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C'est assurément
une bonne nouvelle que cette prochaine levée de l'état d'urgence annoncée jeudi
passé par le président de la République lors du récent conseil des ministres
consacré spécialement aux derniers évènements qui ont secoué le pays.
Cette mesure vient répondre à l'une des revendications principales des partis, mouvances, représentants de l'opposition et personnalités indépendantes nationales de diverses sensibilités et pas seulement du camp démocrate. Il était temps d'entreprendre pareille initiative et ce d'autant plus que le pays ne vit plus dans le même contexte de plomb des deux dernières tragiques décennies écoulées. Les priorités du tout sécuritaire d'auparavant n'ayant objectivement plus de raisons de persister, étant donné l'amélioration sensible des conditions de sûreté publique et sociale. De même que les autres décisions d'apaisement social ayant trait à l'emploi, le logement, le pouvoir d'achat, les prestations du service public, les médias lourds, sont louables à plus d'un titre. Cependant, entreprises surtout pour tenter de désamorcer les colères citoyennes, elles restent insuffisantes, en deçà des aspirations nationales à l'approfondissement du processus escompté de phase de démocratisation pluraliste transitionnelle. Cet espoir citoyen n'a cessé d'être entretenu, pour rappel, depuis la bouffée d'oxygène d'octobre 1988 instituant le pluralisme politique en Algérie, à la faveur du sacrifice de nombreux jeunes exécrant l'injustice et la «hogra»(oppression). Mais suite à la grave dérive islamiste extrémiste de la sombre double décennie rouge qui s'en est suivie, pratiquement toutes les promesses nées de cette ouverture sur le pluripartisme et l'amorce démocratique ont été entièrement laminées. C'est ainsi que le processus de démocratisation entamé au lendemain des réformes institutionnelles et resté en suspens durant la tragique période du terrorisme abject, au lieu d'être repris et approfondi par la suite, a été carrément délaissé et combattu même. L'on peut comprendre les raisons de ce sursoit, même si provisoire, juste aux lendemains de cette sombre phase de l'histoire du pays. Car force est de constater que le devoir de renouer avec les acquis d'octobre 1988 s'est trouvé complètement dévoyé. Surtout après le franchissement de l'année- phare 2000, où un nouveau processus de légitimation caractérisé essentiellement par ses multiples recours de verrouillages autoritaristes s'est mis graduellement en place. Et ce, dans un contexte opaque, maintenant pour une durée indéterminée l'état d'urgence décrété le 9 février 1992 et qui n'avait plus sa raison d'être ainsi perpétué, servant de prétexte évident pour masquer les sérieuses multiples atteintes aux libertés publiques et fondamentales. Venant, de la sorte, ajouter aux nombreuses séquelles traumatisantes des affres de la pénible période traversée, d'autres impositions d'hyper contrôle, de tracasseries socioéconomiques, restrictions draconiennes, etc., à une population exténuée qui s'attendait plutôt à renouer, plus ou moins, avec les promesses de démocratie, de justice sociale et d'ouverture sur le nouveau monde vagissant du vingt et unième siècle des progrès humains et civilisations émancipées, d'une manière générale. Mais c'était compter sans l'atavisme dominateur des thuriféraires du système répressif algérien, aggravant davantage l'incommunicabilité entre peuple et dirigeants. La situation ambiante, ainsi générée par un système politique clos avait tôt fait alors de favoriser l'étouffement de la classe politique, et d'entraîner,- malgré une relative liberté d'expression écrite qui lui aurait échappé par son institution légale antécédente, - le bâillonnement du champ des médias lourds de la télévision, radios, la fraude électorale, le népotisme, le laminage des couches moyennes et l'accroissement des fortunes des «nouveaux riches « s'accompagnant de l'augmentation de couches sociales de plus en plus défavorisées. Sans parler de la sempiternelle marginalisation des compétences nationales, avec tout particulièrement ce délaissement incroyable des immenses potentialités juvéniles du pays, constamment rivées au désespoir suicidaire du chômage, de la harga, etc. Et ce, dans un climat social caractérisé par des crises cycliques , - notamment celle relative à l'emploi et au logement, ( combien de diplômés se sont-ils retrouvés avec des salaires minables, en deçà du SMIG même, dans le cadre de l'opération «Tachghil Ech- chabab» ?),- sans parler des non instruits qui n'ont même pas eu la possibilité de fournir l'opportunité d'une main ?d'œuvre dans un milieu manquant terriblement de complexes d'usines, de fabriques, d'industries agro-alimentaires, etc. Pareil pour les carences socioéducatives caractéristiques d'un environnement sociétaire sensiblement appauvri qui brille, d'ailleurs, par son