Sa définition lexicale nous renvoie au mal et au bien, une
notion purement religieuse. Et c'est le premier questionnement, car la religion
est d'essence personnelle, un rapport intime avec la spiritualité et les
croyances de chacun. Il est vrai que si le mal est traduit dans les lois
répressives depuis des siècles pour en donner une qualification et prévoir des
sanctions, comment introduire le bien en droit ? Nul ne peut convenir du
contraire que l'assassinat, le vol, la tromperie ou la violence ne soient pas
des qualifications juridiques. Mais pour le reste, le bien ? Comment définir
juridiquement l'amour des autres, la compassion, l'éducation, la charité ou le
secours ? Comment définir ce qui est de l'ordre exclusif du personnel ? Or, le
droit a besoin de définition pour qualifier les actes, les paroles ou les écrits.
La morale, dans son volet du bien, dépend de facteurs subjectifs. Elle est
différente en fonction des époques et des peuples de ce monde, donc, de leur
histoire et de leurs coutumes. Puis, surtout, qui va décider de ce qui est du
domaine du bien ? Dans quelles limites et dans quelles conditions est-il validé
par une autorité quelconque ? Où sera la liberté de penser et d'agir ? Elle
serait contrainte arbitrairement par une autorité politique, institutionnelle
ou sociétale. La conclusion pour sortir du dilemme est d'affirmer que la morale
n'est pas un objet de droit, mais un compromis de tous les jours entre sa
propre liberté et celle des autres à définir les leurs. C'est cette formule
très connue que le droit applique. Et il n'y a qu'une seule façon de gérer le
compromis collectif, c'est la démocratie.