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La
Constitution a été restaurée, la maison est maintenant dans l'ordre, l'armée
obéit aux civils et il y a une Constitution à laquelle tout le monde obéit».
Voilà le tableau de la situation en Algérie tel que brossé par Bouteflika en
novembre 2009 au commandant général américain de l'Africom, reçu en audience à
Alger par lui. Du moins à en croire le contenu de l'un des câbles ayant trait à
l'Algérie mis en ligne par WikiLeaks.
Il est normal, de son point de vue par conséquent, qu'il dise ne pas apprécier les commentaires de la presse étrangère et les rapports internationaux faisant référence à l'Algérie comme une dictature et qu'il présente les généraux algériens comme offusqués par le terme. L'on apprend ainsi, et c'est le message que Bouteflika a certainement voulu transmettre aux Américains, qu'il n'y aurait plus de compétition de pouvoir entre lui et les militaires. Ce dont persiste pourtant à douter la rue algérienne, qui attribue toujours à l'armée un poids et un rôle décisifs dans la conduite des affaires nationales. En veine de confidence devant son interlocuteur américain, Bouteflika lui a confié «que la Constitution algérienne a établi la primauté du droit. En 2004, il a été décidé qu'il n'y avait plus de légitimité révolutionnaire et historique. La seule légitimité a été la Constitution». Là encore, il n'y a que les Algériens à ne pas s'être rendu compte de ce «basculement historique». N'importe quel quidam algérien est en effet convaincu qu'il vit sous les mêmes système et régime depuis 1962. Peut-être que Bouteflika a apuré son contentieux avec l'armée depuis qu'il a affirmé son ascendant sur elle. Ce n'est pas ce qui pour autant a apporté à l'Algérie et aux Algériens la démocratie et les libertés auxquelles ils aspirent. Ils vivent toujours sous un régime autoritaire, même si les casquettes ne sont plus aux commandes comme elles l'ont été ostensiblement auparavant. Pour preuve, les privations et restrictions dont sont victimes les Algériens en matière d'exercice de leur citoyenneté et de participation à la vie politique. Le retour à la pensée unique à coup de fermeture du champ d'expression, à l'embrigadement populaire et à la vassalisation totale des institutions de la République. Il est vrai qu'en 2004, beaucoup d'Algériens ont naïvement cru qu'en votant un second mandat pour Bouteflika, celui-ci allait non seulement s'imposer en tant que Président à part entière, et mettre ainsi un terme au règne des «cabinets noirs», mais aussi et surtout engager le pays sur la voie de l'ouverture démocratique et de l'Etat de droit. S'il est excessif de parler de dictature concernant l'Algérie en 2010, l'on est loin néanmoins, très loin d'y voir un pays démocratique. Et Bouteflika, qui se targue d'avoir obtenu que l'armée respecte la Constitution et obéit au civil, ne peut plus mettre au compte de celle-ci les verrouillages qui bloquent l'évolution vers la démocratie du pays. Foncièrement autocrate, il n'a jamais eu pour projet d'aider à cette évolution. La seule ambition a été d'être reconnu «l'homme fort» du pays, dont l'autorité ne doit souffrir d'aucune remise en cause et surtout pas par l'armée. Ayant obtenu cette reconnaissance, il gouverne en potentat rusé qui sait faire prendre des vessies pour des lanternes. Les Américains à qui s'adressaient ses propos lénifiants et les Algériens qui subissent sa gouvernance, ne sont pas pour autant dupes de ce qu'ilveut faire croire. |
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