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Il est vrai que des situations ubuesques et burlesques sont vécues chaque jour par tout un chacun. Il est tout aussi vrai que le non-sens se lance chaque jour pour défier la raison et la logique. De l’économique au politique, passant par le social et le philosophique, le citoyen vit à mourir de rire le repli sur soi, l’hilarité et la résignation fatidique. Si, une bouteille d’eau minérale vaut 30 dinars au moment où un litre de gasoil se vend à 12 dinars, est-ce de la bonne gouvernance ou une simple équation commerciale ? L’écart est ainsi à apprécier justement dans cette valeur ajoutée qui fait de l’extraction du pétrole avant la prospection du site et la recherche du périmètre adéquat toute une aisance matérielle, pour qu’ensuite, l’or noir se distille à nos pompes avec ce prix qu’une chaîne de fabrication de bouteilles cracables arrive sans peine à le dépasser. Le pétrole chavire d’un baril à un taux mobile de dollars et la mer continue à bouffer dans ses ressacs les centaines de harraga. Alors que l’on aurait pu faire construire des chantiers navals pour qu’ensuite y fabriquer des chaloupes ou des esquifs plus robustes et résistants aux assauts sauvages d’une mer insatiable de corps porteurs de chagrins et de mal-vie. Les 2 millions et demi de kilomètres carrés du bled ne semblent pas suffire à offrir des assiettes foncières pour héberger tout le monde en y construisant un million de logements pour une demande de plusieurs millions. Ainsi, le chapelet des non-sens est loin de pouvoir se terminer. Si, en 2009, à l’ère des NTIC, de la grippe porcine, de la couleur numérisée, du 2ème festival panafricain, l’on continue à transporter dans nos têtes, comme dans des compartiments d’appareils photos d’antan, des pellicules en film plastique et l’on s’attend aux miracles des lotions de développement, il ne se passerait rien sauf que les photos seront dans le noir et blanc au moment où, l’attente de les voir gaies et colorées s’estompe vite que ne le sera le tirage. Cette façon de percevoir les choses ; penser une chose et attendre une autre ; avait entraîné dans la profondeur de nos âmes des états de déséquilibres que seul, après coup, le résultat obtenu nous aidait à constater les dégâts. Dans nos villes nos bourgmestres avant qu’ils ne le soient nous promettaient monts et merveilles. Une fois élus et confrontés à la dureté du système fonctionnant les rouages internes d’une petite commune, ils réalisent à leurs corps défendant la fermeté de l’inertie à laquelle ils sont appelés à se positionner. Dans le temps, les maires se targuaient d’être d’une certaine école où l’unique matière fondamentale se résumait dans le nationalisme assorti de matières secondaires de légitimité, d’histoire et d’actes d’héroïsme. En ces jours, les esprits échaudés d’électeurs avertis ont pu pousser la machine un peu en avant pour nous offrir un menu de candidats plus ou moins potentiels, de l’énarque à l’informaticien, de l’ex-administrateur à l’ingénieur. L’on croit de ce fait possible de faire mourir de la sorte toutes nos angoisses et nos appréhensions quant au devenir de nos cités continuellement mal gérées. Quelles ne sont encore ces surprises inqualifiables ! Les gestionnaires communaux présumés adroits et jouissant d’aptitudes professionnelles avérées butent encore et toujours contre une résistance ou un front qui ne les prépare que pour s’investir à perte de temps dans la gestion coulissière de la bataille et de la guéguerre. Omettant d’emblée le nectar doucereux de la candidature, ils plongent sans volonté et cou tordu en plein règlement de compte. On leur fait les quarante misères, pour qu’ils abandonnent leurs charges dans les quarante-huit heures qui suivent leur investiture. Ils finiront par partir si l’on ne précipiterait pas rapidement leur départ. Le même constat est à faire à un certain niveau de la hiérarchie gouvernementale. C’est quoi ce ministre qui prétend ne pas être responsable d’une chose, pourtant naturellement greffée aux attributions de son département ministériel ? Un wali qui se dit non concerné par un démembrement extérieur d’un service central mais officiant sur le sol où ce wali est censé exercer ses prérogatives de puissance publique en sa qualité d’unique dépositaire légal de l’autorité de l’Etat ? Un chef d’entreprise qui s’en fout à tue-tête de la clientèle patentée de son entreprise ? Le programme de relance économique n’est pas a contrario l’expression contraire d’un slogan dépassé qui a fait, après tant d’émules et de bonheur ménager, couler le pays dans les guichet du FMI et des bailleurs de fonds ? « Pour une vie meilleure ». Ce programme nonobstant à le voir s’afficher à travers les centaines de grues et d’engins de travaux publics qui bouchonnent le firmament des ZHUN, les artères des agglomérations ou qui transpercent et labourent vergers et forêts pour dégager les couloirs devant servir aux tronçons d’autoroutes, n’aurait pas atteint les objectifs escomptés. Relancer la machine en ses avant