vide culturel symptomatique que cache mal le folklorisme ambiant des manifestations officielles grandissimes de circonstances. Force du droit et droit de la force Soit un vécu social, réduit en une interminable sinistrose empreignant pratiquement tout le menu peuple et vis-à-vis duquel l'Etat- bunker demeure quasiment indifférent, insensible aux tracas quotidiens de la «populace», témoin en est sa politique persistante d'autarcie faucheuse des voies d'expressions et de recours pourtant légaux. Ce qui, par conséquent, a contribué avec le temps à engendrer cette logique subversive consacrée des émeutes sporadiques et intermittentes du désespoir : expression violente incontrôlée du ras le bol des masses populaires aux doléances trop souvent ignorées et méprisées, en l'absence, évidemment, de contre-pouvoirs institutionnels et voies de recours permettant l'expression libre, au lieu des blocages improductifs de tous genres qui ne font que favoriser inévitablement le langage violent de la rue. Qu'est ce qui, croyez-vous, a fait bouger les innombrables émeutes à travers le pays durant toutes ces dernières années? Que ce soit à Alger, Oran, Tizi Ouzou, Chlef, Berriane, Sétif, Constantine, Ouargla, etc., etc., les recours à ces violentes manifestations de colères populaires reposent, quasiment tous, sur les mêmes motifs : le refus du pouvoir et de ses représentants en place de permettre le droit inaliénable à la libre expression et l'étouffement systématique de ce qui est légitimement revendiqué ! Inutile de dire que cette liberté d'expression est pourtant garantie par la Constitution? Comme quoi, à l'usage de la force du droit, les instances étatiques algériennes préfèrent le droit de la force, le recours à la matraque pour mater «ceux qui sortent des normes de conduites à la convenance des seuls « néo- apparatchiks». Il en résulte automatiquement les injustes dépassements et complaisances de toutes sortes, qui concourent, tout naturellement, à faire le lit aux aventurismes de tous acabits, aux prédations des barons de l'informel et des passe-droits présomptueux ( illégalités favorisées, convient-il de dire par les barons du système et leurs puissantes complicités, et contre lesquelles les honnêtes responsables des institutions étatiques et de sûreté du pays luttent avec acharnement quoique souvent leurs taches connaissent des entraves et obstructions de toutes sortes. Par ailleurs, l'évocation de ces maux sociaux du milieu ne doivent pas laisser passer sous silence l'autre constat inquiétant - comme en témoignent nombre de reportages avérés de chaînes satellitaires - concernant les complaisances et mansuétudes d'un pouvoir politicien à souhait que nombre d'extrémistes religieux résiduels mettent à profit, pour se reconstituer progressivement en divers points nationaux et étrangers, et réalimenter conséquemment, de nouveau, leurs ex - compagnons de la nébuleuse terroriste ( renouant ainsi avec les pratiques d'illuminés convaincus de leur doxa extrémiste intolérante, portant gravement atteinte aux nobles vertus de l'Islam authentique qui encourage clairement l'esprit d'ouverture entre les diverses communautés musulmanes et autres peuples du monde, dont les Gens du Livre d'Occident, et tout autant du Savoir, puissent-ils être Chine!) D'une manière générale le statu quo perdurant actuellement de la «normalisation à marche forcée», c'est ce qui tend assurément à renforcer les entraves à l'évolution des forces sociales et concourt à bloquer, par conséquent, toutes éventualités de règlements pacifiques des conflits. Toute contestation ainsi bâillonnée, est inévitablement poussée de facto à s'exprimer, malheureusement, par le recours forcé au langage de la violence. Du fait de ce syndrome de blocage caractéristique- on ne le répètera jamais assez- des voies saines de dialogue constructif et issues régulières de communications citoyennes? un black out qui dure depuis l'ajournement du processus de démocratisation pluraliste d'octobre 1988. Un statu quo qui dure et perdure? Dès lors l'on ne peut que très bien comprendre tous Mouvements pour les libertés et droits humains et autres mouvances associatives de la société civile (quoique embryonnaire) s'indignant par cette situation intenable d'enfermement perpétuel, et pour cause? L'Algérie ne peut demeurer en sa phase figée de statu quo perdurant en constant décalage par rapport à son processus institutionnel de démocratisation pluraliste transitoire à relancer, et en retrait également par rapport à l'aspiration universelle à la démocratie pluraliste. Et en effet, jusqu'à quand les autorités en place vont-ils persister à aller, continuellement de la sorte, à l'encontre des textes juridiques nationaux, notamment de «la Constitution qui énonce pourtant en son chapitre 4 un ensemble de dispositions garantissant clairement les droits et libertés?» Pourquoi le pouvoir avec ses fâcheuses