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Plus de 17.177 martyrs et 46.000 blessés: L'armée sioniste fait usage de bombes incendiaires à Ghaza

par Mohamed Mehdi

Au 63e jour de l'agression sioniste contre Ghaza, le nombre de martyrs a atteint plus de 17.177 et 46.000 blessés, un bilan arrêté dans la matinée de vendredi, après d'intenses bombardements durant la journée et la nuit de jeudi où l'aviation de l'occupation a fait usage de bombes incendiaires dans les bombardements de camps d'hébergements à Jabaliya. Depuis vendredi matin, l'armée d'occupation a intensifié ses frappes aériennes et ses bombardements d'artillerie sur plusieurs zones de la bande de Ghaza assiégée, ce qui a entraîné des dizaines de martyrs et autant de blessés.

Lors d'une conférence de presse organisée, hier matin, le porte-parole du ministère de la Santé à Ghaza, Ashraf Al-Qudra, a déclaré que «350 martyrs et 900 blessés sont arrivés dans les hôpitaux de l'enclave assiégée, au cours des dernières 24 heures», pourtant ainsi le nombre de martyrs à 17.177 et le nombre de blessés à 46.000 depuis le début de l'agression. Ce chiffre semble être bien en-dessous du nombre réel de victimes de la sauvagerie israélienne. «Nous sommes confrontés à des difficultés pour compter les martyrs et les blessés en raison des bombardements continus et de la coupure des communications», a expliqué hier M. Al-Qudra, ajoutant que l'armée de l'occupation «cible délibérément les ambulances et les équipes de la protection civile».

L'intervenant a regretté que les blessés les plus graves ne puissent pas quitter Ghaza pour être pris en charge à l'étranger, en Egypte notamment, au moment où quasiment tous les hôpitaux de la bande assiégée sont hors de service.

«Seulement 388 sur les 46.000 blessés de l'agression sioniste ont pu quitter le terminal de Rafah pour se faire soigner à l'étranger. Soit moins de 1% du total des blessés», a indiqué l'intervenant, précisant que le «taux d'occupation des hôpitaux de Ghaza a atteint 206%», et rappelant que l'absence de services de santé, dans le nord de Ghaza, «aura des répercussions graves et désastreuses pour les blessés». «Nous sommes confrontés à de grandes difficultés pour faire fonctionner le complexe Al-Shifa et avons besoin du soutien des institutions internationales. L'hôpital baptiste a perdu sa capacité et ne peut pas fournir de services de santé», a-t-il ajouté.

Des déplacés arrêtés et déshabillés

Depuis jeudi, les forces de l'occupation sioniste assiègent les écoles Khalifa Bin Zayed al-Nahyan et Alep abritant des milliers de personnes déplacées à Beit Lahia, et leurs tireurs d'élite sont positionnés au sommet de plusieurs bâtiments en face de l'école tirant sur toute personne qui tente de sortir de l'établissement, selon le témoignage d'un assiégé dans une vidéo envoyée à Al Jazeera.

Jeudi après-midi, l'Observatoire euro-méditerranéen des droits de l'homme (Eurio-Med Rights) a indiqué que «les forces israéliennes brûlent des maisons à Beit Lahia et tuent des civils brandissant des drapeaux blancs».

«Israël arrête des dizaines de civils palestiniens dans les écoles de l'UNRWA au nord de Ghaza», ajoute l'organisation qui affirme avoir documenté des arrestations de médecins et de journalistes, par les troupes sionistes.

«Nous avons documenté l'arrestation de journalistes, de médecins, d'universitaires et de personnes âgées dans des centres de déplacement du nord de Ghaza après avoir été déshabillés». Selon le site Middle East Eye, «un journaliste travaillant pour Al Araby Al Jadeed, Diaa al-Kahlout, a notamment été identifié» parmi les civils arrêtés.

Les images, diffusées jeudi dans la soirée par Euro-Med Rights montrant des soldats israéliens encerclant des dizaines d'hommes déshabillés, accroupis au sol, les yeux bandés et les mains attachées derrière le dos, n'ont pas ému la communauté internationale ni les médias occidentaux qui n'ont pas repris l'information.

Croix-Rouge : Les chiffres ne reflètent pas l'ampleur de la tragédie

Le directeur régional du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) pour le Proche et le Moyen-Orient, Fabrizio Carbone, a déclaré jeudi sur Al Jazeera que les chiffres des martyrs et des blessés «ne reflètent pas l'étendue et l'ampleur de la tragédie que vit la population de Ghaza».

