Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

MISE A L'EPREUVE

par K. Selim

La réconciliation entre le Fatah et le Hamas a suscité une satisfaction légitime des Palestiniens.

        Mais cela n'empêche pas certains d'entre eux de se demander si elle n'est pas de pure façade. Les deux grands partis palestiniens, qui incarnent de fait le «pouvoir», étaient soumis, dans la foulée des changements en Egypte, intensément vécus dans les territoires occupés, à une pression grandissante au sein de l'opinion palestinienne. Des mouvements civiques sur le mode des révoltes de la jeunesse dans les pays arabes ont commencé à s'esquisser. Non pas pour demander aux gens en place de «dégager », mais pour les appeler à être dignes de leurs responsabilités.

 La division politique entre les deux mouvements devenait aussi géographique. Une aubaine pour Israël. Plus les Palestiniens sont divisés et incapables de s'entendre sur un minimum national incompressible, et moins ils pèsent dans la balance.

 Ces mouvements anti-désunion qui existent depuis longtemps ont été ragaillardis par le mouvement de la place Al-Tahrir. La chute de Hosni Moubarak, faux médiateur entre les Palestiniens, a définitivement levé une hypothèque. Pour beaucoup, la mission du gouvernement Moubarak, sous le couvert de la médiation, est de veiller à empêcher toute unité.

 L'autre effet de l'évolution en Egypte est que Mahmoud Abbas, qui était engagé à fond dans le jeu de Moubarak, a été ramené à la réalité. L'Egypte n'ayant plus joué le médiateur-perturbateur, l'accord est devenu possible.

 Il faut espérer que ce ne sont pas seulement les facteurs extérieurs qui ont pesé mais une réelle conviction, née d'une évaluation de deux décennies catastrophiques, que le rétablissement de l'unité est primordial pour la cause.

 Même si l'on peut être sceptique, il faut accorder le bénéfice de la bonne intention aux deux protagonistes. Il faut surtout compter sur la vigilance d'une opinion palestinienne qui peut difficilement être dupée par une comédie. Ni le Fatah ni le Hamas ne gagnent à manœuvrer uniquement pour donner le change. L'état de division était source d'exaspération chez les Palestiniens et ils n'accepteront pas les tergiversations. La réaction hostile d'Israël à l'accord entre le Hamas et le Fatah n'a rien de surprenant. Les réactions mitigées des Occidentaux non plus. Les dirigeants palestiniens feraient d'ailleurs preuve de naïveté de s'attendre à autre chose. Il est clair que leur accord ne peut pas être agréé par ceux qui se sont acharnés à créer la division. Cet accord ne tiendra que par leur volonté.

 Mahmoud Abbas, qui a affirmé que la réconciliation n'est pas une manœuvre, vient de confirmer qu'il ne sera pas candidat pour la présidence de l'Autorité palestinienne. Sans être une surprise du fait de l'échec politique d'une démarche qui a semé les germes de la division, cette annonce est positive. Elle permet de lever des obstacles ? bien réels ? qui ont entravé tous les efforts pour rétablir l'unité des Palestiniens. Les deux partis doivent discuter, les prochains jours, des détails de la mise en œuvre de l'accord. Ils doivent savoir qu'ils sont sous surveillance des Palestiniens, les seuls qui comptent vraiment.

 Dans la tête de nombre d'entre eux, la place Al-Tahrir, version actualisée de l'Intifadha, est devenue une option?