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Frères d'hier, leurres actuels

par Ali Brahimi

C'est avec le sens de la fraternité que le peuple a libéré, haut la main, le pays de l'abject joug colonial oppressant toute une nation.  Ainsi, le peuple et ses élites s'étaient révoltés avec pour mot d'ordre : Frères et sœurs, en un seul front, contre l'asservissement avilissant et les leurres abrutissants.

C'était donc le mot d'ordre dominant, durant toutes ces années de braises, découlant d'un long processus de maturation citoyenne consumant, par des escarbilles incandescentes, la tendance - tare - presque atavique enfouie en notre for intérieur et définie en colonisabilité - prédisposition psychologique à la sujétion étrangère - comme décrite par le défunt penseur Malek Benabi.

Ainsi, le jour venu de la grande rupture psychique vis-à-vis de cette damnation définie comme ci dessus, le mot indépendance fut scandé avec détermination durant plus de sept années de lutte acharnée conduite par le peuple uni et décidé, une fois pour toute, d'en finir avec cette aliénation morbide à plus d'un titre. Le destin fut tout tracé : L'indépendance après une longue nuit de privations identitaire et de liberté élémentaire !

Une période traumatisante aussi bien pour nous autres renaissant avec de nouveaux entrains, après donc une longue léthargie, malgré nos « broutilles » dues aux égoïsmes liés aux attraits de la vie pour les uns, aux plaisirs liés au pouvoir pour les autres ; que pour les occupants d'hier et, aux temps actuels, « occupés » chez eux d'une certaine façon, et ce, à cause des bévues de leur passé colonial, et l'évolution actuelle de leur société vivant de plus en plus avec une mentalité insensible aux inconséquences et frasques coloniales.

Donc, l'Histoire pour sa part, elle poursuit imperturbablement son cours tracé par la volonté de tout un ensemble d'énergies de noblesses humaines transmises d'une génération à une autre, se succédant dans les deux rives, en termes de rapprochement solide et d'interdépendance existentielle de tous ordres dont ceux liés à la géographie de plus en plus « villageoise » voire cohabitable, et de l'Histoire de moins en moins évasive et ou toute allusion suscitée par les rancœurs est devenue contreproductive voire futile à ses yeux. Ce qui permet d'autres horizons prometteurs en terme d'assainissement, de fond en comble, d'un passé mal assumé de part et d'autre.

Deux socles, l'un d'espace et l'autre mémoriel, sur lesquels tout projet de société puise sa raison d'être et permettant, en principe, des espoirs prometteurs mais, également, des distorsions définies en inégalités multidimensionnelles entre les deux sociétés désormais distendues en plusieurs points d'où les tentations pour les jeunes, de la rive sud notamment, d'avoir d'autres sens de la vie totalement à l'opposé de ceux vécus, anciennement, et souhaités, dans l'avenir, par leurs aînés, et ce, au vu des désirs d'un bon nombre de ces nouvelles générations d'aller prendre le large. Ailleurs !



PLACIDITÉ DEVANT LE MENSONGE : UN SAVOIR-VIVRE ET DE LA TEMPÉRANCE
OU ALORS DE LA PURE HYPOCRISIE ?



En tout cas, c'est avec ce genre de comportement ambivalent, entre l'acceptation sans vergogne de se compromettre et la sauvegarde des intérêts supérieurs du pays insuffisamment perçus à leur juste dimension, que beaucoup d'agissements condamnables ont été opérés lors de notre récente histoire. En effet, le peuple s'est retrouvé à chaque fois pétri dans des problèmes qui le dépassent car ils lui ont été, hypocritement voire perfidement, imposés malgré sa volonté farouche de s'en prémunir. Cette détermination fut maintes fois mise à rude épreuve par la force des lâchetés de groupes d'intérêts.

En revanche, la bonne parole et la tempérance des discours sans sous-entendus insultants comme ceux proférés avant et aux temps actuels, mettant en cause jusqu'aux sentiments nationalistes des gens en les qualifiant de traîtres à la nation pour des motifs de libre expression, dont l'abstention au? vote, pourtant consacrée par la première loi voire les premiers articles de celle-ci. En plus de l'Appel historique du 1er novembre 1954 puisant ses sources de la longue nuit de privations de liberté, de mépris et d'insultes endurées par l'âme et l'esprit des gens. En vérité, ce genre d'excès de zèle reflète l'état d'esprit et l'ambiance régnante au sommet de ce genre de pouvoir régi par ce type d'allégeance versatile d'essence.