«Les bombardements et les destructions qui se produisent à Ghaza dépassent la capacité de toute organisation à y faire face», a-t-il ajouté, estimant que la «meilleure solution est d'assurer la sécurité de ceux qui veulent partir, et cette situation ne peut pas durer». De son côté, l'organisation Oxfam International considère que l'entité sioniste «mène une campagne de punition collective à Ghaza». Dans un communiqué rendu public jeudi après-midi, Oxfam International estime que «l'attaque israélienne dans le sud de Ghaza rend impossible toute réponse humanitaire dans l'ensemble de la bande».

«Les politiciens n'ont pas réussi à parvenir à un cessez-le-feu, qui est la seule action humanitaire qui compte vraiment. Le chaos submerge le système humanitaire international et Israël met en œuvre une campagne de punition collective dans la bande de Ghaza. Les soi-disant zones de sécurité établies par Israël ne sont ni protégées, ni fiables, ni accessibles», affirme encore l'organisation Oxfam qui appelle à «un cessez-le-feu immédiat» pour «garantir un accès sûr afin d'aider les Ghazaouis et sauver des vies».

Martin Griffiths : menace sur la sécurité et la stabilité internationales

Martin Griffiths, secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires, a déclaré jeudi lors d'une conférence de presse à Genève que ce qui se passe à Ghaza est «une menace pour la sécurité et la stabilité internationales». «Le rythme de l'attaque militaire dans le sud de Ghaza est une répétition de ce qui a été (fait) dans le nord. Les Palestiniens tentent de se diriger vers le sud de Ghaza, mais ils ne parviennent pas à trouver de zones sûres. Plus de deux millions de personnes à Ghaza ne savent pas quel est leur avenir», a déclaré M. Griffiths qui a appelé à un «cessez-le-feu immédiat».

Par ailleurs, un responsable américain a confirmé la stratégie de l'armée sioniste de bombarder des zones qu'elle a déclarées «sûres». Cité par Al Jazeera, un responsable à la Maison Blanche a déclaré «qu'il y avait des cas dans lesquels des habitants de Ghaza étaient dirigés vers des endroits jugés sûrs et où finalement des raids israéliens avaient eu lieu».

Toujours aux Etats-Unis, selon le quotidien ?Washington Post' «plus de 500 employés travaillant dans 142 organisations juives américaines ont appelé le Président Joe Biden à œuvrer à un cessez-le-feu à Ghaza pour récupérer les otages».

Résistance : Destruction de 72 véhicules blindés en 3 jours

Malgré l'intensité des bombardements de l'armée sioniste sur l'ensemble de la bande de Ghaza, en particulier sur Khan Younes au sud de l'enclave, la résistance palestinienne fait subir aux forces d'occupation des pertes énormes en hommes et en matériels. Jeudi, les Brigades Al-Qassam ont annoncé, dans un communiqué, avoir détruit «totalement ou partiellement 79 véhicules militaires israéliens aux frontières de la ville de Ghaza au cours des dernières 72 heures». Dans un communiqué distinct, la branche militaire du Hamas a confirmé que ses combattants avaient réussi à «abattre deux soldats sionistes» et «blessé d'autres» dans le quartier de Choudjaiya, à l'est de la ville de Ghaza.

Les Brigades Al-Qassam ont annoncé plus tôt dans la journée de jeudi qu'elles avaient «mené au cours des dernières heures une série d'opérations dans les zones d'affrontements à Khan Younes», confirmant avoir ciblé «une force israélienne composée de 15 soldats, avec 3 engins explosifs», faisant des morts et des blessés.

Dans la ville de Ghaza, les Brigades Al-Qassam ont «piégé une ouverture de tunnel dans la zone de Cheikh Radwan» avant de le faire exploser sur des soldats d'occupation, faisant également des morts et des blessés.

Hier, Al-Qassam a annoncé avoir «déjoué une tentative sioniste d'atteindre un des soldats capturés». Les combattants d'Al-Qassam «ont découvert, vendredi à l'aube, une force spéciale israélienne alors qu'elle tentait d'avancer pour libérer l'un des prisonniers de l'ennemi», affirme le communiqué, soulignant que l'affrontement a «entraîné la mort du soldat capturé», ainsi que la récupération «d'un fusil et d'un appareil de communication».