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Depuis
les émeutes de janvier dernier, dont le déclencheur a été l'augmentation des
prix de l'huile et du sucre, l'Algérie vit au rythme de la grogne sociale. Des
centaines de mouvements de protestation ont eu lieu dans le pays. Toutes les
couches sociales font entendre leurs doléances et revendications.
Cette effervescence n'a pas pour autant fait réagir la centrale syndicale UGTA, dont la direction nationale est confinée dans un silence sidéral. Il faut dire que les manifestations de contestation auxquelles l'on assiste un peu partout à travers le pays échappent totalement à son appareil et à ses instances à tous les niveaux. Pour cette raison, la vieille centrale n'est en capacité ni de proposer sa médiation, ni de jouer au «pompier social», comme elle l'a fait tant de fois auparavant. Sidi Saïd et ses collègues du secrétariat national assistent en spectateurs passifs et dépassés à la déferlante de la vague de protestation sociale, conséquence d'un «pacte social» passé entre leur organisation et le gouvernement n'ayant aucunement satisfait par ses concessions octroyées les salariés, mais aussi les autres couches sociales. C'est toute la politique sociale du gouvernement à laquelle l'UGTA a donné son onction que remettent en cause les grévistes et autres contestataires. Une remise en cause ayant trouvé écho y compris parmi la masse de ses adhérents qui participent à la contestation, souvent sans avoir consulté les instances de l'organisation dont ils dépendent organiquement. Cette fois, la grogne sociale est trop forte, généralisée, pour que la centrale s'avise de n'y voir qu'une agitation fomentée par quelques syndicats autonomes aux desseins plus politiques que sociaux. Mais il est tout de même étrange qu'elle s'en tienne au silence même quand sa base est en train de basculer dans la contestation et que le Premier ministre, même si c'est à d'autres fins, déclare lui-même que l'Algérie vit des crises sociales Les caciques de l'UGTA se taisent et se sont inscrits aux abonnés absents, sachant ne pas être en mesure de se faire entendre des contestataires en grève ou qui battent le pavé. Ils ne peuvent pas non plus se déclarer en leur faveur parce qu'un tel positionnement est hors de question pour des responsables syndicaux dont l'allégeance au pouvoir et aux autorités est un viatique de survie. Pour certains, il est impensable à cause des «casseroles» qu'ils traînent. Beaucoup d'acteurs sociaux ont compris que la grogne sociale qui se fait entendre de partout est une occasion unique d'en finir avec la fausse vraie représentation syndicale de l'UGTA, derrière laquelle s'abrite le pouvoir pour empêcher l'émergence du pluralisme syndical dans le pays. C'est à bon escient qu'ils ont lancé l'idée d'un front social commun pour encadrer et coordonner le foisonnement des manifestations revendicatives qui s'est fait jour. S'ils venaient à être entendus, l'on pourrait assister à la naissance d'une force sociale puissante, au point d'obliger le pouvoir non pas à satisfaire de façon fragmentée les principales revendications sociales, mais à prendre en compte un véritable cahier national de doléances au contenu n'excluant aucune des catégories sociales dans le pays. Lequel cahier de doléances les rallierait toutes et ferait passer la protestation sociale de l'état dispersé par lequel elle s'exprime présentement à celui d'un mouvement général unitaire et solidaire. |
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