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« L'histoire ne
repasse pas les plats». Céline
Les relations Algérie-France, à force de vivre les mouvements d'un yoyo saisi d'une épilepsie de grande magnitude, font régulièrement rater les grandes et bonnes occasions susceptibles de lancer de grands chantiers en laissant la guerre des mémoires aux historiens, aux écrivains, cinéastes, dramaturges et autres essayistes férus de polémiques et aux groupes de pression qui, des deux côtés, attendent un retour sur des investissements symboliques, rentiers et surtout spéculatifs. Les gros progrès réalisés par MM. Bouteflika et Chirac ont été rapidement et brutalement remis en cause par la droite française, pas décomplexée pour un sou, surtout nostalgique, marquant à la culotte le parti du sinistre tortionnaire Le Pen et sa baveuse descendance. Cette dernière a trouvé des alliés médiatiques qui sont autant d'imposteurs et une insulte ostentatoire à l'humanisme et aux vertus français que les peuples admirent aux quatre coins du monde. Des produits hideux comme E. Zemmour comme un vague et brouillon enseignant élevé au rang de «philosophe» SVP, qui passe son temps à convulser de haine et à se tordre les mains pour s'attirer la pitié des chaumières, sont propulsés porte-parole du peuple français. Mais n'est pas Sartre qui veut et le lobby sioniste ne craint pas le ridicule en défendant Zemmour dont les traits, sous la poussée d'un racisme obscène, se déforment avant l'âge. Si les Etats n'ont pas d'amis mais des intérêts et éventuellement, selon les circonstances, des alliés plus ou moins durables, l'Algérie et la France ont des raisons objectives de faire passer à leurs relations économique, culturelle, scientifique et humaine une vitesse supérieure et maintenue. Les gestes du président Bouteflika qui s'est rendu à Nice, qui reste calme devant les errements de l'UPM où l'on distribue des postes à l'Egypte et à Israël au mépris des réalités pures et dures, en recevant des proches de M. Sarkozy, ont sûrement permis aux choses de mûrir un peu. Le gel d'une loi, rédigée dans la précipitation et l'émotif, criminalisant le colonialisme fait partie de l'arsenal de sagesse et de retenue manifestées par M. Bouteflika. La circulation des personnes, l'exigence de documents qui portent sur la vie privée (comptes bancaires en dinars et en euros) exigibles par les consulats français pour délivrer un visa, les propos et décisions prises par des ministres français qui collectionnent les bourdes, l'affaire du diplomate algérien, dont le traitement est suspendu, apparaissent rapidement gérables devant les possibles qui s'offrent aux deux pays, si la volonté politique est présente. Bien entendu, des sectes rentières et hautement intéressées, activant aux plans symbolique, politique, par des postes à pourvoir, des salaires et retraites, continuent la guerre d'indépendance trop souvent sans l'avoir faite, détestent la langue française sans maîtriser ni l'arabe ni l'anglais et encore moins le russe ou le chinois. Or, l'histoire, les tissus humains, les industriels, créateurs, écrivains, la logique de fer des investisseurs, la simple raison font, dans la réalité de chaque jour, que la langue française a toute la place qui doit être la sienne en Algérie. Ni plus ni moins, dans les intérêts bien précis de chacun et dans le respect de tous. Le réalisme politique, stratégique, économique et culturel incite à ce que des partenaires «historiques», géographiques, qui se connaissent si bien pour de multiples raisons, aillent à l'essentiel, prennent de la hauteur vis-à-vis du factuel et des courants passéistes pour regarder ensemble l'avenir à construire par des politiques visionnaires et surtout audacieuses par rapport aux pesanteurs conservatrices intérieures. La guerre d'indépendance, les horreurs commises, non par le peuple de France mais par le système colonial sont un héritage commun. Qu'il soit gênant, glorieux pour le peuple algérien, le combat mené depuis l'occupation en 1830 au prix énorme versé par les ex-indigènes est aussi l'héritage que doivent rédiger les historiens qui n'ont de comptes à rendre qu'à la seule vérité historique. De plus, l'Algérie a gagné de manière exemplaire et emblématique sa guerre de libération. Comment le Vietnam gère-t-il sa mémoire, le napalm et les crimes abominables commis par la France et les USA ? Par le travail acharné pour son développement, sans rien renier de son héroïque lutte de libération, sans effacer sa mémoire. Des signes de décrispation, certes encore diplomatiques et discrets, se manifestent alors que des chantiers, des partenariats, des investissements sont plus que nombreux, qui n'attendent que les décisions politiques et des choix pertinents pour les lister, les planifier pour que les entreprises et les entrepreneurs se mettent au travail, tant la place de l'Algérie, surtout au Maghreb et en Méditerranée, n'est plus à démontrer. Si le colonialisme a été condamné et vaincu par les peuples et l'histoire, le français est antérieur au système colonial et il survivra bien longtemps après l'apaisement des conflits mémoriels et la restitution de l'histoire aux historiens. L'heure est essentiellement au respect, au courage politique qui fait qu'aucune conscience élevée et respectueuse ne peut ni justifier le colonialisme ni lui délivrer un non-lieu. L'heure est donc à la neutralisation des voix de la haine qui font florès dans certains médias français qui gênent considérablement les intérêts de la France et déforment le visage et l'histoire de la France. Au moment où la crise frappe durement, où des gouvernements mettent, en Europe, des plans de rigueur qui enflamment les fronts sociaux, accentuent des fractures, les G8 et G20 ont du pain sur la planche. La France et l'Algérie aussi, qui gagneraient ensemble, en prenant à bras-le-corps les chantiers de l'investissement, de la coopération, de la formation et la solution de problèmes qui traînent en hypothéquant le travail des gens de bonne volonté et l'avenir. Il est nécessaire de remiser les pseudo accords entre gouvernements au plan culturel en mettant au centre des PME/PMI pour la production audiovisuelle et cinématographique à travers une caisse commune alimentée au niveau du PIB de chaque pays, gérée par des CNC pertinents, compétents et opérationnels dans les secteurs concernés. En matière de tourisme, de formation et management dans cette industrie porteuse, il y a du pain sur la planche. La France est la première destination touristique au monde avec, chaque année, autant de touristes que d'habitants. A lui seul, le Mont-Saint-Michel attire 3 millions de visiteurs par an. En 2009, le département du Var a séduit 10 millions de touristes. On peut multiplier les exemples et les domaines où il est possible et nécessaire de coopérer en faisant, du côté algérien, plus de confiance et d'accompagnement au privé, aux élites et créateurs qui ont des choses à dire et à faire. La Chine, bien soucieuse de son histoire et de son développement, est devenue le 110e pays à adopter une invention française, la fête de la musique, fabrique des Airbus chez elle et exporte tous azimuts. Aujourd'hui, dans une mondialisation et une crise qui frappe et frappera, l'Algérie et la France n'ont plus le temps. Si les morts pèsent assurément sur les vivants, l'avenir dans le respect mutuel peut autoriser à faire son deuil de l'Algérie de grand-père et de l'extrême-droite qui a si peu d'électeurs et recrute des «philosophes» et amuseurs TV chez une droite qui s'éloigne de ses racines propres pour voler à Mme Le Pen des ramassis de tortionnaires et de racistes de tout poil. |
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