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La
réélection de Mahmoud Ahmadinejad à la tête de la République Islamique suscite,
c'était prévisible, la déception des Occidentaux. Ces derniers espéraient la
défaite de celui qu'ils représentent comme un «ultraconservateur» et ne cachent
pas leur amertume. Les menaces mises sous le boisseau le temps de la campagne
électorale ressurgissent avec force.
La position des Occidentaux, largement sous influence israélienne, est clairement disproportionnée. Il est permis de penser, compte tenu du parcours et des positions du principal candidat «réformateur», Mir Hossein Moussavi, que rien de substantiel n'aurait changé au plan des orientations stratégiques iraniennes. Le développement du secteur nucléaire est une option qui fait l'objet d'un indéniable consensus politique, transcendant toutes les divisions partisanes. Jusqu'à preuve du contraire, ce programme est civil, selon les responsables iraniens. Leurs propos sont corroborés par les services secrets américains. Il ne s'agit pas de faire assaut d'innocence, la technologie atomique est par essence duale, c'est-à-dire susceptible d'être mise au service d'un programme militaire. L'Inde et le Pakistan en ont été des exemples récents, sans même évoquer la Corée du Nord. Il est notoire que le Japon possède les capacités de se doter d'un arsenal atomique dans un délai extrêmement bref si le besoin s'en faisait sentir. Personne n'a jugé utile de menacer l'empire du Soleil-Levant, qui justifie pourtant d'un passé militariste agressif, de représailles par anticipation. C'est pourtant ce registre qui est utilisé pour « négocier » avec la République Islamique. Il est parfaitement légitime de ne pas apprécier le régime de Téhéran : une théocratie, quelle que soit sa façade, est un système d'un autre temps. Mais à cette aune, Israël est une variante encore plus consternante d'Etat construit sur l'identité religieuse. Après tout, l'on vote en Iran, contrairement à l'Arabie Saoudite, et la participation populaire, indiscutable, traduit un minimum démocratique unique dans la région. Les couleurs dramatiques sous lesquelles les dirigeants politiques et les médias occidentaux peignent un Iran nucléaire relèvent d'une campagne de propagande de grand style. Sa finalité est d'asseoir la suprématie d'Israël sur la région. Présenter l'Iran comme la principale menace pour la paix et Mahmoud Ahmadinejad, fort maladroit dans ses discours, comme un émule d'Adolf Hitler est une mauvaise plaisanterie. Surtout quand on garde à l'esprit que la seule puissance nucléaire régionale a pour capitale Tel-Aviv. Dans une région où tout fonctionne en termes de rapports de force, Téhéran considère que la maîtrise de la technologie nucléaire est une garantie de survie. Les dirigeants iraniens n'ignorent pas que toute menace d'utilisation de l'arme nucléaire serait le prétexte immédiat pour la destruction de leur pays. Les menaces réitérées au lendemain des élections iraniennes sont de très mauvais augure. Il faut espérer que les inclinations bellicistes israéliennes ne seront pas encouragées par l'inépuisable culpabilité occidentale. Les Iraniens ont fait savoir après les différents discours d'Obama qu'ils attendent des actes. Le nouveau président américain ferait oeuvre utile de ne pas séparer la question nucléaire des exigences de sécurité des Iraniens. C'est à ce niveau - et à ce niveau seulement - que les choses pourraient se débloquer... |
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