Alors que l'heure est, justement, à la mobilisation éprouvée de toutes les énergies sans s'acharner outre mesure sur des sensibilités divergentes, ce qui est d'ailleurs le propre de la Démocratie. C'est dans cet ordre d'idées et de valeurs respectées et respectueuses des avis et positions d'autrui, que les avis divergents vont progressivement, le temps y aidant, vers la convergence appropriée. Et ce, dans tous les domaines. A condition bien évidemment de ne plus être obnubilé par le seul exercice attaché au pouvoir et ses plaisirs éphémères.

 

CRISE FINANCIÈRE POUR LES UNS, DE GOUVERNANCE DÉMOCRATIQUE
POUR LES AUTRES.



D'après les conclusions tirées par nos spécialistes en la matière, et les orientations des discours officiels, nous appartenons à la deuxième catégorie. C'est-à-dire notre souci majeur et immédiat se définit en bonne gouvernance, tout en sachant que normalement tout est lié. Tout ! Pour le moment, et malgré la baisse vertigineuse des prix des hydrocarbures, le pays semble tenir le cap des grands axes du développement socioéconomique tous azimuts.

D'après certains médias d'ici et d'outre-mer notamment français, notre pays compte lancer d'important projets structurants ainsi que d'acquérir une technologie de pointe liée aux énergies renouvelables dont fondamentalement le soleil sans omettre, bien évidemment, le gaz naturel. De leur coté les pays de la rive nord de la méditerranée ont des projets conséquents à notre intention dans des domaines ci-dessus décrits et dans bien d'autres. L'essentiel reste, bien évidemment, lié à un certain équilibre entre le couple franco-allemand et le reste.

La diversification, des sources d'approvisionnement en produits énergétiques, restera le souci majeur de beaucoup de pays européens, d'autant plus que ceux importés de la Russie restent dominés par des aléas de plus en plus surprenants voire imprévisibles, et l'Algérie se trouve dans une position géographique favorable à même de constituer un pole stratégique mutuellement profitable. Le Président français le sait parfaitement bien et il l'avait maintes fois franchement dit en ces termes, entre autres : « Avec l'Algérie, on pourrait bien faire de bonnes affaires » Et d'ajouter : « les pesanteurs du passé ne doivent pas occulter les immenses opportunités de coopération économique ». En termes crus, notre pays constitue un pole d'équilibre sécuritaire de premier plan dans le domaine énergétique. Ainsi vont les intérêts dans un monde de plus en plus ouvert à toutes les tentations et les crises mineures internes et majeurs au plan externe. Et l'inverse est toujours de mise !

Comme on vient d'énumérer, plus haut, quelques points porteurs, notre pays possède des atouts de premier plan. Le transport à grande échelle, par voie maritime, de nos ressources d'hydrocarbures est aujourd'hui une réalité tangible. En Europe de l'est, elles suscitent des appréhensions et des calculs aléatoires voire dangereusement instables du fait des jeux troubles de la Russie et des?USA pour d'autres raisons. Les enjeux sont tellement immenses que l'avenir, des ressources gazières, suscite moult intéressements de par et d'autres, et précautions contractuelles notamment sur le long terme !

D'où la nécessité d'instaurer, coûte que coûte, de la bonne gouvernance aussi bien dans le domaine de cette ressource stratégique du siècle, que de celle liée au développement humain, et bien d'autres domaines d'avenir, car pour préserver nos intérêts dans un monde en boule de feu en terme existentiel, des aléas des marchés de plus en plus fluctuants et incertains ; il y a lieu d'instaurer plus qu'avant toute une stratégie de prospectives et de nouvelles perspectives à nos ressources énergétiques et bien évidemment au profit d'autres dont agricoles, miniers, etc.



DE BEAUX PAYSAGES, DE LA BONNE TERRE, BEAUCOUP D'ARGENT, UNE JEUNESSE? ET PUIS QUOI ENCORE ?



Et beaucoup de pluie, de fraîcheur, et de verdure cette année franchement prometteuse à plus d'un titre. Malheureusement, avec moins de concorde depuis? l'indépendance ! « L'Algérie est le plus beau pays du monde ». Ainsi s'exclamèrent un photographe français chevronné, s'intéressant à l'environnement, et beaucoup d'autres observateurs de chez nous et d'ailleurs. En revanche, ce que nous manquons le plus : c'est l'imagination fertile et fertilisante toutes ces richesses « dormantes », aussi bien cachées qu'a à ciel ouvert, pourtant susceptibles aisément d'êtres mises en valeur, y compris par leur location régulée au profit d'agents externes chevronnés, à condition bien évidemment que cette valorisation s'inscrive dans la durée notamment, au plan des amendements en tous genres dont le potentiel humain local, affermissant et rehaussant les ressorts internes liés à ces potentialités naturelles.

