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Agression sioniste: Une autre journée sanglante à Ghaza

par Mohamed Mehdi

L'armée sioniste a continué les bombardements des civils hier dans différentes parties de Ghaza, faisant plusieurs dizaines de martyrs et de blessés.

La journée d'hier a été particulièrement sanglante avec la blessure de deux correspondants d'Al Jazeera. Il s'agit de Wael al-Dahdouh, dont la famille a déjà été quasiment décimée dans un bombardement il y a plusieurs semaines, et le cameraman Samer Abu Daqqa.

Wael al-Dahdouh et son équipe ont été visés par un missile lancé à partir d'un drone alors qu'ils couvraient un bombardement de l'école Haïfa de l'UNRWA à Khan Younes où se réfugiaient des milliers de déplacés. Selon une première estimation le bombardement a fait au moins 12 martyrs et des dizaines de blessés. «Al-Dahdouh a été touché par des éclats à la main et à la taille, tandis qu'Abou Daqqa est toujours coincé sur le lieu de l'incident», a précisé Al Jazeera.

Devant les attaques répétées contre le personnel médical et de secours, il n'était pas possible de trouver une ambulance pour transporter les blessés vers un hôpital ou en Egypte pour recevoir les soins nécessaires. Des appels urgents étaient lancés hier pour laisser passer une ambulance vers le lieu de l'attaque où étaient coincés des dizaines de blessés dont Samer Abu Daqqa.

La Fédération internationale des journalistes (FIJ) a réagi à l'attaque menée contre les journalistes d'Al Jazeera pendant l'exercice de leur travail. La FIJ s'est dite «profondément choquée» par les blessures de son collègue reporter Wael Al-Dahdouh et du photographe Samer Abu Daqqa, réitérant son appel aux forces israéliennes pour qu'elles protègent la vie des journalistes.

Vers 15h30 hier, on apprend que Wael Dahdouh «a été transféré à l'hôpital Nasser et ses blessures sont considérées comme mineures». Quant à Samer Abu Daqa, également blessé par des éclats, «il se trouve toujours près de l'école» bombardée car «les ambulanciers ne peuvent pas atteindre les lieux à cause des bombardements israéliens», affirme Al Jazeera.

De son côté, Jodie Ginsberg, la présidente du Comité pour la protection des journalistes (CPJ), a réagi à la blessure de deux membres de l'équipe d'Al Jazeera, considérant que la guerre contre Ghaza est « le conflit le plus meurtrier pour les journalistes » que l'organisme ait pu documenter au cours des 30 dernières années.

« Le rôle des journalistes dans une telle situation est absolument vital, en particulier à Ghaza où nous avons vu que le type d'institutions, qui traditionnellement aident également à documenter sur l'impact, comme les responsables de l'ONU, ont quitté. Il ne restait plus que les journalistes ghazaouis qui effectuaient ce travail de documentation très important », a-t-elle déclaré à Al Jazeera.

Mme Ginsberg a pointé « l'incapacité des gouvernements internationaux à faire pression pour mettre fin à ce conflit, (ce qui) crée de plus en plus un réel sentiment d'abandon au sein de la communauté et en particulier parmi la communauté des journalistes en Palestine et dans la région ».

Plus de 3.700 écoliers et étudiants tombés en martyrs

Au 70e jour de l'agression sioniste contre Ghaza, les bombardements contre les populations civiles ont fait 18.787 martyrs et 50.897 blessés, selon un bilan du ministère de la Santé de la bande de Ghaza annoncé jeudi en fin de journée. Ce bilan ne comprend donc pas les civils tués ni les blessés des attaques sauvages de l'armée israélienne lors de la journée de vendredi.

Selon les différents comptes rendus d'Al Jazeera et Al Jazeera English, les attaques de l'armée israélienne ont fait plusieurs dizaines de martyrs dans la journée d'hier. Une source médicale a rapporté à Al Jazeera que «33 martyrs étaient arrivés au complexe médical Nasser à Khan Younes au cours des dernières 24 heures».

Depuis le début de l'agression israélienne contre Ghaza, le 7 octobre 2023, qui s'est étalée quelques jours après vers la Cisjordanie, plus de 3.700 écoliers et étudiants ont été tués par l'armée sioniste.

Le ministère palestinien de l'Education a annoncé, jeudi, que 3.714 étudiants et élèves palestiniens ont été martyrisés et 5.700 autres blessés dans la bande de Ghaza et en Cisjordanie occupée depuis le début de l'agression israélienne. Le ministère a indiqué, dans un communiqué, que le nombre d'étudiants martyrs à Ghaza a atteint 3.679 et celui des blessés était de 5.429. En Cisjordanie, le nombre d'étudiants martyrs était 35, alors que 271 autres ont été blessés et 82 ont été arrêtés.

