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Le G8 estime qu'un «juste prix» du pétrole devrait se situer entre 70 et 80 dollars. La porte-parole du président russe, Dmitri Medvedev, qui a annoncé ce «consensus» sur le prix du pétrole, a rapidement mis un bémol. Selon elle, le président russe pense qu'il serait peu réaliste d'instaurer une régulation des prix du pétrole. La précision vaut pour ceux qui, à l'instar des dirigeants français et britannique, ont demandé la mise en place de mécanismes pour réduire la «volatilité» des prix. Dans une tribune publiée par le très libéral Wall Street Journal, le président français et le Premier ministre britannique avaient souhaité une «fourchette de prix» du pétrole «compatible avec les fondamentaux» de l'économie. Il faut relever que le roi Abdallah d'Arabie Saoudite avait estimé, il y a quelques mois, que le bon prix était de 75 dollars. Ainsi qu'on le constate, le point de vue de cet acteur pétrolier majeur s'impose et fait référence. Le problème est que la définition du juste prix ou de la bonne fourchette ne suffit pas pour en faire une réalité. Il y a, bien entendu, un équilibre à trouver pour que le prix du pétrole ne bloque pas la croissance économique, tout en n'étant pas dissuasif pour les investissements. Mais comment faire pour que les prix restent dans les fourchettes souhaitées quand on est dans la religion du marché ? Le pétrole est depuis longtemps objet de spéculations qui influent de manière substantielle sur le niveau des prix. Quelle serait alors la «régulation» à mettre en place pour que ce prix idéal s'impose ? Encadrer sévèrement les fameux traders qui jouent et spéculent sur le pétrole ? L'autorité américaine de régulation des marchés des matières premières a annoncé, à la veille de la réunion du G8 en Italie, son intention de s'attaquer à la spéculation sur les marchés énergétiques en imposant des limites aux opérateurs. L'annonce a fait plaisir aux transporteurs aériens qui y voient une reconnaissance des «graves effets négatifs qu'une spéculation débridée peut avoir sur les consommateurs et les entreprises». On en a eu un exemple édifiant entre lundi et mardi, où un trader «fou» a fait grimper les prix en passant des ordres atteignant le double de la production journalière saoudienne. Cette régulation, désormais défendue par les religieux du marché, reste néanmoins plus facile à dire qu'à faire. La volatilité des prix du pétrole est un élément structurel du fonctionnement du marché. La spéculation en fait indéniablement partie. Les pays de l'Opep soulignaient à juste titre, quand on leur reprochait des prix élevés du pétrole, que les traders des Bourses occidentales sont les acteurs principaux de ces hausses. Selon certaines estimations, plus de 50% des transactions sur le pétrole relèvent de la spéculation. Comment contourner ces spéculateurs que l'on semble soudain découvrir ? Une régulation signifie concrètement que l'on sorte de la religion du marché, que l'on aille vers des accords entre les gouvernements des pays producteurs et consommateurs, que l'on élimine les marchés à court terme... C'est en effet «très ardu», pour reprendre la formule teintée d'euphémisme du président russe. |
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