Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Hamza sur la tête du calife

par Sid Lakhdar Boumediene

On peut rire de tout à condition d'en apporter un sens. Imaginez la tête de ces pauvres adolescent(e)s à qui on dit qu'il fallait désormais écrire de droite à gauche. Et puis nous annoncer que les voyelles ne s'écrivent pas mais se devinent. Lors de ce voyage au bout de l'insolite, nous avions appris une nouvelle qui nous avait fait tomber par terre de rire. Que faisait notre camarade Hamza, perché sur la tête du calife ? C'est comme cela que nous appelions malicieusement le «Alif» avec sa cédille qui était montée au niveau supérieur, elle, qui avait été si humiliée d'être sous les pas d'une autre lettre. «Hamza, tu n'as pas peur de tomber» ?

«Hamza, tu vas fâcher le calife», «Hamza, il fait beau là-haut» ? Le pauvre malheureux a dû l'entendre cent fois par jour pendant toute l'année scolaire (histoire véridique). Puis, on nous a présenté les cousines de la charmante Laïssa et les frères de Kâna.

C'est que les familles étaient nombreuses à l'époque. Quelle rigolade (encore !), un demi-siècle après les pitreries de Hamza sur le dos du calife lorsqu'on nous a annoncé que la nouvelle langue universitaire algérienne sera désormais? l'anglais. «Plus on tombe de haut, plus grande est la chute», dit le proverbe. Un jour, Hamza descendra de là-haut. Il ne faut jamais jouer avec les langues, elles ne s'installent et s'épanouissent que si elles trouvent un sens.