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Petit scénario-catastrophe : une brutale secousse géologique engloutit le G8 à Aquila. Catastrophe mondiale ! Mais ne vous inquiétez pas, les seules menaces qui planent sur les sommets internationaux sont la répétition de fortes phrases et la routine des « grandes résolutions à confirmer prochainement»... Vendredi 10 juillet - L’incroyable nouvelle est tombée sur les téléscripteurs et les écrans d’ordinateurs à 20h 03, hier soir, jeudi 9 juillet, le jour le plus noir de l’histoire mondiale de la diplomatie : alors que s’ouvrait, à 18h30 GMT, le dîner donné à l’ensemble des délégations à l’invitation du président italien Giorgio Napolitano, un nouveau tremblement de terre d’une force inouïe, de magnitude 7,8 sur l’échelle de Richter, a de nouveau frappé la petite ville de L’Aquila, en Italie, qui était le siège du sommet du G8 élargi qui devait se tenir jusqu’à ce vendredi. Les trois secousses successives mirent à bas la plupart des bâtiments de la région et notamment la caserne qui abritait les travaux du Sommet. Celle-ci se situait à un kilomètre seulement de la 1re secousse, qui a déjà fait en avril dernier plus de 300 morts. Les dirigeants du monde savaient qu’ils n’étaient pas à l’abri d’un nouveau tremblement de terre et éventuellement d’une évacuation d’urgence. Vendredi dernier, une secousse de 4,1 sur l’échelle de Richter avait déjà été enregistrée. La protection civile italienne avait souligné que les participants seraient immédiatement évacués en cas de séisme d’une magnitude supérieure à 4. Mais nul n’avait envisagé un séisme d’une ampleur telle que celle qui a fait littéralement disparaître le sommet du G8. Les principaux chefs d’Etat plongés dans un enfer géologique Bien que la zone de L’Aquila restait une zone à hauts risques, le chef du gouvernement italien, Silvio Berlusconi, avait pris la décision trois semaines après le drame, de transférer le G8 du lieu initialement prévu de La Maddalena, en Sardaigne, vers L’Aquila. Lors du dernier Conseil des ministres italiens, qui s’est tenu la semaine dernière, Silvio Berlusconi n’avait pas caché sa préoccupation concernant la secousse récente mais il s’était voulu rassurant, confiant dans les capacités de la Sécurité civile italienne. Il n’avait surtout pas voulu se dédire et désorganiser ainsi un sommet qui devait réunir plus d’une cinquantaine de chefs d’Etat et de gouvernement, les responsables de la plupart des grandes institutions internationales, un club qui était censé, selon ses dires, regrouper «90% de la richesse mondiale». Finalement, la peur de perdre la face aux yeux du monde aura été plus forte que tout. Ironie de l’histoire, le corps du chef du gouvernement italien fut sorti parmi les premiers des décombres, entouré de ceux de deux jeunes hôtesses sans vie qui avaient été embauchées pour le Sommet. Toute la nuit, les hurlements des ambulances et des véhicules de police, le vrombissement des hélicoptères, les aboiements des chiens de recherche de la surveillance civile, les cris des innombrables blessés, le râle des mourants envahirent la nuit. La caserne qui abritait les travaux, les lieux de réunions, la salle de la réception s’étaient littéralement effondrés sur eux-mêmes puis disparurent comme broyés par un immense et brutal repli de terrain, les morceaux de bâtiments, les gravats, la vaisselle du dîner d’apparat, les voitures officielles, les personnels, les nombreuses équipes de télévision, la foule des reporters et les grands de ce monde glissèrent tous, en direct des caméras qui filmaient encore, dans une sorte de gouffre innommable... Vision d’enfer ! A cette heure, les chances de retrouver un seul survivant dans la quasi-totalité des participants du Sommet deviennent infimes de minute en minute. Le pouvoir économique et politique de la planète entière est littéralement décapité. Le glas a résonné ce matin dans toutes les églises italiennes et dans celles de nombreux pays. Les capitales sont en deuil, les populations, stupéfaites. Qu’on y songe. La journée du mercredi 8 juillet a accueilli les dirigeants du Groupe des Huit, Barak Obama, Angela Merkel, Nicolas Sarkozy, Gordon Brown, Medvedev et Poutine, les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Italie, du Canada, du Japon, de Suède qui préside