Les enseignants et les personnels de l'administration ne sont pas en reste de ce carnage. Selon la même source, à Ghaza on compte 209 martyrs parmi les enseignants et les fonctionnaires des administrations du secteur de l'éducation, et 619 autres ont été blessés, contre 2 blessés et plus de 65 ont été arrêtés en Cisjordanie.

Le ministère de l'Education a également ajouté que 278 écoles publiques et 65 écoles de l'UNRWA ont été bombardées à Ghaza, entrainant de graves dommages à 83 d'entre elles et la destruction complète de 7 d'entre elles, et que 38 écoles de Cisjordanie ont été prises d'assaut et vandalisées.

UNRWA : les Ghazaouis «ne sont en sécurité nulle part»

Dans une tribune publiée mercredi dans plusieurs médias, le commissaire général de l'UNRWA, Philippe Lazzarini, a déclaré que «depuis le début de la guerre, Israël a chassé de chez eux plus de 1,8 million de Ghazaouis, qui ont fui en particulier le nord de la bande».

«Plus de 270 personnes ayant cherché refuge dans les installations de l'UNRWA ont été tuées, et près de 1.000 autres blessées. La plupart de ces abris étaient situés dans les zones centrales et méridionales de la bande, que l'on pensait plus sûres. La triste réalité est que les Ghazaouis ne sont en sécurité nulle part : ni chez eux, ni dans un hôpital, ni sous le drapeau des Nations unies, ni au nord, ni au centre, ni au sud», écrit Philippe Lazzarini.

M. Lazzarini considère que «l'évolution de la situation à laquelle nous assistons indique clairement une intention de les pousser vers l'Egypte, sans se soucier du fait qu'ils y restent ou qu'ils soient réinstallés ailleurs».

Selon lui, «la décimation du nord de Ghaza et le déplacement de 1,8 million de ses habitants vers le sud constitue la première phase d'un tel scénario, qui est déjà achevée. L'étape suivante est en cours: forcer les gens à quitter le centre urbain de Khan Younes et à se rendre plus au sud, près de la frontière égyptienne».

Dans un point de presse organisé jeudi, Philippe Lazzarini a précisé que les installations de l'agence «ont été attaquées 250 fois». «Ce qui se passe à Ghaza devrait irriter quiconque a des principes et des valeurs dans le monde. La faim et la pénurie des biens de première nécessité que connaissent les habitants de Ghaza sont sans précédent», a-t-il ajouté.

L'intervenant a également commenté la situation en Cisjordanie : «Il ne se passe pas un jour sans que les forces israéliennes ne prennent d'assaut la Cisjordanie et n'attaquent ses habitants».

Combats au sol : les pertes sionistes à Ghaza et Jénine

Khan Younes a connu hier de violents affrontement. Hier aussi, les soldats de l'occupation ont essuyé de nombreuses pertes et des blessés dans la ville de Khan Younes et d'autres villes à Ghaza.

L'armée sioniste a annoncé hier la mort de deux de ses soldats tués dans les combats, dont l'un dans le sud de Ghaza, et un deuxième au centre de la bande, précisant plus tard qu'il s'agissait d'un commandant de char.

Les Brigades Al-Qassam ont annoncé hier avoir abattu et blessé plusieurs soldats sionistes barricadés dans une maison à Djohr Al-Dik, au centre de la bande Ghaza, que la résistance a visé avec un obus TBG. Dans un précédent communiqué, dans la même journée, Al-Qassam a fait état de combats avec «dix soldats sionistes dans une tente près de Djohr al-Dik, et d'avoir récupéré un fusil M16».

De leur côté, les Brigades Al-Qods ont annoncé avoir bombardé « des troupes militaires ennemies au nord-ouest de la ville de Ghaza avec une série d'obus de mortier ».

A Jénine, en Cisjordanie, 7 soldats sionistes ont été blessés et transportés à l'hôpital, a annoncé jeudi l'armée israélienne.

Les forces d'occupation ont assiégé pendant trois jours (de mardi à jeudi) les quartiers du camp de Jénine et étaient stationnées devant les entrées de secours de ses hôpitaux, empêchant les blessés de s'y rendre.

Cité par Al Jazeera, le journal israélien Yedioth Ahronoth a déclaré que les centres de réadaptation pour handicapés ne sont pas préparés à prendre en charge le grand nombre de blessés dans l'armée israélienne.