L'application
ou plutôt l'interprétation de la loi est-elle la même selon la ville ou la
wilaya où l'on se trouve ? Cas concret : retirer un document d'une
administration publique demande quelques heures dans une wilaya, dans une
autre, il faut prendre son mal en patience et attendre une semaine pour
récupérer le même document. S'il est donc vrai qu'un escalier se balaie du haut
vers le bas, qu'en est-il, alors, de celui qui nettoie toutes les pièces de sa
maison pour glisser toute la poussière sous le grand tapis du salon ? Comme reconnu
par le président Tebboune, la grande bataille contre
la résistance au changement est loin d'être gagnée. Pourtant, il y a bien
longtemps que les ordres venus d'en haut n'ont pas d'écho au niveau local. Du
simple fonctionnaire jusqu'au haut commis de l'Etat, en passant par le citoyen
lambda, la lecture «à géométrie variable» des lois de la République, fait que
chacun a sa propre république dans sa tête comme le dit si bien la sagesse
populaire. Exemple vivant : de nombreux citoyens continuent de se plaindre du
refus par l'administration des documents imprimés et signés électroniquement.
Jusqu'à quand un simple rond-de-cuir peut-il balayer d'un revers de la main le
travail titanesque qui est en train de se faire pour numériser
l'administration, seul moyen de lutter contre les fieffés bureaucrates et
«couper la main» aux corrompus ? Le ou les changement(s) servent-ils à quelque
chose sous nos cieux particuliers ? A rien, si ce n'est à conserver l'immuable,
entretenir le statu quo. L'on pensait que l'ère des slogans creux et des
incantations trahies par les faits, était bel et bien révolue, mais il est
évident qu'aujourd'hui, une véritable guerre de rupture doit être menée contre
la résistance au (x) changement(s), mais aussi contre la «mentalité rentière»
avant le système rentier. Si les plus hautes autorités du pays reconnaissent
que tout ce qui est décidé au sommet de la pyramide du pouvoir n'est pas suivi
d'effet à la base, c'est que «l'Etat dans l'Etat» ou «l'Etat profond», continue
de jouir d'une capacité de nuisance qui risque de réduire à néant tous les
efforts entrepris, jusque-là, pour édifier l'Algérie nouvelle. A rebours du bon
sens, faut-il se résoudre à croire qu'en Algérie, c'est le mouvement qui crée
l'immobilisme ? Mais rien n'est en mesure d'arrêter la marche victorieuse du
calendrier puisque le temps joue en faveur d'un pays qui a décidé de changer
son destin et ne plus jamais regarder en arrière. Le rétroviseur a été cassé et
jeté à la poubelle?