manœuvres politiciennes, parmi tant d'autres qui sont souvent à l'origine des colères populaires, ne réagit trop souvent; en conformité avec les dispositions légales officielles, qu'après coup « son rappel à l'ordre par le public électeur» par des mesures d'apaisement ? Il est évident que ce qui est cherché par-là, c'est la tentative de désamorçage de ces courroux populaires, mais, en fin de compte, rien ne vaut dans cette optique, les hardies mesures salutaires de remises en cause concrètes et de sages décisions de recours authentiques et non provisoires. Dans ce contexte, la décision de levée prochaine de l'état d'urgence est assurément la bienvenue mais reste insuffisante dans un contexte fermentant un bouillonnement social,( prenant à témoin l'exemple de ce qui se passe en Tunisie et Egypte.) Car cet état d'urgence s'il promet d'être levé, à la satisfaction de la société civile, il ne résout pas pour autant l'essentiel en matière d'amélioration du champ politique libre s'il n'est pas accompagné par d'autres décisions historiques d'avancement résolu de l'avant, dans l'approfondissement clair de la perspective démocratique du pays. Sans ambiguïté aucune. Et ce surtout, comme pourraient l'arguer certains, que cet état d'urgence sera suppléé, en quelque sorte, par un système sophistiqué de cameras de surveillance appelé à être progressivement installé en divers points des grands centres urbains algériens. C'est ce qu'on s'atèle à mettre en place, depuis un bon bout de temps, et ce à l'instar des grandes cités occidentales comme rapporté par les médias, opération destinée à être appuyée, en outre, par des moyens d'intervention ultra- rapide par hélicoptères notamment (moyens acquis ou en cours de l'être qu'on souhaite voir s'en doter, par la même occasion, les services hospitaliers des C.H.U de nos principaux grands pôles urbains nécessitant la modernisation de leur équipement d'évacuation d'urgence, et qui en sont pour l'instant en quête pressante de médicaments de première nécessité ). Bref, nul doute que cette perspective de levée de l'état d'urgence va contribuer à assouplir l'atmosphère du climat social, mais pour être pleinement efficiente, elle se doit d'être accompagnée par celle, conséquente, de l'ouverture démocratique. Sans quoi toutes aspirations à l'affirmation d'une société civile participative resteront lettre morte. Aussi, pour être plus clair, toutes les décisions officielles envisagées se devraient d'être conséquentes et intervenir logiquement dans le sens du rétablissement progressif de la perspective démocratique institutionnelle trop longtemps délaissée en arrière. Car telle qu'elle parait, la portée de ces mesures de recours palliatif, semble bien «chétive», ne répondant que partiellement aux revendications de la société civile que certains esprits astucieux ont voulu réduire à des réclamations exclusives de «tube digestif!» Ce qui se passe en Tunisie, en Egypte et tendant à contaminer tout le reste des pays à pouvoirs moyenâgeux du monde arabo-islamique, devrait inciter à plus de circonspections. Déjà que la contestation gronde dans le milieu algérien en proie à des contradictions exacerbées, même si par rapport à celles des deux pays de voisinage cités, des différences existent, l'Algérie ayant eu à faire face à de pénibles et exténuantes épreuves, entre autres : la dure expérience de la double tragique décennie écoulée d'un défi relevé éreintant et mortifère du pays et sa population solidaire des forces patriotiques combinées en lutte inlassable contre les perfides coups de boutoir du terrorisme abject et aussi les prédateurs mafieux envenimant un social déjà accablant ; la multiplicité des émeutes sporadiques succédant à la grande révolte d'octobre 1988, les grandes contestations populaires pratiquement dans toutes les régions du bled, etc., qui ont relativement contribué avec le temps, à donner aux courroux populaire des émeutes sporadiques à travers le pays de ces derniers temps, un caractère moins volcanique et massif débordant de toutes parts comme ce fut le cas en Tunisie et au pays des pharaons. On demande la dissolution de l'Assemblée nationale Ajouté aussi à cela la détente sociale qu'ont procuré les interminables manifestations de joie de la population toute acquise à l'équipe nationale de football avant et durant la coupe du monde 2010, de même que la relative liberté d'expression de la presse écrite indépendante qui a grandement contribué, également, à absorber la colère des prédisposés aux manifestations de contestations rageuses. Autrement, les dernières émeutes auraient facilement tourné au même scénario tunisien et égyptien, vraisemblablement! Ce qui devrait inciter les décideurs des hautes sphères à reconsidérer leur politique des médias et contestations pacifistes publiques brimées, en entreprenant de restaurer notamment les droits et libertés citoyennes. Aussi, les récentes