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Une drôle de cacophonie se dégage de la conférence de
la COP28 à Doha en ce moment. L'impression qui s'y dégage prête à l'intime
conviction que l'on ne sait pas de quoi on parle quand le grand sujet de la
réduction ou de la suppression des énergies fossiles est abordé. C'est sans
doute le ministre de l'Energie saoudien qui serait dans le vrai quand il
déclare sans détours aux participants d'aller voir ailleurs s'il y est. Son
pays est bien placé pour afficher une franchise objective, l'air d'insinuer que
pendant qu'on s'attaque au gaz et au pétrole, pourquoi ne pas pousser aussi
jusqu'à exiger de la population mondiale de s'abstenir de boire de l'eau et de
manger du pain.
Jusqu'à l'heure présente et depuis plus de deux siècles, les énergies fossiles se sont accaparées le rôle vital de l'oxygène que l'on respire et ont été la principale source de vie et l'objet d'une énorme convoitise planétaire. De leur utilité et de leur prédominance sont nés les grandes guerres et les conflits. Elles ont enrichi et anobli des Etats et leur ont donné une consistance dans le concert des nations. Les mainmises sur le pétrole ont fait tonner les canons et les missiles en provoquant des drames humanitaires, bien avant que l'on s'aperçoive qu'il a aussi défiguré le ciel et qu'il s'apprête à laisser tomber son plafond. Avec le gaz et le charbon, ils ont institué ce que l'on croyait de bienheureuses civilisations. La logique veut, maintenant et malheureusement, qu'il serait malvenu de réclamer aux pays qui en disposent de donner le dos à un nerf essentiel qui a alimenté leurs richesses et reste une arme stratégique capable de forger ou de défaire les Etats. Le rétropédalage mondial réclamé aujourd'hui a quelque chose d'incongru, bien qu'il faille s'y astreindre en honorant le prix de la facture d'une autre nouvelle révolution pour se réconcilier avec le ciel. Le dilemme est dans l'effacement d'une civilisation par une autre. Le problème est que cet effacement doit passer par la réconciliation de l'homme avec lui-même. L'histoire a prouvé que cette épreuve est infinie. |
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