Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

La leçon japonaise

par Abdelkrim Zerzouri

Une soixantaine de morts dans un violent séisme de magnitude 7,6 degré qui a frappé, au premier jour de l'année 2024, le centre du Japon, et qui a été suivi le jour suivant (mardi 2 janvier) par pas moins de 150 secousses.

Deux autres séismes enregistrés en 2023, au Maroc (le 8 septembre dernier) et en Turquie (le 6 février), de magnitudes 7 et 7,8, ont fait respectivement 3.000 morts et plus de 35.000 morts. Sur le plan des dégâts humains, le Japon s'en tire à bon compte. Par quel miracle ? Rien à voir avec le miracle, car le Japon a su se prémunir contre les tremblements de terre. Malgré les milliers de secousses sismiques enregistrées chaque année au pays du Soleil levant, le Japon reste un exemple presque parfait en matière de limitation des dégâts humains, grâce à une expérience acquise au fil des ans, notamment sur le plan de la discipline des populations, parfaitement éduquées aux risques des tremblements de terre, du génie parasismique et d'une logistique adaptée à la gestion des catastrophes naturelles. « Les tremblements de terre ne tuent pas, ce sont les constructions qui tuent », une vérité rappelée par des experts dans le domaine du BTPH, que les pouvoirs publics se doivent de méditer. Le monde entier doit apprendre du Japon la leçon des constructions parasismiques.

Situé sur la ceinture de feu du pacifique, le Japon ne s'est pas toujours tiré avec de moindre dégâts humains de ses tremblements de terre, devenus familiers pour sa population. C'est un pays qui a lui-même tiré des leçons du tremblement de terre qui a dévasté Tokyo et Yokohama en 1923, tuant plus de 140.000 personnes. Ainsi, le Japon a mis en œuvre, après la seconde guerre mondiale, des mesures obligeant les constructeurs à respecter d'une manière rigoureuse les techniques parasismiques, soit des codes de constructions parasismiques strictes qui ont par la suite fait leurs preuves.

Pourquoi les pays à risque, où les tremblements de terre sont fréquents, n'adoptent-ils pas les techniques japonaises sur le plan de la construction parasismique, qui sauvent des milliers de vies humaines ? Certes, il n'est pas du tout aisé de suivre le modèle japonais, qui exige un certain niveau de développement, mais une éducation comme celle des Japonais, qui apprennent à leur plus jeune âge comment se comporter en cas de séisme, ou la mise en place d'un système de gestions des catastrophes sur un plan technique, ce sont des domaines abordables. Il y a tout juste lieu d'initier les jeunes à cette culture éducative du comportement face aux tremblements de terre, pas seulement occasionnellement, et de copier l'expérience technique japonaise, à savoir que les architectes et les ingénieurs en génie civil suivent des formations adaptées et que les pouvoirs publics mettent en place un cadre juridique adéquat en matière de respect obligatoire des techniques parasismiques. Surtout, ne pas se croiser les bras jusqu'à la survenue des drames pour commencer à lancer des enquêtes et préparer des actions en justice contre les entrepreneurs qui n'ont pas respecté les normes de construction.