décisions prises dans ce contexte se devraient être suivies, par exemple, par ce que pratiquement tout le monde ne cesse de désigner d'un doigt indigné, depuis belle lurette : la dissolution des institutions incongrues actuelles, comme l'actuelle Assemblée Nationale Populaire, absolument honnie par la quasi-majorité du peuple algérien exigeant sa dissolution, la révision légale des astronomiques salaires irréguliers pour services rendus, l'abolition des privilèges, rentes et frais, scandaleusement comptabilisés sur le dos des citoyens contribuables. Il en va de même pour la décision d'ouverture des médias publics qui devrait s'élargir, concrètement et sans jeu de cache-cache inutile, à l'ouverture du secteur privé de l'audiovisuel. Ces chaînes -tv et radios, tant redoutées pourraient revêtir un caractère mixte, public privé à titre de phase transitoire. Pareil en ce qui concerne l'économie du pays qui a tout à profiter d'un secteur public fort, - compte tenu des spécificités d'un milieu sociétaire émergent en phase de transition, - et tout autant de la présence d'un secteur privé à encourager dans la légalité et une stratégie de gestions de partenariats public- privé mixte. Ce qui concourt à parer, dans une grande mesure, au marché parallèle des barons de l'informel et des prédateurs usant de trafics d'influences, de corruption, de détournements et atteinte aux biens publics, etc. Dieu seul sait de quoi demain sera fait, mais une chose est certaine : la situation dangereuse de statu quo actuel n'est pas promise à un prolongement indéfini, ni à l'assurance de mener exactement à terme les projets tels que les envisagent les décideurs en faisant abstraction totale des desideratas populaires ( l'exemple du destin des pouvoirs autoritaires en Tunisie et Egypte, ont d'ores et déjà contribué à changer toute la donne pour les prochaines présidentielles de 2014 et Dieu seul sait s'il n'y aurait pas des élections anticipées, d'ici là, (?) comme le demandent nombre de représentants de l'opposition, y compris parmi ceux qui ont été proches alliés des gouvernants- l'on espérera seulement que les joutes électorales feront en présence d'observateurs Onussiens, cela ne constituant nullement une atteinte à la souveraineté nationale, l'Algérie étant membre actif de l'honorable ONU exempte de suspicion exagérée ).Autrement dit, rien ne dure, et l'aspiration à une Algérie autre, démocratique plurielle, plus juste, plus humaine, plus respectueuse des droits et libertés, etc., etc., se fait de plus en plus jour. Avec notamment cette promesse ardente des jeunes de l'ensemble d'El Djazair de porter aux nues la perspective enthousiaste de l'Algérie des libertés démocratiques et justice sociale, en célébrant son avènement, à l'instar de ce qu'ils ont fait dans l'allégresse pour le team d'»El Khadhra» du sport roi, l'été 2010 écoulé. L'avenir est à la jeunesse C'est dire combien est grande l'aspiration à ce contexte social nouveau susceptible d'offrir, sans doute, plus de possibilités d'évolution, d'émancipation et de progrès pour tous nos jeunes qui espérons-le, pourrons par un beau matin, vérifier qu'il n'aura pas été vain ce beau slogan de ralliement national de tous les démocrates et citoyens libres indépendants « Djazair Horra Dimokratiya ! » : mot d'ordre de tous les esprits jouant franc jeu avec leur patrie, l'Algérie, qui saura les reconnaître tous, pour leur honnête dévouement, sans hypocrisie aucune, à l'idéal sacré des libertés et droits humains garants de l'avenir serein des enfants - espoirs de demain du pays et qu'ils ne sont certainement pas disposés à leur s'échapper. Puissent les décideurs être à l'écoute de l'appel pacifiste des citoyens algériens qui, comme leurs concitoyens du «Manifeste pour les droits et libertés» plaidant, à l'instar de l'écrasante majorité des citoyens de diverses sensibilités nationales, pour le rétablissement de la perspective démocratique, considérée comme condition première pour que tous les compatriotes puissent jouir pleinement de leurs droits et libertés garantis par la Constitution et les conventions internationales ratifiées par l'Algérie. L'auteur de ces lignes souscrivant pleinement à ces légitimes revendications citoyennes pacifistes, en tant qu'humble citoyen («chaabi») d'abord, et en tant qu'auteur indépendant (modeste travailleur intermittent dans le domaine des arts), adepte de longue date de la libre pensée autonome, ensuite. Autant que faire se peut, bien sur, dans notre éprouvant milieu de société mutilée et mutilante mais qui n'est pas condamnée à ce sort fatal si les consciences des bonnes volontés citoyennes sauront être vigilantes devant tout ce qui risque de menacer le noble projet de l'Etat de droit algérien, coûtera ce que cela coûtera! * (Auteur et traducteur de textes littéraires, dramatiques et journalistiques) |
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