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Galvaudé depuis des lustres par des déclarations discursives beaucoup plus à effet d'annonce que par une réelle volonté d'éradiquer les disparités ou du moins en réduire l'impact, l'équilibre régional est devenu un vocable désuet auquel personne ne croit plus. Il fut un temps où les programmes de développement des régions étaient débattus par un Conseil des ministres siégeant à demeure. Ces Conseils avaient le mérite de s'imprégner momentanément du contexte local, d'élargir le cercle participatif et d'impliquer la population par le retour d'écoute. Rappelons-nous des programmes spéciaux des Aurès, de la Saoura, des Oasis et autres. Evoquer une généreuse intention d'équité sociale et ne tenir compte d'aucune norme relève beaucoup plus du surfing, que d'une véritable immersion dans les profondeurs d'un développement intégré et global. Cet équilibre régional, dont on gave l'administré, a beaucoup plus servi à suréquiper les chefs-lieux, particulièrement ceux des wilayas, qu'à promouvoir les zones sous équipées. Le citoyen qui n'est pas dupe a, depuis longtemps, saisi les enjeux socio-économiques sous-tendus par le statut administratif. Il aspire légitimement à un mieux-être qui ne peut être généré que par la proximité du centre de décision. Le concept de territorialité de la circonscription s'arrête le plus souvent à la périphérie du siège. Des précédents ont démontré à l'exercice que des chefs-lieux de wilaya, déjà dotés d'une zone industrielle, ont été renforcés par une deuxième. L'argutie avancée, et qui ne convainc personne, rapporte cela à la disponibilité des énergies gazière et électrique, parfois même de la ressource hydrique et la boucle est bouclée ! Il est clair qu'à partir de ces conditionnalités, les autres localités n'ont aucune chance de postuler. Il en est de même pour les campus universitaires qui tendent de plus en plus à être tentaculaires faute de délocalisation de certaines facultés et grandes écoles. Judicieusement répartis sur le territoire d'une wilaya, de nombreux établissements économiques ou socio-culturels pourraient créer une dynamique de développement équilibrée et pertinente. Un simple calcul arithmétique de l'investissement per capita pourrait, dans une même région, débusquer sans nul doute une outrancière dysharmonie qu'aucun argumentaire ne pourrait dédouaner. Rien ne peut entamer le crédit institutionnel que le déni d'équité affectivement mal vécu. La représentation élective des profondeurs territoriales, numériquement minoritaire, ne peut s'imposer devant le nombre autrement plus important des pairs qui influent indubitablement sur tous les actes décisifs. L'institution supposée établir des normes ou de les respecter quand elles existent, n'en tient pas le plus souvent compte. L'unique critère qui doit orienter les choix stratégiques de l'investissement ne peut être que le critère démographique au premier degré, et l'éloignement des groupements de population au second degré. Ce n'est qu'à ce prix que les poches de pauvreté seront évidées de leur marginalisation économique et de leur détresse sociale. Il est vrai que la puissance générée par la fonction est grisante, de là à en abuser par fait du prince, il n'y a qu'un pas vite franchi. Il est des décisions d'importance vitale nécessitant débat au sein de l'instance délibérante qui sont prises en dehors des circuits organiques réglementairement identifiés. Le chef de l'exécutif et le président de l'instance délibérante peuvent, à eux seuls et unilatéralement, prendre une décision sans consultation préalable, quitte à la faire valider a posteriori par l'acte délibératif subséquent. Cette démarche hors norme ouvrira la voie à tous les dépassements et abus d'autorité jusque-là timidement dénoncés, mais néanmoins admis. Le recours est souvent sans lendemain. Il y aura toujours quelques privilèges à distribuer pour inhiber toute velléitaire contestation. La décentralisation des plans sectoriels (PSD) qui est une bonne chose en soit, dans la mesure où elle permet de faire sauter les verrous du centralisme, risque d'aller à contresens de l'effet attendu. Elle pêche parfois par son usage débridé. La référence à une nomenclature normative est plus que jamais exigible, elle prémunit des scories du douarisme, de la cooptation et du trafic d'influence. Ce dernier, à peine voilé, est exercé de manière insidieuse sur le commis de l'Etat. Une structure projetée et quel qu'en soit le secteur d'activité, doit répondre à des critères spécifiques à la sociologie de la population à desservir et aux retombées sur le plus grand nombre d'usagers. Il est fréquemment observé, au niveau du Sud, que les chaises des salles d'attente d'édifices publics sont désertées au profit du parquet, notamment par les personnes âgées. Ne faut-il pas dans ce cas opter pour le banc maçonné qui offre le double avantage de s'asseoir et de s'allonger ? Ceci pour l'illustration. Le traditionalisme, prégnant encore dans de larges franges de population, ne peut être dans ce cas occulté. L'école rurale des zones montagneuses éloignées qui a perdu sa rustique cheminée au fil du temps, équipée d'un appareil de chauffage au fuel, ne pourra avoir parfois le précieux carburant qu'en fin de saison froide. Les concepteurs de projets doivent impérativement requérir l'avis des socio-anthropologues et des usagers eux-mêmes pour l'efficience du produit fini. Les contradicteurs ne manqueront pas de décrier ce qu'ils pourraient qualifier d'archaïsme rétrograde. Il leur sera opposé, pour l'exemple, le cas japonais. A l'avant-garde de la modernité de par son avancée technologique, ce pays n'arrête pas de surprendre par son attachement aux traditions plusieurs fois millénaires. En rentrant le soir chez lui, après avoir quitté son building de verre, Mr Toyota, magnat de l'industrie automobile, ne manque probablement jamais, de revêtir son kimono et de chausser ses sandales de bois pour résister à la déshérence identitaire. L'investissement à l'emporte-pièce et d'inspiration empirique n'a que trop duré. Il est temps de se ressaisir et de prendre pour postulat : un projet bien pensé est un projet à moitié réalisé. Le déséquilibre régional existe même dans la gouvernance comportementale, il est des wilayas qui attendent depuis plusieurs années le Chef de l'Etat, quand d'autres ont eu l'insigne honneur de le recevoir à plusieurs reprises. Il est vrai que le dynamisme des uns fait souvent oublier la retenue des autres. Faut-il aussi que les motivations d'une visite d'inspection et de travail ne doivent plus être exclusivement à visée inaugurale ; elles peuvent présider d'un souci aussi noble que celui de plancher sur une problématique de développement d'une région donnée, pour un salutaire redressement. Il semble, enfin, que l'on ne veuille présenter au premier magistrat du pays que l'endroit de la médaille, le revers quant à lui, il sera savamment escamoté. Mais pour combien de temps ?... qui sait, le temps d'un autre mandat peut-être ! |
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