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Cerveaux marécageux

par Ali Brahimi

«Vous permettez que je plongeasse mes deux extrémités digitales dans votre cavité tabagique, pour en extraire de la poudre buccale ou nasale afin que je puisse faire dissiper les troubles de mon cerveau marécageux.»

Une étudiante exclue de la faculté de médecine d'Alger, au début des années 1960, émettant par dépit les pensées du poète français Vincent Voiture. 1597-1648.

Parmi ces lieux marécageux, et pour leur plupart d'entre eux, embaumés par les différentes drogues définies en vanités de la vie dans leurs différentes expressions et senteurs de toutes natures, celui du monde de la politique représente pour beaucoup de « mordus », en la matière, un terrain aux multiples méandres surprenants voire éclaboussants à plus d'un titre aussi bien au niveau du corps social en général, que de l'esprit de certains gens d'élites en particulier. En revanche, d'autres activités tout autant utiles et indispensables pour les sociétés humaines sont ainsi exercées, au quotidien, par des gens aux différentes conditions sociales dans les sanctuaires du savoir où l'honnêteté intellectuelle rime avec le devoir accompli dans toute sa plénitude morale. En fait, tout un nirvana pour ceux qui ont eu le rare privilège et, donc, le bonheur de pouvoir l'atteindre !

A ce titre, l'enseignement du savoir constitue pour une société harmonieuse, digne de ce nom, l'élément - aliment - le plus précieux des bienfaits terrestres. La science de la santé des gens dans le sens élargi du terme et l'émancipation socioculturelle d'une société donnée constituent les atouts et priorités absolues de premier plan pour les systèmes de gouvernement et gouvernance soucieux du bien-être de l'individu et, à partir de là, pour leurs sociétés respectives. Effectivement le sens du savoir représente, pour les élites des peuples soucieux de leur devenir, une ligne de conduite morale au même titre que les pratiques religieuses qui, en vérité, les complètent du simple fait également que le bon sens glorifie constamment la connaissance : siège divin de la raison !

Selon les philosophes et scientifiques, le cerveau est l'organe de la conscience, de pensée, de la mémoire, de la perception sensorielle et du contrôle de toutes les fonctions de l'organisme. En un mot : il est le siège de la vie dans tous ses réflexes, manifestations, dimensions et mystères non encore élucidés. En attendant, il a été démontré qu'il est au coeur de la raison et du bon sens. A ce titre, il est, également, menacé de dangers multiformes dont la déraison et le non-sens. En effet, les multiples drames provoqués par le genre humain tout au long de son histoire ont provoqué des traumatismes dans la conscience collective humaine et, de ce fait, lui ont permis paradoxalement de renouveler et de réadapter ses capacités d'endurance aux différentes situations rencontrées tout au long de son parcours jalonné pourtant d'oublis de sa part : El inssane, et ce, malgré que l'on compare souvent, dans des situations particulières, sa mémoire à celle légendaire de l'éléphant. Effectivement, les nouvelles technologies d'information et de communication produites continuellement et profusément grâce à l'intelligence humaine, les façonnant à l'image du cerveau humain, ont donné à celle-ci une autre dimension universelle voire cosmologique. Cependant, les sociétés du monde utilisent différemment ces avancées technologiques liées à la mémoire et l'intelligence humaine.

A ce propos, les différents gains financiers et surtout de dépendances multiformes liés à leur acquisition, entre autres, dépassent tout entendement notamment pour les milliards d'individus vivant au dessous du seuil de la pauvreté alimentaire et surtout informative.

En effet, l'aisance mémorielle d'aujourd'hui est perçue à travers la manière de s'informer et de stocker les « denrées » informatives non périssables en quelque sorte. A ce titre, les multiples utilisations des techniques d'information et de communication convergent dans ce sens.

Leurs applications dans l'exploration du corps humain, entre autres, ont franchi des caps inimaginables voire inespérés notamment dans le domaine médical. Les troubles affectant le cerveau sont innombrables et variés en termes d'impacts sur les consciences des sociétés comme la nôtre. Effectivement, les multiples traumatismes engendrés par les contradictions existentielles oppressantes coloniales et post-coloniales, malgré leur soi-disant apport « civilisateur », ont eu des effets dévastateurs sur les états d'esprits des gens à travers l'ensemble des caractères et sur les mentalités des individus et des communautés ayant perdu tout raisonnement et du bon sens. Ces traumas ont été repris sous d'autres refoulements et aboutirent à d'autres fractures au sein d'une même génération, et entre les générations post-indépendantes. Tout un essaimage du bien et du mal non moins traumatisant.

A cette occasion, et malgré tout, nous rendons hommage à tous les médecins et l'ensemble du personnel de l'Hôpital central de l'armée de Aïn Naadja à Alger, pour leur professionnalisme et abnégation dans le travail qu'ils fournissent au quotidien et ce malgré les « caprices » des malades. Salut et Grand Bravo au fleuron et fierté de la santé nationale avec d'autres sanctuaires, réalisations et établissements au service exclusif de la nation !