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Mahmoud Abbas reconduit mais sans chèque en blanc

par Kharroubi Habib

Samedi, les quelque 2.000 délégués participant au congrès du Fa tah réuni à Bethlehem, en Cisjordanie, ont voté à l'unanimité et à main levée la reconduction de Mahmoud Abbas à la tête du mouvement nationaliste.

 Cette unanimité dont a bénéficié «Abou Mazen» peut surprendre au regard des sévères critiques dont ont fait l'objet, durant les travaux du congrès, la direction du Fatah et l'Autorité palestinienne dont il assume la présidence à toutes deux. Qu'il ait, après avoir essuyé ces critiques, obtenu d'être reconduit sous cette forme a de quoi effectivement étonner, sauf si l'on a eu présent à l'esprit que les congressistes, même ceux qui parmi eux ont été les censeurs de sa gestion et de sa politique, choisiraient au final de lui renouveler leur confiance pour conjurer le risque d'implosion du Fatah, qui a été réel et dont des prémices se sont fait jour à travers le grand «déballage» auquel ont donné lieu les préparatifs puis les débats du congrès.

 L'autre considération qui a joué en faveur de Mahmoud Abbas, même aux yeux de ses plus «intimes adversaires», est qu'il bénéficie d'un soutien international crucial pour la cause palestinienne. Si Mahmoud Abbas avait été désavoué par le congrès de son parti, ou même seulement mal reconduit, il devenait incertain que l'Autorité palestinienne continue à bénéficier des appuis internationaux qu'il est parvenu à lui ménager grâce justement aux positions controversées à l'intérieur du Fatah pour lesquelles il a opté pour la recherche d'une solution au conflit israélo-palestinien.

 Le successeur de Arafat, que l'on présentait comme étant irrémédiablement décrédibilisé au sein de son propre mouvement, opère avec sa reconduction un spectaculaire redressement, sauf qu'il va lui falloir maintenant faire la preuve qu'il est vraiment déterminé à «imprimer» un nouveau départ au Fatah, comme il s'y est engagé devant le congrès. D'autant que les composantes des deux instances suprêmes du mouvement, que le congrès va élire incessamment, pourraient comporter en leur sein des membres de ce courant qui a été très critique contre lui, et de ce fait se chargeront de lui rappeler qu'il n'a pas été réélu pour continuer dans les mêmes errements qui ont conduit le Fatah à être supplanté par le Hamas et la cause palestinienne dans l'impasse.

 Le congrès du Fatah a adopté un nouveau programme dans lequel est réaffirmé «le droit du peuple palestinien à la résistance dans toutes ses formes pour recouvrer ses droits». L'on saura bientôt si le Fatah du «nouveau départ» est décidé à faire usage de ce droit ou s'il le considère comme une simple clause de style. Il lui faudra en effet se déterminer par la réponse qu'il fera à Benyamin Netanyahu qui, prenant prétexte hier du quatrième anniversaire de l'évacuation unilatérale de la bande de Gaza par Israël, a réaffirmé haut et fort qu'il n'est pas question que celui-ci cesse l'expansion de ses colonies en Cisjordanie et à Jérusalem et procède encore moins à leur démantèlement, qu'il accepte d'Etat palestinien autre que sous la forme d'une «entité administrative séparée» et totalement désarmée. Et que le préalable à toute négociation avec les Palestiniens, même dans ce cadre, est la reconnaissance par eux de l'identité juive de l'Etat israélien.