toute ! Le béton et l’asphalte sont, par principe physique, les éléments garants d’une bonne santé entrepreneuriale, soit un développement national. Tous ces chantiers sont supposés aussi être des sources d’emploi. Des pôles créateurs de richesses de par la dynamique économique qu’ils sont capables d’engendrer dans la sphère socio-économique. De ce fait, la masse salariale ou la part patronale, chacun en ce qui la concerne, iront renflouer les caisses respectives de l’employé et des caisses sociales. Ce qui aurait comme effet d’entraînement une facilité d’accès vers un pouvoir d’achat, ce qui, à son tour, ne manquerait pas d’encourager la consommation par le désir de satisfaire un besoin que l’on aurait naturellement créé d’autre part. Tout ce circuit des acteurs économiques demeure un indicateur de performance, de plein emploi et de bonheur social. Y sommes-nous? Sait-on, au moins, qui des ministres est en charge d’approvisionner le marché national, sinon le juguler à la limite réguler les instruments concurrentiels de la fatale loi du marché, quand un produit de première nécessité n’arrive pas sur les étals de l’épicier ou du marchand de quartier ? La pomme de terre, la semoule, l’huile de table, la pièce de rechange, les timbres fiscaux etc. En termes de prix, il y est fait tout le temps allusion, même référence officielle à cette nébuleuse forme libertaire tendant à laisser faire, laisser passer la liberté des prix là où le consentement mutuel entre acheteur et vendeur se scelle. Oublier de penser que le consentement en théorie ne doit en aucun cas être la résultante d’une pression irrésistible ou une contrainte impérieuse, c’est méconnaître la vérité, l’unique et absolue vérité. Si l’huile est cédée à 850 DA les cinq litres (cinq litres ?), le consommateur s’en découd à ne réduire que la quantité dont l’achat est projété sans pour autant qu’il ne soit outre mesure apte à en réduire les effets de ses besoins. Sinon, nous nous inscrirons dans un système de quota. Le rationnement rappelle des époques pense-t-on bien révolues. Là, le non-sens est aussi à inscrire allah ghallab, dans le rapport expression de besoin/moyens de satisfaction. Dans un autre registre qui se lit et se déchiffre quotidiennement dans les maisons, les bureaux, la rue ; le visage des gens, des passants, des clients, des administrés, des administrateurs ne présente aucune lueur de bonheur. L’on sent que nul n’est heureux ni dedans ni dehors. La joie n’a pas changé de camp, elle l’a vraiment foutu. Les fêtes d’entres cérémonies nuptiales ou promotionnelles n’ont plus le même goût et n’affectent en rien les neurones du bonheur pour qu’elles puissent susciter un semblant de gaieté ou un état d’extase ou de volupté. Perdre le sourire reste la pire des sanctions civiles et citoyennes. A qui la faute ? Un collègue m’avait soufflé à l’oreille comme un secret professionnel, qu’il allait demander sa retraite anticipée pour la seule raison que les gens qui l’entourent, le gouvernent ou l’assistent ne sont plus heureux, en soutenant mordicus que lui non plus. Ainsi, l’on voit, l’on sent que la morosité broie de jour en jour la ténacité des plus vaillants. Que la précarité s’installe dans le quotidien pour oeuvrer à anéantir à petit feu l’ultime patience qui récrée encore le plaisir de continuer. La faute incombe à qui ? La réponse serait toute banale si l’on comprenait autrement le mécanisme de fonctionnement actuel de la société actuelle. Une crise originale multidimensionnelle. Malgré les liens de causalité, l’on se soucie peu des causes que de l’effet. On peut avoir une mine patibulaire, les yeux cernés, les paupières ballonnées et assister à un carnaval, une parodie ou une ambiance festive. Le comble, l’on peut inaugurer, présider, ou ouvrir dans cet état grisâtre de décrépitude et de manque d’éclats un salon du livre, une séance de travail ou une réception mondaine. L’autre non-sens est à résumer que le costume gris souris, la cravate terne et la chemise pale peuvent avec sourire et hilarité être arborés dans les allées d’un cimetière ou sur le trottoir d’un domicile mortuaire quand la participation à un enterrement devient un devoir professionnel, électoraliste ou de faire-valoir. Dans cette situation, paradoxalement comique et souvent dramatique, l’on retrouve également le même décor taciturne quand la paix tant souhaitée se confine toujours dans la probabilité d’un attentat et tarde à venir se répandre aux alentours des endroits où la mort se profile pour faucher les têtes et exploser les cervelles. L’autre terrorisme, plus grave car légal, est situé dans cette angoisse meurtrière qui mine la totalité des citoyens quand ils se trouvent régentés sinon gérés par des gens moins enclins au savoir-faire et dont l’exclusif ravissement demeure la réjouissance que leur procure l’autorité qu’ils jubilent de pouvoir exercer sur le dégoût et la résignation des autres. Le non-sens n’a pas à être identifié tant qu’il vous crève l’œil à chaque lever de jour. |
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