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Avec
un seul pantalon, les autorités soudanaises sont en train de réussir un tour de
force en matière de gestion médiatique mondiale. L'aventure ridicule d'un Etat
s'en prenant à une journaliste accusée d'avoir porté un pantalon continue en
effet de plus belle. La journaliste Loubna Ahmed Al Hussein vient d'être
interdite de sortie du territoire et toutes les agences de presse répercutent
allégrement l'information.
Les violences au Darfour, raison pour laquelle ce pays fait depuis plusieurs années la une des journaux, sont provisoirement mises entre parenthèses. L'image du pays n'en est pas améliorée pour autant, mais c'est un vrai coup de maître ! La cause -instrumentalisée jusqu'à la nausée - des femmes est le sujet de prédilection des Occidentaux quand il s'agit de stigmatiser les Arabo-musulmans. Khartoum vient complaisamment offrir une thématique estivale à des milieux soucieux d'entretenir dans leurs opinions publiques la représentation la plus primitive possible des musulmans. C'est une tradition, les régimes fouettards de la région sont toujours disposés à fournir les verges pour se faire battre à leur tour. Il est exact que le Soudan n'est pas seul à faire assaut de bigoterie. Les Etats de cette partie du monde, en déficit de droit, ont naturellement tendance à adopter les postures les plus conservatrices pour satisfaire aux critères de moralité obscurantiste d'un patriarcat épuisé. La tartufferie est ainsi érigée en mode de gouvernement. Aux yeux des faux dévots et des plus bornés, le régime se refait une virginité à coups de trique sur le dos des femmes assimilées au démon. Le wahhabisme a fixé les règles archaïques de ce jeu misogyne dont l'arc arabo-musulman paye un prix social et politique des plus élevé. Le Soudan, pays pauvre malgré un immense potentiel, subit comme beaucoup une gouvernance qui ne se caractérise guère par la probité et la compétence, mais où la bigoterie atteint des sommets. L'ennemi du Soudan n'est pas le sous-développement, ni l'analphabétisme triomphal, ni l'épouvantable misère du plus grand nombre. L'ennemi est le pantalon féminin. Et dans le combat douteux contre un ennemi sans défense, les armes de l'arsenal juridique du pays des deux Nil sont le fouet et l'interdiction de sortie du territoire. Le crime de lèse-patriarcat est grave pour qu'en sus du knout, une telle mesure soit édictée. Le procès vestimentaire - la pantalonnade ? - doit se tenir le 6 septembre, le temps que l'éminente justice soudanaise vérifie l'existence d'une immunité onusienne qui permettrait à la journaliste d'éviter le supplice et aux institutions de ce pays de sombrer davantage dans l'ignominie. L'histoire, de bout en bout, serait parfaitement comique s'il ne s'agissait de l'intégrité physique d'un être humain. Les châtiments corporels sont une atteinte majeure aux droits de l'homme. A cette aune, battre une femme est le comble de l'indignité. L'ancienne tradition chevaleresque arabe prohibait strictement toute violence à l'encontre des femmes. Les dirigeants de Khartoum n'en ont pas le moindre souvenir et assument le scandale de leurs effroyables retards. Ce pantalon, qui cache mal la déshérence soudanaise, est l'étendard d'une triste cause. On le voit sans être grand clerc, l'indécence n'est certainement pas dans la tenue de madame Loubna Al Hussein. |
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