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Agression contre Ghaza : Le massacre continue dans l'indifférence des puissants

par Mohamed Mehdi

Au premier jour de l'année 2024, le bilan provisoire de l'agression israélienne contre Ghaza s'élève à 21.978 martyrs et 57.697 blessés, selon le porte-parole du ministère de la Santé, Ashraf Al-Qudra, dans un communiqué lu devant la presse à Rafah, précisant que durant les dernières 24h «l'occupation a commis 13 massacres, faisant 156 martyrs et 246 blessés».

Depuis le début de l'agression, «326 personnels de santé sont tombés en martyrs et 104 ambulances ont été détruites et mises hors service», a ajouté hier M. Al-Qudra, précisant aussi que «l'occupation a délibérément ciblé 150 établissements de santé et mis 30 hôpitaux hors service», en plus de l'arrestation «99 personnels de santé dans des conditions inhumaines».

Le nord de Ghaza dont les habitations ont été quasiment rasées par les bombardements de l'armée israélienne, le ministère de la Santé travaille au «redémarrage des hôpitaux», malgré des aides arrivant au compte-gouttes (moins de 3% des besoins).

Selon la même source, «1,9 million de personnes déplacées survivent dans des conditions catastrophiques, sont soumises à la famine et aux épidémies».

«50.000 femmes enceintes dans les centres de déplacement sont confrontées à la malnutrition et à des problèmes de santé dus au manque de produits de première nécessité», note Ashraf Al-Qudra qui a réitéré hier son appel aux pays arabes à «envoyer des équipes médicales et des hôpitaux de campagne pour répondre aux énormes besoins».

S'adressant aussi aux «institutions internationales», le porte-parole du ministère de la Santé dans la bande de Ghaza appelle à «œuvrer pour protéger le système de santé et son personnel», soulignant que des discussions sont en cours avec ces institutions pour le «redémarrage des centres de santé dans différentes régions».

Dans un bilan publié le 31 décembre, le Bureau des médias du gouvernement de Ghaza a annoncé que sur les 1,8 million de personnes déplacées dans la bande assiégée, «355.000 souffrent de maladies infectieuses» en raison du manque d'eau potable et de nourriture, ainsi que des conditions d'hygiène et d'hébergement déplorables.

1ER JANVIER 2024 : DES DIZAINES DE MARTYRS

Comme depuis le 7 octobre 2023, Ghaza a été soumise hier à d'intenses bombardements de l'aviation et de l'artillerie sionistes faisant des dizaines de martyrs et autant de blessés.

Un raid aérien sur la région de Bir al-Na'ja, à l'ouest de Jabalia, dans le nord de la bande de Ghaza, a fait 6 martyrs et des blessés, selon un correspondant d'Al Jazeera.

On compte également 15 martyrs et plusieurs autres blessés à la suite d'un bombardement israélien sur une maison du camp Al Maghazi, dans le centre de Ghaza.

A Khan Younes, dans le Sud, un des cinq gouvernorats qui est depuis plus de deux semaines le théâtre d'intenses bombardements sur fond de violents affrontements avec la résistance palestinienne, le bilan des bombardements de la première journée de janvier est de martyrs et des dizaines de blessés.

Toujours à Khan Younes, le bombardement du camp de réfugiés de cette ville a fait 2 martyrs et un blessé.

Plusieurs martyrs et blessés ont été également signalés suite aux bombardements d'artillerie sur la ville d'Al-Zawaïda dans le centre de Ghaza où, selon une correspondante d'Al Jazeera, des «affrontements à la mitrailleuse lourde ont été entendus».

De violents bombardements d'aviation et des pilonnages d'artillerie ont visé également la région de Juhr al-Dik, à l'est de la région centrale de la bande de Ghaza, mais également sur des zones au nord et au sud de la ville de Ghaza.

CONSEIL DE SECURITE : LA DERNIERE RESOLUTION A ETE SANS EFFET

La dernière résolution du Conseil de sécurité de l'ONU, adoptée le 22 décembre 2023, qui était censée permettre l'augmentation de l'aide humanitaire, n'a eu, jusqu'à hier, aucun effet.