actuellement l’UE, et même José-Manuel Barroso, le président en sursis de la Commission européenne. Pire, les membres du G8 rencontrèrent ces dernières heures les chefs de gouvernement du G5 (Brésil, Chine, Inde, Mexique, Afrique du Sud) et de l’Egypte. Seul rescapé miraculeux, le président Hu Jintao, rentré précipitamment en Chine en raison des émeutes qui secouent la région du Xinjiang ! A la réception donnée hier soir par le président italien, se pressaient également les dirigeants d’Algérie, d’Angola, de l’Ethiopie, de la Libye, du Nigeria, du Sénégal, Afrique du Sud, ceux de la Commission de l’Union africaine, les responsables d’organisations internationales (AIE, OIT, FMI, OCDE, ONU, OMC, Banque mondiale), qui avaient participé toute la journée à différentes séances de travail, accompagnés par les chefs de gouvernement et chefs d’Etat de l’Australie, de la République de Corée, de l’Indonésie, du Danemark, des Pays-Bas, de l’Espagne, de la Turquie... Combien sont encore vivants à cette heure ? Le pape prie pour les âmes des défunts Parmi les premiers à réagir, le pape Benoît XVI, qui avait prié publiquement la semaine dernière pour le succès du G8 et qui devait recevoir en audience Barak Obama cet après-midi, après la conférence de presse du président américain, a décrété une semaine de deuil, de jeûne et de prières dans tout le monde catholique. L’ensemble des responsables et dignitaires des grandes religions ont pris des dispositions similaires. Une attitude bien éloignée du communiqué émanant d’Al-Qaïda qui voit dans cette catastrophe la preuve incontestable d’un «jugement divin vengeur». De nombreuses sectes dans le monde n’ont d’ailleurs pas manqué dans la nuit de marquer la catastrophe géologique du sceau du «Jugement dernier», de «l’Apocalypse», «du Jour de la Vérité et de la Menace» et autres «Armageddon»... Il est vrai qu’à l’éclairage de cette terrible catastrophe politique, les dangers qu’encourt la planète et qui faisaient l’ordre du jour de ce sommet économico-politique, paraissent paradoxalement bien dérisoires, qu’il s’agisse de la profonde et insondable crise économique actuelle, de l’angoissant avenir climatique, du retour des menaces nucléaires, de la persistance et l’aggravation de conflits militaires ou guerres civiles dans de nombreuses grandes régions du Moyen-Orient, de l’Asie centrale ou de l’Afrique... Nul ne se hasarde à prévoir les conséquences historiques d’un tel séisme géologique et géopolitique. Les «cellules de crise» hébétées de nombreux gouvernements n’avaient jamais travaillé sur un tel «scénario-catastrophe» Retour au réel Oui ! Rassurons-nous ! Tout cela n’est que pure fiction, issue du cerveau malade du «chroniqueur de Paris» ! Il n’empêche. Dans un monde obsédé par la sécurité, où les chefs d’Etat sont infiniment mieux protégés que leurs populations, on peut s’étonner de la prise de risque inconsidérée qui consiste à mettre dans le même lieu, endroit soumis à des tremblements de terre récents, l’élite, le gratin, l’aristocratie, la crème, la fine fleur des «happy few» du gotha des responsables économiques et politiques de la planète entière. Le risque pris est d’autant plus surprenant que, de ces grands-messes internationales, il ne sort en général pas grand-chose. En avril dernier, le sommet économique du G20 à Londres avait soigneusement, en pleine crise financière, omis d’aborder le sujet qui fâche, à savoir, les questions monétaires. L’existence même du G8, réuni en sommet en Italie depuis hier, est publiquement contestée, notamment par les grands pays émergents qui n’y participent pas, comme la Chine, l’Inde ou le Brésil. Et l’on explique déjà que les résultats du sommet de L’Aquila devront être confirmés par un autre prochain sommet du G20. Dans les faits, le G8 a perdu les commandes du dossier «crise économique» au profit du G20, incluant les pays émergents, et il ne devrait pas sortir de mesures concrètes du sommet de L’Aquila, perçu comme une étape avant la tenue du sommet du G20 à Pittsburgh (Etats-Unis) fin septembre et qui, parions-le, débouchera lui-même sur une rencontre internationale qui devra être décisive... Dans le détail de la rencontre de L’Aquila, la crise économique venait au 1er plan du Sommet italien qui s’est ouvert, dit-on, dans un climat «d’optimisme mesuré» : «La