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Le Premier ministre français, François Fillon, ne
surprend personne en apportant son appui au plan marocain d'autonomie au Sahara
Occidental comme substitut à l'exercice du droit à l'autodétermination affirmé
par les résolutions du Conseil de sécurité. Cela est notoire depuis les
origines. Paris peut même se prévaloir d'une certaine constance dans
l'hostilité au droit d'autodétermination des Sahraouis. Nul ne conteste
d'ailleurs que la diplomatie française a mené une activité constante pour
éviter que la solution par l'autodétermination ne soit mise en application.
L'on se souvient qu'au moment où le Conseil de sécurité a adopté le plan Baker II, la France a été particulièrement active pour qu'aucune solution ne soit «imposée» à l'une des parties. L'attitude française visait, pour sauver la mise au Maroc mis en difficulté au plan diplomatique, à préserver le «statu quo». Entendre aujourd'hui le Premier ministre français affirmer que le «statu quo ne peut pas être un objectif» peut donc susciter une certaine perplexité. M. Fillon aurait été plus convaincant, au nom de choix souverains, s'il avait fait valoir les liens d'intérêts spéciaux entre la France et le Maroc. Mais invoquer le besoin d'un accord fondé sur une option marocaine, où même la notion d'«autonomie» est vide de substance, au nom du «développement et de la sécurité de la région», voilà qui n'est guère raisonnable. Encore un petit effort et les représentants de Paris, qui ne voulaient pas que l'on impose une «solution» à l'une des parties, iront jusqu'à exiger des Sahraouis qu'ils se soumettent et adoptent le plan marocain. En réalité - les responsables de la diplomatie française le savent -, la France n'a pas de rôle à jouer dans l'affaire du Sahara Occidental. Elle a défendu pendant des décennies un statu quo destiné à éviter l'application des résolutions de l'ONU, elle ne peut aujourd'hui appeler à la sortie du statu quo par une reddition des Sahraouis. Car, pour sortir du statu quo, les Sahraouis et l'Algérie pourraient paraphraser le Premier ministre français et affirmer que l'exercice effectif du droit à l'autodétermination par voie de référendum libre et ouvert est «la base la plus pertinente pour sortir de l'impasse dans laquelle nous nous trouvons». Les Sahraouis, pas plus qu'ils n'ont accepté, hier, qu'un Van Walsum détourne sa mission de médiateur en exigeant le renoncement à l'indépendance, n'accorderont d'importance aux propos de François Fillon. Ils savent que la France n'est pas un «ami». En revanche, Abbas El Fassi est bien mal avisé de croire que se plaindre de l'Algérie auprès de la France peut servir son pays. Au sujet de la frontière fermée avec l'Algérie, le chef du gouvernement marocain a en effet formulé une chikaya à son homologue français. En s'abstenant d'ailleurs d'en rappeler des prodromes peu favorables au Royaume. Mais là n'est pas la question. M. El Fassi se fourvoie s'il pense que messieurs Fillon ou Sarkozy peuvent être d'une quelconque utilité en l'occurrence. Ici non plus, la France n'a pas de rôle à jouer. Il appartient exclusivement aux Marocains et aux Algériens de régler cette affaire. Le Premier ministre marocain l'ignore peut-être, mais il ne manque pas d'Algériens qui, tout en défendant résolument l'exercice du droit à l'autodétermination des Sahraouis, sont favorables à la réouverture de la frontière avec le voisin de l'Ouest. Ce sont bien les acteurs concernés qui peuvent modifier le cours des choses et non pas les déclarations de tiers étrangers à un problème bilatéral. |
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