La résolution «exige, entre autres, la livraison immédiate, sûre et sans entrave d'une aide humanitaire à grande échelle directement à la population civile palestinienne, dans toute la bande de Ghaza», attend toujours d'être appliquée, malgré la nomination rapide d'une coordinatrice de l'action humanitaire, en la personne de Mme Sigrid Kaag.

Selon le témoignage d'un journaliste d'Al Jazeera English, «à Rafah, dans le Sud, les gens continuent d'affluer et de se condenser dans cette zone qui manque non seulement d'espace et d'infrastructures», mais sont obligés de faire la chaîne «pendant des heures juste pour passer par le processus d'enregistrement et pouvoir recevoir un peu de nourriture».

«Des bons d'alimentation ont été distribués ici à Rafah par l'UNRWA, qui est le seul organisme officiel à le faire avec le Croissant-Rouge palestinien et les Croissants-Rouges d'autres pays arabes dans la bande de Ghaza».

Quant au centre et au nord de Ghaza, la situation est pire compte tenu que depuis plusieurs semaines aucune aide humanitaire n'est arrivée dans des zones continuellement bombardées.

La situation est d'autant plus dramatique pour les patients atteints de cancer qui sont sans médicaments. Selon la direction de l'hôpital turc d'oncologie de l'Amitié dans la bande de Ghaza, cette structure compte «environ 10.000 patients atteints de cancer qui sont désormais sans médicaments après la fermeture de l'hôpital depuis le 2 novembre après une panne de courant» due à l'absence d'acheminement de carburant nécessaire pour le fonctionnement des générateurs électriques.

CIBLAGE DES EQUIPES MEDICALES DU CROISSANT-ROUGE PALESTINIEN

La Société du Croissant-Rouge palestinien (PRCS) a déclaré hier avoir enregistré 193 violations contre ses équipes médicales au cours des six premiers mois de 2023, soit une augmentation de 310% par rapport à la même période de l'année dernière. Ce chiffre dépasse même le nombre total de violations israéliennes enregistrées par le PRCS pour l'ensemble de 2022.

Mais depuis le 7 octobre, l'organisation a enregistré 315 violations parmi son personnel en Cisjordanie occupée. «Nous n'avons pas été en mesure de recenser ou de documenter les violations commises contre nos équipes dans la bande de Ghaza, mais les meurtres des membres de nos équipes et le ciblage de nos ambulances sont connus », a déclaré hier le PRCS dans un communiqué.

« Nous avons également enregistré des violations liées à l'utilisation d'équipes du Croissant-Rouge palestinien comme boucliers humains. Les autorités d'occupation israéliennes ont délibérément laissé les équipes d'ambulances dans des zones dangereuses, les empêchant d'avancer pour transporter les malades et les blessés, et les empêchant également de se retirer des lieux», ajoute la même source.

CONDITIONS TRES DIFFICILES DES FEMMES DETENUES

La Commission pour les affaires des prisonniers et ex-détenus a révélé, hier, que les «conditions sont très difficiles» pour les prisonnières de la prison israélienne de Damoun. La Commission a expliqué que « le nombre de prisonnières dans la prison s'est élevé à 76, dont 43 prisonnières de Ghaza, 18 Cisjordanie» et le reste de la ville d'Al-Qods et de l'intérieur des territoires palestiniens occupés.

La Commission a également souligné que «les prisonnières sont confrontées à des circonstances très difficiles, car les chambres des prisonnières sont perquisitionnées presque quotidiennement et les nécessités les plus élémentaires de la vie leur sont confisquées».

La même source a noté que «toutes les prisonnières souffrent de douleurs abdominales et rénales, dues à la teneur en chlore de l'eau potable, et sont confrontées à une négligence médicale délibérée de la part de l'administration pénitentiaire, en plus de recevoir une mauvaise nourriture et de confiscation de tous leurs vêtements et leurs affaires personnelles».

Le nombre de prisonniers dans les geôles de l'occupation sioniste a atteint environ 7.800 à fin novembre 2023, dont 76 femmes et 260 enfants, alors que le nombre de détenus administratifs (sans jugement) est de 2.870 détenus, selon les données publiées par la Commission.