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L'examen du
programme du gouvernement par les députés de l'Assemblée nationale, dans son
volet relatif à la loi organique des partis politiques, donnera une projection
de ce que sera le paysage politique algérien. Reste à savoir si cet amendement
arrivera à crédibiliser la pratique politique (1) folklorique et hilarante et
lui imposera une éthique.
Le Quotidien d'Oran, dans son édition du 12 mai (2009), relate la contamination de l'Alliance nationale républicaine (ANR) par un virus (rassurez-vous, ce n'est pas le A/H1N1, mais qui sait ?) type politique (2) sévissant en Algérie, virus bien de chez nous, made in Algérie, qui consiste à faire dynamiter de façon spectaculaire un parti politique en deux tendances, une première tendance communément désignée sous le nom de redresseurs (au fait redresser quoi ?), composé de «mercenaires» devenus subitement amnésiques (de leur programme, de la finalité de leur parti politique...), une tendance pro-système, ayant pour vocation essentielle de marcher corps, âme et poche si possible avec le pouvoir, et l'autre tendance Ab Initio, n'ayant pas renié son programme politique (bon ou mauvais), indépendante, et présentant surtout un certain projet de société, comme le veut le bon sens d'une personne normalement constituée. L'ex-président de l'ANR, M. Rédha Malek, à qui, pour l'occasion, nous espérons un rapide rétablissement de santé, grand patriote, historique, acteur privilégié des accords d'Evian, ancien Premier ministre, s'étant distingué de façon magistrale pour son combat contre nos «barbares-terroristes» (3), a démissionné de son poste de président du parti, sentant, en fin limier de la politique, une fronde qui se préparait au sein de son parti, qui forcera cette dernière à grossir les rangs des mercenaires-redresseurs. Bref, des nouveaux esclaves politiques des temps modernes. Esclaves demandeurs, mendiants de l'asservissement et de la soumission. Ne voulant donc pas assister à cette boucherie, à ce spectacle digne du moyen-âge, désolant et honteux, M. Rédha Malek a donc claqué la porte, mettant ainsi fin à un parcours politique exemplaire que beaucoup devraient méditer. Les personnes incarnant la tendance pro-pouvoir au sein de l'ANR, ainsi que leurs clones sévissant dans les autres partis politiques, sont des hommes et des femmes des plus ordinaires, ayant des tares extra-ordinaires. C'est ce que l'on a fait de mieux en un demi-siècle d'indépendance : un monstre formaté, ne connaissant ni le sens de l'honneur, ni celui des principes, ni celui du travail, de l'effort, de la rigueur et du sérieux. Un handicapé vivant dans un désert de misère scientifique, de frustration culturelle, de précarité mentale, ayant pour devise principale l'opportunisme et la soumission, adepte de la culture de la médiocrité, ne possédant rien, donc ne pouvant rien proposer et ipso facto n'ayant aucun rôle à jouer dans l'édification et le développement socioéconomique de notre pays. Oui, M. le Président de la République a donné (ou va donner) à la femme algérienne la place qu'elle mérite dans la société algérienne, pour permettre à celle-ci de donner la nationalité à son enfant. Mais est-ce une raison suffisante pour faire éclater son parti politique ? Oui, vous avez le droit de marcher avec le pouvoir, de vous tirer une balle dans la tête, pour lui si vous le voulez. Mais de grâce, faites-le seul, c'est votre droit le plus absolu. Un parti politique n'est pas un petit garçon à qui on donne un bonbon, ce n'est pas non plus une association de quartier ou de charité, c'est bien plus que cela, chose qui doit dépasser votre entendement. Un parti politique est un groupe social composé de personne ad honores, psychologiquement sains, sollicitant le soutien de la population, en vue de l'exercice exclusif du pouvoir, permettant ainsi de mettre en pratique un certain programme politique. Il a pour vocation essentielle l'opposition, la contradiction, la proposition des idées, ayant pour finalité la solution des nombreux problèmes socioéconomiques qui minent notre pays. Je ne sais pas quelle formation vous avez ! Si vous êtes allé à l'école ? Si c'est le cas, je sais par contre que vous n'avez rien appris. Vous aussi comme tant d'autres, vous êtes victime de cette école (idem pour l'université) obsolète et abominable, qui a crétinisé nos enfants, qui au lieu de former des citoyens responsables, nous a pondu des terroristes, des charlatans, des incapables, des amateurs en tous genres, des champions du bricolage, des zombies apathiques et