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Israël déploie
tout son charme aux Africains pour acquérir leur soutien diplomatique au sein
des instances internationales. Son ministre des Affaires étrangères, Advigor
Lieberman, vient de clôturer une visite en Ethiopie, au Kenya, au Ghana, au
Niger et en Ouganda pour bien des objectifs stratégiques.
Le gouvernement israélien accélère ces dernier jours son pressing diplomatique en direction d'un certain nombre de pays africains pour atténuer la pression des USA et de l'UE dans le dossier palestinien. Aussi, le ministre des Affaires étrangères de l'Etat hébreu vient-il de clôturer une tournée en Afrique (du 1er au 9 septembre) durant laquelle il s'est rendu en Ethiopie, au Kenya, au Ghana, au Niger et en Ouganda. L'objectif d'Advigor Lieberman est double. D'abord créer une ligne de fracture au sein de l'Union africaine (UA) en ralliant à ses thèses sur l'avenir de la Palestine un maximum de pays africains, qui sont par ailleurs membres de la Ligue arabe et de la Conférence islamique. Ensuite, acquérir leur soutien dans l'isolement de l'Iran et, pourquoi pas, pour une attaque militaire contre ce pays. Israël ne manque pas de génie politique pour monter de telles manoeuvres diplomatiques. Le choix de l'Ethiopie comme première étape de la visite n'est pas fortuit. Bien des liens unissent les deux pays, dont celui des émigrés « falachas », ces juifs éthiopiens qui grossissent les colonies juives en Palestine. Le Ghana, lui, a été le premier pays africain à reconnaître l'Etat d'Israël en 1957, comme le Niger qui a fait de même dès son indépendance en 1960. Lors de sa tournée, le ministre israélien a signé quelques contrats commerciaux avec les cinq pays visités, et surtout a offert l'expertise israélienne en matière d'agriculture et de gestion des eaux, dont ces pays ont grand besoin. L'autre volet, et qui n'est pas des moindres, est relatif au dossier iranien. Israël compte sur le soutien d'une bonne partie des pays africains lors des votes à l'Assemblée générale de l'ONU sur ces deux dossiers. La manoeuvre diplomatique d'Israël est pertinente dans la mesure où pas moins de 39 pays africains sur les 57 que compte le continent ont des liens commerciaux et diplomatiques avec l'Etat hébreu. Ce regain d'activisme de la diplomatie israélienne est déclenché au moment même où les USA et l'Union européenne lui font pression pour qu'il cesse sa politique d'occupation en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. Jusque-là, c'est de bonne guerre et rien d'étonnant à ce qu'Israël entreprenne une telle offensive diplomatique. La question ou plutôt l'incongruité de la situation est relative à la diplomatie arabe. Inerte, pour ne pas dire inexistante aussi bien dans le dossier palestinien que celui iranien. Cela fait longtemps que les pays arabes voisins ou non d'Israël ne régissent pas. Particulièrement depuis l'arrivée de la nouvelle coalition de la droite dure israélienne au pouvoir. Les colonies sauvages se multiplient sans qu'aucune voix arabe appelle à une initiative internationale. Les USA de Barak Obama et l'Union européenne manifestent plus de courage et de fermeté face au nouveau gouvernement israélien que les frères arabes. L'Afrique, quant à elle, peut bien se saisir de ses propres « opportunités politiques » et économiques (NEPAD, accords bilatéraux interafricains...) pour en faire un atout diplomatique qui mobilise sur des questions aussi centrales que celle de la Palestine et, d'une manière générale, celle du Moyen-Orient. C'est ce que fait Israël pour l'instant : rallier des soutiens diplomatiques via des accords commerciaux. Aussi, ne faudrait-il pas s'étonner lors de la prochaine (64e) Assemblée générale de l'ONU, qui se tiendra du 23 au 30 septembre prochain, qu'Israël repartira sans intention de mettre fin à son occupation « tous azimuts » de la Palestine et, cerise sur le gâteau, d'appeler à l'isolement de l'Iran. |
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