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Depuis quand l'Algérie officielle a-t-elle peur d'une abstention ou d'un score électoral et qu'a-t-il pu se passer de nouveau pour que cette peur se manifeste à travers les discours des politiques, à travers la presse ou les spots de la télévision publique, la seule ou, autrement dit, l'unique ? Ce qui est sûr, c'est que nous vivons une campagne électorale démarrée avant terme des plus originales où l'on n'entend que la voie d'un seul candidat, les autres censés le concurrencer s'admettent comme de simples figurants dans un scénario à l'égyptienne ou à la tunisienne ou tout simplement à l'algérienne. Les autres candidats qui doivent lui disputer la présidence et dont l'un d'eux doit l'accompagner à la sortie d'El-Mouradia après l'avoir mis en échec, car c'est de cela qu'il s'agit, se suffisent par quelques déclarations tièdes à la limite d'un soutien indirect à sa candidature, du fait même qu'ils ne réagissent pas à un jeu faussé d'avance. Pourtant l'instruction présidentielle du 7 février dernier stipule clairement que «il y a lieu de veiller en particulier, au respect de l'interdiction de l'usage des moyens humains et matériels de l'Etat à des fins électorales». Soulignons qu'il s'agit d'une instruction présidentielle. Ce passage à lui seul pourrait donner lieu à des commentaires des plus électoraux au regard de ce qui se passe. Que des partis politiques se déclarent au nom de leurs militants soutenir le Président pour un troisième mandat et même plus si Dieu veut, cela relève d'une logique toute algérienne au profit d'un candidat indépendant qui refuse d'appartenir à un seul parti insuffisant pour sa réussite et pour sa personne. Mais que des candidats issus de partis politiques ou d'autres candidats indépendants lui laissent le champ libre pour qu'il demeure au sommet de l'Etat, cela relève tout simplement d'une autocensure inexplicable dès lors que les règles de cette nouvelle récréation politique sont admises et connues. Le «tous pour un, un pour tous» des quatre mousquetaires semble avoir été mal compris à l'ère de la liberté de parole qui, loin s'en faut, n'a pas été un cadeau mais bien le fruit d'une explosion sociale des jeunes qui en avaient marre de n'entendre qu'un seul son et le résultat d'une résistance de quelques intellectuels ayant fait le choix d'affronter tous les intégrismes y compris celui de l'Etat, ici et pas ailleurs. Le Président lui-même n'a cessé de marteler dans ses derniers discours qu'il faut voter y compris par le non, alors qu'il s'agit de voter pour un nom. Cela suppose oui ou non pour lui ; le reste n'étant là que pour la galerie à offrir pour quelques divertissements des «démocrates» d'outre-mer. Les lapsus faisant le lit d'une petite panique cultivée pour faire croire en des élections libres et indépendantes, il s'agit de donner au troisième mandat une validation populaire qui permettra de fermer la voie à toute opposition et c'est là que réside le danger d'un retour à l'autoritarisme paternaliste. Quand on sait que même Dieu a laissé au choix des Hommes entre Lui et Satan pour mieux alimenter la foi. Alors en quoi l'abstention peut-elle gêner ? Si l'appel à la sanction par l'abstention de certains partis ou du leader du «parti dissous» pour ne pas le nommer par respect à la loi, ont fait bouger les gouvernants, on sait au fond que l'urne ne représente plus rien depuis le référendum pour l'indépendance sous contrôle international. Des élections concernant les APC à celles du parlement et jusques et y compris la présidence de la République ont toujours été conçues comme un faire-valoir de droits en dehors de la loi. Il nous vient à l'esprit cette anecdote d'une vieille femme qui, par mégarde, avait introduit dans une urne sa carte d'identité nationale en même temps qu'un bulletin de vote et a dû attendre le dépouillement pour la récupérer. Au dépouillement point de carte. Quelques jours après, un policier lui a restitué sa carte chez elle. L'urne est devenue une véritable lampe d'Aladin qu'il suffit de frotter pour exaucer un voeu. Comment croire en la transparence des urnes, lorsqu'à chaque élection pour l'APN on connaît d'avance la composante des groupes parlementaires avec une abstention honteuse ? Quel est alors le sens que l'on peut donner à des élections dans une Algérie qui a tant besoin de transparence dans la gestion des deniers publics, qui a besoin d'être en bonne place dans le classement de la bonne gouvernance et du développement humain pour rattraper les retards dus justement à un mépris du votant ? Lorsque par la même instruction citée plus haut il est fait appel à la neutralité des agents de l'administration, n'est-il pas judicieux de s'interroger sur la nécessité de ce rappel en se remémorant ce qui s'est passé dans les précédentes élections ? Comment un agent quel que soit son rang dans la hiérarchie de l'administration qui doit sa nomination à sa fidélité publiquement affichée au pouvoir peut-il rester en position neutre par rapport à la candidature du président en poste ? L'épisode Benflis a bien démontré que ceux qui se sont aventurés à le soutenir ont fini en retraite anticipée ou en «stand by» malgré le rôle de lièvre qu'il a joué avec le consentement de ces fameux «décideurs» qui font la pluie sans jamais avoir fait le beau temps. Faire semblant d'avoir une peur aussi bleue que la couleur choisie par le staff de campagne du candidat président, n'est qu'une astuce de plus pour détourner l'attention sur les véritables problèmes qui rongent une jeunesse dépareillée pour mieux lui vendre du vent. Considérant que l'orchestration qui concerne les élections et plus particulièrement les présidentielles n'est qu'une équation sans inconnues, il reste à vérifier si les constantes ont des valeurs durables pour les générations qui arrivent au galop et qui risquent de tout balayer sur leur passage. Le peu d'espoir risque aussi de disparaître avec ou sans abstention. Les abonnés aux élections qui connaissent mieux que quiconque la matrice des résultats électoraux ne seront pas quant à eux absents. La fête a commencé avant les noces et les «klaxonneuses» se préparent à envahir la rue, un drapeau à la main, un portrait dans l'autre, un soir d'avril. |
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