps si les urnes avaient juridiquement joué leur rôle mais au pays des merveilles, ils reviennent costumés, cravatés, pouponnés et apparaissant sur les médias lourds étatiques, flashés tout sourire comme si de rien n'était, lavés de tous soupçons, narguant les téléspectateurs et retrouvant merveilleusement une fictive crédibilité. C'est une véritable violence en plus de celle d'abondantes associations disposant d'une imaginaire légitimité. D'autre part, des syndicats dont les conseils ou bureaux nationaux n'ont même pas pris la peine de se réunir pour décider du sort à donner à l'invitation. Des congrès de ces mouvements qui ne s'effectuent que rarement dans les règles des statuts et où le bourrage des urnes, hérité des aînés fonctionne à plein temps et les coulisses achevant pompeusement la basse besogne. Les pouvoirs publics ne reçoivent donc pas l'image concrète du peuple, mais c'est un objet virtuel tronqué qu'ils encaissent en pleine figure. Les relais des citoyens avec les gouvernants sont totalement absents. Si l'intention existe, on peut les chercher là où ils sont cantonnés. Si on est arrivé à cette situation aberrante de la représentativité, les gouvernants ont une grande part de responsabilité mais il n'est jamais trop tard pour bien faire. C'est ici qu'on peut jauger la volonté politique. Dans le cas d'un fonctionnement statutaire, il fallait aussi préparer, rassembler, ajuster les propositions qui proviendrait de la base. On doute fortement que les adhérents aient été mis au parfum de l'invitation qui sont, à coup sûr, surpris de voir leurs pseudo-représentants pavoiser sur l'écran de la télévision publique le jour de leur réception par la dite commission. Peut-être que leur petit peuple ait été mis au courant par télépathie du gourou et les réunions soient faites par vidéoconférences en usant des nouvelles technologies de l'information ? Le chef autoproclamé se croit disposer de toutes les prérogatives présumant incarner l'organisation. Ses paroles sont bues machinalement par un entourage restreint. Aucune opposition n'est tolérée. Au point où il confond son âme avec celle du mouvement. Il se croit indétrônable, invulnérable et intouchable à la fois. En quelque sorte, un dédoublement de personnalité. L'invité c'est lui, pas le parti. Ce sont des petites dictatures qui se sont érigées un peu partout dans tous ces mouvements. Gare à celui qui ose donner un avis contraire qui n'est pas inspiré de la pensée du roitelet. C'est le conseil discipline qui est instrumentalisé pour pallier à toute éventualité. Si notre pays sombre, c'est aussi par la faute de ces petites états qui ont été battis par le mode de scrutin en vigueur. C'est pour cette raison que les dissidences ne sont pas rares dans ce milieu, elles sont légions et c'est l'éclatement garanti. Quel que soit le nombre des invités aux consultations, on ne pourrait jamais toucher convenablement le peuple si les délégués ne sont point inspirés de sa seule détermination. C'est une situation opaque à laquelle seront confrontés les pouvoirs publics, ils ne verront que du feu, du vécu du peuple, le visible est ailleurs. C'est une autre usurpation de la volonté populaire qui ne dit pas son nom. Ce n'est aucunement de cette manière que les réformes peuvent aller loin piocher dans la profondeur des choses. On a la crainte que la prescription du pouvoir si elle existe réellement ne soit qu'une illusion de plus. Il faut descendre sur le terrain pour voir ce que désire le peuple, le comprendre, l'écouter en le laissant s'exprimer librement et donner libre cours à toutes ses suggestions. Rappelons-nous, personne n'avait rien vu voir surgir les dernières émeutes de janvier dernier car on mésestime franchement tout de ce peuple, de sa jeunesse et de ses profondes aspirations. Le pays l'avait échappé belle. Cette fois-ci, c'est la rente pétrolière qui a sauvé les meubles mais jusqu'à quand ce dilemme ? Ainsi, la plupart des invités par la commission Bensalah ne va participer que pour livrer son point de vue personnel qui diffère assurément de ceux qu'ils sont censés les représenter si le débat démocratique avait creusé son chemin au sein des structures partisanes. C'est l'avis du chef qui compte, celui de ses militants importe peu. Les pouvoirs publics sont ainsi aveuglés par ces associations qui au lieu de jouer leur rôle de relai et de courroie de transmission vis-à-vis du peuple, ils prônent plutôt un