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Ce que tous les Algériens espéraient s'est finalement
déroulé.Ils ont fait la fête. Deux fois plutôt qu'une : à la fin du match de
Khartoum et pour accueillir l'équipe nationale de retour au pays.
Beaucoup souhaitaient une qualification à la Coupe du monde, tous, y compris les plus aigris et les plus cyniques, souhaitaient, même s'ils ne l'avouent pas volontiers, avoir une occasion de faire la fête. Une vraie fête, spontanée, populaire, un peu échevelée, loin des cérémonies empesées et des mines de circonstance qui sont associées à nos célébrations habituelles, officielles ou privées. On en avait eu un avant-goût progressif au fil des matches de qualifications salués par un enthousiasme allant crescendo. Les victoires de l'équipe nationale étaient à chaque fois marquées par des célébrations populaires, sans agressivité et dénuées de chauvinisme. Il faut dire que la jeunesse des joueurs, leur simplicité, alliées au caractère égal et bonhomme de l'entraîneur, n'y sont pas étrangères. Cette équipe inattendue inspire la sympathie, on n'y discerne pas la moindre trace de starisation : c'est une bande de jeunes comme tous les jeunes de ce pays. Une équipe sans vedette ni crise de nerfs. Les jeunes, les moins jeunes ensuite, et tout le monde à la fin s'est reconnu dans des sportifs capables de bien se tenir en toutes circonstances et qui n'ont pas la grosse tête. Au-delà des analyses géo ou psycho-politiques, des manoeuvres ou des récupérations, c'est bien un désir de fête qui s'exprimait. Les Algériens ont peu l'occasion d'être heureux et de laisser exploser leur joie. On le sait, les lourds tabous, une autocensure rigide répriment, quand elles ne cadenassent pas les velléités festives. Et rien dans le vécu n'y prédispose. Mais tous se sont laissés aller pour une fois, sans distinction, et les femmes n'étaient pas en reste. Elles étaient massivement présentes, de toutes les générations, avec et sans foulard. Le drapeau arraché des mâts officiels se déclinant sous toutes ses formes, la joie collective a déchiré un calendrier depuis longtemps avare de réjouissances. Ces joueurs ont permis de démontrer, contre le quotidien, que l'on pouvait être fier d'être Algérien. C'est un cadeau précieux par temps de pénurie. Le plaisir a été décuplé par le fait que la victoire a été acquise sur une adversité excessive. Cet élément a sans doute influé sur de nombreux amateurs du ballon rond, pas seulement ceux du Maghreb naturellement solidaires, à travers la planète football et au-delà. En France, les citoyens d'origine algérienne ont bruyamment manifesté une inhabituelle allégresse. Il y a eu quelques débordements, tant ce pays sait ethniciser une lutte des classes qui, comme chacun sait, ne s'endort jamais. Ces quelques incidents ont permis à un philosophe sioniste, psychologiquement instable, et à un tortionnaire patenté de médiatiser leur détestation des Algériens. Le dernier, toute honte bue, y a vu une atteinte à «l'honneur» de la France. Si la honte de la France doit porter un nom, c'est bien celui de ce criminel de guerre. Mais en dépit de ces déclarations imbéciles, beaucoup de Français «de souche» ont participé à la fête des «citoyens issus de la diversité». Il y a eu de très belles images ici et ailleurs, de beaux moments d'émotion. En espérant qu'ils se renouvellent, c'est bien ce que l'on retiendra de ces journées. |
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