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«L'artifice se
dément toujours et ne produit pas longtemps les mêmes effets que la vérité».
Louis XIV.
Il faut se rendre à l'évidence. Les constats sont présents, indiscutables, porteurs d'orages sur le long terme. Dans l'immédiat, l'image du pays est écornée et la représentation politique n'en sort pas grandie. Des Algériens n'ont pas respecté le ramadhan et ont mangé pendant la journée en cette période où la bigoterie officielle et l'intolérance de masse atteignent des pics inégalables. Ces non jeûneurs (délit nouveau désormais inscrit dans la jurisprudence) ont tout à fait le droit de ne pas jeûner, comme des millions de citoyens qui vaquent à autre chose ou sont assis à quelques mètres d'une mosquée, aux heures des prières. La Constitution, dans son article 36, leur accorde cette liberté. Or, aujourd'hui, des jugements sont prononcés mais dans la logique de deux poids, deux mesures. En Kabylie, un non jeûneur (auteur de ce nouveau délit) peut être relaxé et un autre «coupable» du même délit peut aller en prison si son acte est commis loin de Kabylie. Cela pose problème aux côtés d'autres contradictions qu'il faut lever au risque de voir la Constitution violée régulièrement. Et il faut le répéter et l'écrire tant que le réel policier et judiciaire n'est pas conforme à la Constitution. Puisque ce nouveau délit est consacré par une inédite jurisprudence, il y a lieu de supprimer, sous la forme jugée la plus rapide et la plus efficace, les articles 32-33-34-35-36 de la loi suprême. Etant donné que la nouvelle jurisprudence (non jeûneur) est entré dans les tribunaux, il est urgent, pour la conformité avec la loi des lois, de remplacer les articles sus cités par un autre qui dit clairement que les non jeûneurs et ceux qui sont vus dans la rue à l'heure des prières le vendredi (journée entièrement libre sous couvre-feu de jour comme de nuit) seront arrêtés et traduits devant la justice. Le ramadhan et la prière sont deux fondements essentiels de la foi musulmane. Ces modifications peuvent être apportées rapidement, vu le silence assourdissant du HC1, des Affaires religieuses, du Parlement, des partis au gouvernement, des écrivains, des élites universitaires, des «personnalités» politiques, etc. Il y a donc un consensus institutionnel, national très majoritaire pour que la pratique policière et judiciaire ne contredise pas la Constitution dans son état actuel. Plus vite la Constitution est amendée et plus vite elle ne sera plus opposée, par les ONG, quelques journalistes, des défenseurs des droits de l'homme, au gouvernement de qui dépendent la justice, la police et tous les salariés de l'Etat, aphasiques. Les membres de la famille majoritaire n'ont à aucun moment pensé à demander quelques explications au Premier ministre lors de son exposé très positif sur l'état de la Nation. Cette dernière, effectivement, fait chaque jour des réalisations, donc, en termes physiques, des constructions qui ont des effets certains, directs et très souvent irrémédiables sur le très long terme. En Algérie, il ne faut pas être architecte, diplômé d'une école d'art, député ou ministre pour voir partout le massacre à ciel ouvert et en direct que vivent l'environnement et le cadre urbains du pays. Dans les principales artères des grandes villes, sauf de rares exceptions, des bâtiments, des logements particuliers s'élèvent dans une anarchie stupéfiante et une laideur sans équivalent dans tous les pays méditerranéens. Des bunkers villas sortis de cerveaux déments sont assis sur des garages commerces dans n'importe quelle zone. Plus on s'éloigne, d'à peine deux kilomètres du centre, plus l'Etat, la police de l'urbanisme, les associations, les élus, les élites sont évanescents. Le pays, physiquement, appartient au baggar bling bling. Au pays basque, les volets des maisons sont verts et rouges selon une tradition et une esthétique établies et respectées. En Bretagne, les toits son généralement en ardoise. En France, la direction des cités et monuments est habilitée avec la mairie pour donner un avis sur toute éventuelle construction et pour protéger les villages classés. Les matériaux de construction, les couleurs extérieures sont choisis selon le climat et la géographie de la région dans de nombreux pays d'Europe. «Ici, ce n'est pas l'Europe», peut répondre le wali, le député ou le maire qui compte si peu. Ce qui est vrai. Mais faut-il pour autant que le hideux, le sale, le bariolé éradiquent définitivement le paysage urbain des premières années de l'indépendance? A cette époque, l'Algérie était la fleur de la Méditerranée avec du bleu ciel et du blanc, et juste à côté de la Présidence, il n'y avait pas de fast-food et le mur d'enceinte du Palais d'été était d'un blanc immaculé. Les pays musulmans, parmi lesquels les Arabes, sont extrêmement minoritaires, ont tous dans les villes et villages d'anciennes mosquées, belles et propres. On ne va pas refaire les monuments d'architecture d'Istanbul, de Téhéran, mais une mosquée peut être propre, sentir bon et avoir son intérieur propice à la méditation et son extérieur toujours peint aux couleurs de la Méditerranée. Le règne du laid est sans partage. Les lourdes portes en fer, couleur kaki militaire, les barreaux de toutes les couleurs des fenêtres, les trottoirs défoncés, des tonnes d'ordures aux portes des cités et des bâtiments, à quelques mètres des ministères, des mairies, des services publics, les bus (privés et publics) qui ne sont jamais lavés donnent l'image d'un pays repoussoir. Et dans celui-ci, des âmes «désintéressées» et même des élus évoquent le tourisme comme segment du développement au moment où des millions d'Algériens, qui ont les moyens, transfèrent durant l'été des sommes considérables en devises vers la Tunisie, le Maroc ou l'Europe. Les touristes ne sont pas des tiroirs-caisses débiles. Ils veulent (et ils paient) avoir des espaces publics propres, accueillants, des toilettes (pas turques) qui ferment de l'intérieur, des taxieurs propres, bien rasés dans des véhicules brillants de propreté, en excellent état. Et ils veulent (et ils paient) manger et boire ce qu'ils veulent, y compris le vendredi. L'Algérie fait le choix conscient de se passer de touristes et d'une grande production de vins qui étaient réputés dans le monde. Après le pétrole, le jugement de l'histoire, des générations futures et les évolutions du monde feront peu de place aux pays livrés à des sectes tellement proches de l'inquisition du sieur Torquemada, qu'ils font peur au monde moderne et à la majorité de leurs populations. Le Bengladesh, l'Indonésie, la Turquie, le Pakistan (des pays musulmans autrement plus peuplés que les pays arabes) ont eu des femmes à leur tête. Les pays minoritaires en Islam, qui sont arabes, considèrent, à travers les dynasties, les castes militaires, les partis uniques à plusieurs dans un même pays, qu'une femme au sommet de l'Etat est une hérésie «la yadzouze». Même pas à la tête d'un gouvernement, d'une assemblée ou d'un ministère de souveraineté. Les résultats et les classements mondiaux rendent compte de ce que fait aux pays arabes la bigoterie alliée à la haine des femmes. |
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