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Jusqu'à
la crise financière puis économique qui a ébranlé les Etats-Unis, conséquence
de celle dite des «subprimes», les pays européens membres du G8 n'ont contesté
que sur le plan du «principe démocratique» l'hégémonie qu'exerçait Washington
concernant la conduite des politiques financières et économiques planétaires.
Ce n'est qu'une fois les Etats-Unis empêtrés dans la crise qu'ils ont élevé
leur contestation au niveau de l'exigence par la réclamation de l'élargissement
du «gouvernement du monde» qu'est le G8 aux pays émergents et la refonte du
système financier international, jusqu'alors sous tutelle américaine quasi
exclusive.
Leur «fronde», pensaient-ils, devait leur acquérir la reconnaissance et le soutien des pays à qui l'élargissement du G8 ouvrait la porte de l'aréopage le plus fermé du monde. Avec le calcul que ces pays émergents, dont tout un chacun conteste la prééminence décisionnelle des Etats-Unis, s'allieraient à l'Europe au sein de ce G20 ayant succédé au G8. Le calcul européen a fonctionné tant qu'il s'est agi de forcer les Etats-Unis à accepter des «réformes» au système financier international. Il est en train de tourner court à partir du moment où l'Europe, empêtrée à son tour dans une grave crise financière induite par les dettes publiques de ses principaux Etats membres, s'est mis en tête d'obtenir du G20 des mesures favorables à ses intérêts, mais en contradiction avec ceux des Etats-Unis et des pays émergents. D'où le renversement de situation auquel l'on assiste dans les négociations qui ont pour cadre le G20 réuni au Canada. Qui est que les pays émergents font bloc avec les Etats-Unis pour soutenir que les mesures d'austérité budgétaires et de dépenses auxquelles ont recours les pays européens en crise sont préjudiciables à la relance enclenchée dans l'économie mondiale. La voix et l'influence des Européens n'ont finalement pas gagné à l'élargissement du «gouvernement économique» de la planète. Les pays émergents qui en ont bénéficié n'étant nullement disposés à accorder la primauté de leurs intérêts aux Européens, qu'ils contestent autant à ceux de l'Amérique. Obama, dont les intérêts économiques nationaux sont convergents avec ceux des pays émergents, en profite pour rabaisser la prétention de l'Union européenne à ravir le leadership aux Etats-Unis sur les questions économiques et financières mondiales. Il est d'autant en situation de le faire que l'économie américaine est en train de «se refaire une santé», contrairement à celles de l'Union européenne. Dans cette lutte qui se livre au sein du «gouvernement du monde» qu'est le G20, l'on n'entendra pas la voix des pays pauvres ou en développement. Ceux de l'Afrique notamment, dont le G8, qui continue à se réunir en parallèle du G20, a convoqué comme il le fait traditionnellement quelques dirigeants pour faire tapisserie dans un petit-déjeuner et servir d'alibi à «l'humanisme éclairé» de ses membres. L'Afrique est le laissé-pour-compte dans les affaires financières et économiques. Elle est ballottée de promesses en promesses jamais tenues dans les proportions où elles sont faites. Elle aurait elle aussi tort de compter sur les pays émergents siégeant maintenant au G20. Quand il s'agit d'intérêts, ces pays n'agiront pas mieux avec elle que le font les Américains ou les Européens. |
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