rôle inverse, néfaste, dévastateur qui se répercute de la manière la plus désastreuse sur le pays. La majorité de ces groupes est, au contraire, devenue un obstacle, un poids et un fardeau pour le pays et de ses habitants, que ce soit moralement ou financièrement. Cela ne signifie en rien que les parties qui ont décliné l'invitation l'ont fait de manière démocratique, c'est toujours la tête qui décide du sort à donner à toutes propositions. C'est celui du porte-parole éternel qui divague en exhortant ses propres désirs. Il est le guide suprême jusqu'à sa disparition. Le malheur du pays continue. Nos institutions sont défaillantes à tout point de vue. Si on se trouve en ce moment au pied du mur, c'est aussi par des erreurs d'appréciation de ce type de représentativité qui noie le bon grain de l'ivraie. On aurait souhaité un engouement fort parmi la population à travers les diverses associations et un débat national mais c'est le contraire auquel on assiste où les citoyens ne semblent captivés par des enjeux concernant l'avenir du pays. C'est comme si on prêche dans un terrible vide où les voix d'en bas sont inaudibles. Cela n'augure en rien de bon pour le futur proche. Il faut susciter des indices très solides pour amener la population à y croire à un probable changement. Les nouvelles républiques ne peuvent naître du néant. L'avènement d'une seconde république doit s'annoncer avec solennité et non avortée comme les choses se présentent actuellement à moins d'un sursaut salutaire des autorités avant qu'il ne soit trop tard. Si on regarde de plus près leurs statuts, ces associations n'existent plus au regard de la loi. Aucune énergie n'est déployée sur le terrain, ni réunions, ni conseils nationaux, ni bureaux exécutifs, ni bilans moraux et financiers. Ce ne sont que quelques personnes qui gèlent le cachet et les clés d'un siège national dont les portes sont closes à double tour depuis la nuit des temps. Des associations qui surgissent miraculeusement les jours des campagnes électorales et qui servent juste de paravent en pariant à toutes éventualités en garnissant les sièges lors des meetings de leurs parrains au moment où les caisses de la mamelle républicaine regorgent d'oseille à craquer. Il vaut mieux sans aucun doute pour les gouvernants d'aller chercher au sein de la base un échantillon représentatif d'un millier d'algériens identiquement comme on procède dans les sondages dans les pays développés pour mieux savoir exactement de ce que veut ce peuple pour sauver le pays d'un naufrage à l'heure où nos frontières vibrent plus que jamais au son des insurgés et au rythme des bottes de l'OTAN. Ce n'est pas une histoire de divertissement devant les caméras de la télévision, il s'agit de retrouver la légitimité dont doit découler naturellement la crédibilité. On ne mesure pas assez que notre pays peut être la convoitise de beaucoup d'affamés prédateurs venus de l'Europe et de l'Amérique du nord à la recherche de richesses pour leurs enfants. L'histoire libyenne est là présente devant nous pour nous faire sursauter, elle s'écrit tragiquement sous les bombardements et le sang de ses enfants. On ne peut pas se permettre de continuer à affirmer éternellement que l'Algérie ne ressemble pas à la Tunisie, l'Egypte ou la Libye mais si on réfléchit un tout petit peu, on peut distinguer que nous sommes un concentré de tous ces pays. L'Algérie demeure le seul pays arabe pétrolier qui n'est pas sous la coupe de l'OTAN et qui dispose de la plus grande superficie de l'Afrique après la scission planifiée du Soudan. N'allons pas prouver que les puissances de ce monde aillent respecter nos frontières si nous jouons avec le feu en se jetant dans la gueule du loup ? Il suffit que quelqu'un fasse un signe de détresse quelque part par désespérance pour que les donneurs de leçons d'outre-mer en droits de l'homme accourent de tous les côtés afin de s'installer dans la durée dans nos contrées. A nous d'êtres intelligents et moins orgueilleux entre-nous, en évitant ce scénario catastrophe, en optant pour de sérieuses réformes et surtout se réconcilier d'abord avec nous-mêmes, tout l'honneur reviendrait aux précurseurs de ce mythique projet. Nous avons chèrement payé notre indépendance pour l'égarer en l'offrant sur un plateau en or aux nouveaux colons par des stratégies erronées et des conseils aux antipodes de la réalité. |
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