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Les Bourses mondiales ont sévèrement accusé le coup : Citigroup, hier fleuron arrogant de la finance internationale, est partiellement nationalisé, avec 36% du capital l'Etat américain en devient l'actionnaire principal. Hier, les yeux étaient fixés sur Londres où l'autrefois si prestigieuse Royal Bank of Scotland, nationalisée de fait, annonçait une perte monumentale de près de trente milliards d'euros. Dans les deux pays les plus engagés dans le maximalisme libéral, le reniement est la règle. L'Etat méprisé et vilipendé intervient pour sauver ce qui peut l'être d'un système en ruine et dont l'effondrement complet aurait des conséquences par trop insupportables pour être seulement envisagé. Les donneurs de leçons habituels du FMI, de la Banque mondiale ou de l'OCDE font profil bas, rasent les murs et quand ils interviennent dans le débat, c'est seulement pour mettre en garde contre « le danger du protectionnisme ». Personne, bien évidemment, ne prête beaucoup d'attention à des centres de soi-disant expertise dont on a pu apprécier sous nos cieux l'inconsistance dogmatique : le marché livré à lui-même en tant qu'unique chemin vers la prospérité générale. Privées de guides et de repères, les Bourses n'ont plus confiance. Il est à présent admis que l'ensemble du système bancaire américain pourrait être nationalisé. Un audit concernant une vingtaine des principales banques américaines commandé par l'administration Obama est attendu pour le mois d'avril. Mais d'ores et déjà, il est envisagé de créer un fonds d'urgence de 250 milliards de dollars à partir du plan de relance de près de 800 milliards voté il y a quelques jours. Cette somme viendrait s'ajouter aux 700 milliards du plan Paulson déjà quasiment consommé. Or, les économistes le savent bien, à ces aides gouvernementales directes s'ajoute le soutien massif de la Federal Reserve pour tenter de soutenir des bilans plombés par l'éclatement de la bulle financière globale. Le redressement d'une telle situation est une entreprise herculéenne, il s'agit dans une seule séquence de sauver les banques, restaurer la confiance et relancer l'économie. Pas seulement aux Etats-Unis mais dans pratiquement tous les pays industrialisés. Même si la tâche paraît compliquée, le sauvetage des banques est probablement le défi le moins ardu techniquement. Mais restaurer la confiance est une tout autre affaire dans une économie globalisée et très interdépendante. Car le sauvetage des systèmes bancaires nationaux ne détermine pas mécaniquement la reprise du crédit entre banques, et a fortiori, entre banques de pays différents. Le retour de la confiance est d'autant plus problématique que les scandales financiers succèdent aux escroqueries révélant à la fois une perte de tout référent déontologique ou professionnel pour ne pas parler de moralité et l'indigence des structures de contrôle. Ainsi, le très chic escroc texan, Allen Stanford, émule du célébrissime Madoff, avait été signalé aux autorités de supervision du marché dès octobre 2003. Une de ses anciennes employées avait dénoncé les méthodes peu orthodoxes du ci-devant génie de la finance. Sans le moindre écho. On le voit, le retour à la confiance nécessite non seulement d'énormes capitaux mais des réformes qui vont au-delà de la restructuration du système financier. |
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