situation reste incertaine et des risques subsistent pour la stabilité économique et financière. Nous notons des signes de stabilisation de nos économies et pensons que l’inversion de tendance sera renforcée quand nos mesures (de soutien) auront atteint leur plein effet», estiment les dirigeants des huit pays les plus industrialisés dans leur projet de déclaration finale. «Nous ferons les pas nécessaires individuellement et collectivement pour ramener l’économie mondiale sur la voie d’une croissance forte et durable», s’engagent-ils courageusement dans ce document, obtenu de source diplomatique et qui doit encore être formellement adopté. Après ces bonnes paroles, les dirigeants des Etats-Unis, de Russie, de Grande-Bretagne, de France, d’Allemagne, d’Italie, du Canada et du Japon devaient parler de climat, de lutte contre la pauvreté et de l’Iran dont les activités nucléaires inquiètent toujours la communauté internationale. Persiflage Côté climat, selon une source européenne, les principales économies mondiales lors d’une réunion à Rome, regroupées au sein du Forum des Economies majeures (MEF) et qui représentent 80% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, ont renoncé mardi à leur objectif de diviser ces émissions de gaz par deux d’ici 2050. Le MEF comprend le G8 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie, Japon et Russie), le G5 (Afrique du Sud, Brésil, Chine, Inde, Mexique), la Corée du Sud, l’Australie et l’Indonésie. Bref, même un objectif à 2050 paraît trop imprudent à nos dirigeants des pays les plus riches alors que tous s’accordent à gloser gravement sur le risque climatique planétaire qu’on laisse aux générations suivantes. La crise en Iran, après la réélection contestée du président Mahmoud Ahmadinejad, et la non-prolifération nucléaire devaient être abordées hier soir. «Il est très important pour la communauté mondiale de parler aux pays, comme par exemple l’Iran ou la Corée du Nord, pour les encourager» à ne pas participer à une course aux armements, a fait sagement valoir le président américain, Barak Obama. Très bien, mais... bon ! Vendredi, le sommet s’élargira à des Etats africains. Au total, près de quarante chefs d’Etat et de gouvernement et de responsables d’institutions multilatérales sont attendus. Le chef du gouvernement italien, Silvio Berlusconi, a annoncé que le G8 lancerait une initiative hardie contre la faim dans le monde de «10 à 15 milliards» de dollars. Plusieurs ONG réclament en attendant que les pays riches complètent de manière urgente de quelque 23 milliards de dollars l’enveloppe financière totale de 50 milliards déjà promise en 2005 à l’Afrique. «Vingt-trois milliards de dollars, ce n’est pas beaucoup d’argent, comparé à ce qui a été dépensé pour remettre les banques à flot, a souligné Farida Bena, la directrice pour l’Italie de l’agence Oxfam. Bref ! Pour les ONG refroidies par de nombreuses promesses jamais tenues, un «tiens» vaut mieux que deux «tu l’auras». Certains cyniques en viennent à se demander quelle est l’utilité de ces sommets de plus en plus fréquents réunissant de très nombreux chefs d’Etat. Parmi ces esprits critiques, quelques mauvais esprits, horresco referens, «je frémis en le disant», vont même jusqu’à poser la question de l’utilité même des chefs d’Etat. Que ces langues perfides soient tranchées ! La grosse bévue de Joe Biden Un dirigeant qui néanmoins risque de gagner le surnom de «Joe le bidon» est bien le vice-président américain, Joe Biden. Celui-ci, coutumier des pas de clerc et interviewé par ABC News, avait laissé entendre à ceux qui voulait bien l’entendre de cette oreille, qu’après tout, Israël pouvait faire ce qu’il voulait, notamment attaquer l’Iran, «puisqu’Israël était un état souverain» ! Cette très malencontreuse déclaration allait strictement à contresens de la politique difficilement mise en place par Barak Obama qui veut, malgré la crise actuelle qui secoue l’Etat iranien, promouvoir le dialogue plutôt que les menaces. Interrogé à Moscou, lors du sommet américano-russe, le président américain, certainement agacé, a dû faire un rectificatif sans prendre de gants. Non ! Les USA n’ont pas donné de «feu vert» pour une attaque d’Israël contre l’Iran. «Absolutely not», a-t-il précisé... |
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