Le monde rural, malgré la belle vie en terme de pureté de l'air, d'aujourd'hui se citadine de plus en plus. L'activité agricole, bien qu'enrichissante pour ceux sachant conduire ses itinéraires agronomiques, « s'industrialise » en tout point de vue. Le terme efficacité lié a l'utilisation rationnelle de la terre s'approche des normes culturales de plus en plus ciblées en termes d'utilisation aussi bien des techniques agricoles éprouvées et cherchant l'optimisation multivalente des productions stratégiques, que des intrants de haute pointe technologique exigeant assiduité dans leur suivi et doigté pour leur amélioration afin qu'ils augmentent toujours plus la production agricole aussi bien sur le plan quantitatif que qualificatif.

A ce dernier sujet, et à titre d'exemple parmi d'autres, dans la plupart des étals légumiers exposés ces derniers jours, l'on a remarqué que ceux de la pomme de terre, non lavée ni débarrassée de sa terre brunâtre car engraissé organiquement et chimiquement, contiennent au moins 15% de cette bonne terre. En d'autres termes, en plus de sa cherté on y « vend » avec, en pure perte, son support foncier inestimable à plus d'un titre. Cela peut paraître saugrenu de faire ce genre d'approche élémentaire. Pourtant ce qui préoccupe, dans ce cas « mineur », c'est le manque d'instinct de conservation d'une terre qu'on avait tellement engraissée par des? devises. C'est comme ça qu'on doit raisonner. Du plus petit commun multiple des? insouciances au grand des défis !

Il est certain que celui qui ne sait pas la valeur de l'argent, ne sache nullement comment le dépenser ou plutôt l'investir. A ce propos, l'on rapporte chez nous que, jadis, les juifs commerçaient selon des points de repères bien éprouvés avant d'acheter quoi que ce soit, et ce, en posant une question au vendeur : « Ecoute, mon frère, cet objet tu l'avais hérité ou bien c'est toi-même qui l'a confectionné. Si c'est la première réponse, le négociant juif offre son prix car il sait que ledit vendeur ne connaît pas la valeur de l'objet ; si c'est la seconde réponse, le juif n'offre aucun prix. Pour des raisons évidentes bien entendues !

En outre, un pays ou plus de 70% ont moins de 40 ans n'a pas à se soucier, en principe, de l'avenir. Le programme du Président de la république, comporte, entre autres, trois millions d'emplois pour les jeunes au cours de ces cinq années à venir. L'important est de savoir quelles richesses ils vont valoriser, produirent, conserver en terme de durabilité. Pour ne citer que le cas des travaux forestiers éminemment et doublement utile, certes, mais qui, hélas, n'ont aucun impact productif s'inscrivant dans la durée. Sauf pour des travaux liés aux productions arboricoles fruitières. Et encore, pour la simple raison qu'elles sont limitées géographiquement du fait des contraintes avérées de natures agropédoclimatiques. Donc, il serait judicieux de conserver au mètre carré et dinars prés les opportunités dans ce secteur agro rural. Au mètre carré prés !

Et puis quoi encore ? Beaucoup bien d'autres choses dont il faudrait savoir bien cibler, prospecter, valoriser, transformer, et surtout les exploiter rationnellement et raisonnablement ! En attendant la vie est belle pour ceux sachant lui donner un sens et du prolongement prometteur. L'essentiel est de garder l'optimisme bien que ce soit difficile pour beaucoup de jeunes de l'avoir. Parfois, il est tellement pénible d'observer un tel abandon de la part de jeunes désœuvrés, qu'il est pensable voire impératif de leur apprendre comment ils doivent cultiver le sens de l'espoir et d'avoir, avant tout, confiance en eux même d'abord et puis au pays et autres discours les concernant allant dans le sens décrit ci dessus.

Enfin 2009, l'année des périls financiers touchant des domaines précis liés pour les uns à la rente, aux spéculations immobilières et financières pour les autres, ont cependant tous un point commun : toutes les théories et pratiques liées au capital, tel que réfléchi par ses classiques et modernes penseurs, sont devenues « philosophiquement » désuètes. Le monde d'aujourd'hui, globalement, vit bien sans les stéréotypes idéologiques si l'on puisse dire ainsi ayant démontré leurs limites. Bien que ce train de vie n'est pas moins aléatoire, voire inquiétant.

Ainsi, la palme de la béatitude et du bien-être reviendra, de plein droit, aux peuples considérant l'effort comme un devoir, une fraternité dans l'épreuve, enfin une prière adressée au Seigneur au même titre que la félicité qu'Il accorde en retour à ses élus. Confucius, et le simple bon sens, encensent les gens pour leur travail silencieux, que ceux motivés par le? discourir provocateur voire méprisant jusqu'à l'enrouement en vogue, chez nous, car ça rapporte gros en ces « temps mugissants ». Et si demain? ?