amollis, des femmes de ménage de la politique (4), bref des cancres, derniers de la classe. Abyssum abyssum invocat, la situation que vit l'Algérie aujourd'hui est une situation de crise multidimensionnelle, nous avons atteint le point de non-retour. Francis Ford Coppola, Brian De Palma, Federico Fellini, Stanley Kubrick, Martin Scorsese et Steven Spilberg, tous réunis (excusé du peu), n'auraient pas imaginé le scénario Algérie 2009. Notre pays est devenu un champ de ruine, tétanisé par un système de santé défaillant, une école sinistrée, une économie de bazar. Nous ne produisons pas un clou, nous avons atteint un niveau de dépendance économique ahurissant, l'apogée de la médiocrité. Bref, nous faisons partie du cercle très fermé des pays ultra-sous-développés. Pendant que les Européens, grâce à leur nouvel accélérateur de particules (LHC(5)) au CERN (6)), près de Genève, construit à un prix exorbitant (plusieurs milliards d'euros), traquent les lois fondamentales régissant l'Univers (une des missions de l'heure étant la chasse du Boson de Higgs, particule censée conférer une masse à toutes les autres), pendant que tous les laboratoires au monde s'intéressent à la nanotechnologie (7), un thème qui s'est imposé comme un secteur majeur de recherche pour les sciences fondamentales et pour diverses applications technologiques (8) et médicales, nous, nous dynamitons la sardine, détruisons la faune, faisons fuir la sardine, et, comble de l'ironie, faute de sardines chez nous, l'importons de Tunisie. Nous sommes responsables de l'avenir des générations à venir, quel pays sommes-nous en train de construire ? L'Algérie n'est pas à refaire, malheureusement tout est à faire. Non, Messieurs, Dames, No, you cannot (le fameux Yes, you can n'est pas pour vous), vous êtes définitivement et inexorablement disqualifiés, vous n'avez rien à proposer, sauf prendre la direction de la facilité et de la médiocrité, la direction des passe-droits. Vous excellez dans la contrefaçon politique, dans l'adulation et l'allégeance pour assouvir l'absolutisme de vos maîtres. Regardez autours de vous, pas très loin, pas au nord (Europe), juste tout près à l'ouest (Maroc) et à l'est (Tunisie) : ces pays frères ont décollé socialement et économiquement, pas en attendant un hypothétique miracle divin (pour ceux qui ne le savent pas, les miracles ont disparu avec la fin des Prophètes), mais en faisant la chose la plus simple au monde, travailler, travailler et travailler. Ne faisant surtout pas de l'Algérien-gate (intrigues et complots politiques, protesta...), le sport national par excellence. Je terminerai par une note d'optimisme. Je suis convaincu qu'un jour ou l'autre, nous détruirons cette pollution qui gangrène notre pays, nous donnerons un grand coup de balai à ce cancer qui nous ronge. Les derniers de la classe qui sont aux affaires aujourd'hui, ainsi que leurs esclaves, auront la place qui leur est due, au fond de la classe, loin du tableau, ou mieux encore, barra !. Chacun de nous, étranger dans son propre pays, anonyme, terré dans son petit coin, loin des feux de la rampe, loin de la reconnaissance sociale à l'algérienne, par ses écrits, par son sérieux et son engagement sans faille, esclave du travail, tirera la dernière flèche qui tue. Vulnerant omnes, ultima necat (toutes elles blessent, la dernière tue). * Professeur de Physique Université des Sciences et de la Technologie d'Oran (USTO) Notes: 1. Pour ne pas faire de jaloux, je dirai que nos partis politiques sont tantôt islamistes, extrémistes, régionalistes, séparatistes, ultraprotestataires, antinationalistes, opportunistes, démagogiques, soumis, mafieux, ultranationalistes, comiques. Bon, chacun se reconnaîtra... 2. Ce virus s'est même attaqué aux syndicats (i.e. CNES, syndicat des enseignants du supérieur). A qui le tour maintenant ? 3. On lui doit la déclaration célèbre: «La peur doit changer de camp» ! 4. Loin de moi de mépriser le métier honorable de femme de ménage, le lecteur comprendra la parabole. 5. Grand collisionneur de hadrons (Large Hadron Collider). 6. Organisation européenne pour la recherche nucléaire, haut lieu de la recherche mondiale en physique des particules. 7. Les objets nanométriques sont de l'ordre du nanomètre, i.e. 1 milliardième de mètre. 8. Une des premières applications de la nanotechnologie a été la découverte de la magnétorésistance géante (1988), utilisée depuis dans les têtes de disques durs de nos ordinateurs, permettant ainsi une augmentation spectaculaire du stockage de l'information. |
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